Jacques HM Cohen 9 juin 2023
Sur les ondes de RCF: LIEN
Avec nous par téléphone, on a le plaisir de retrouver le Professeur Jacques COHEN pour sa chronique d’actualité. Jacques bonjour.
Bonjour.
Et on va s’éloigner un petit peu de Reims. On va rester en France. On va aller du coté de Grenoble, évoquer plus particulièrement la question de son maire, Eric PIOLLE, qui a fait des annonces sur l’utilisation de l’eau et des coupures, notamment. Jacques COHEN, pouvez-vous nous faire une photographie de ce qu’il se passe du côté de Grenoble ?
Alors ce qu’il se passe à Grenoble est très symptomatique de l’état d’esprit du courant écologiste radical et religieux puisqu’Eric PIOLLE a indiqué qu’on allait manquer d’eau à Grenoble et qu’il ferait des coupures en préservant les habitants, secondairement l’agriculture et que l’industrie passerait derrière. Mais l’industrie à Grenoble, c’est de l’industrie de pointe, c’est de la fabrication de composants électroniques, etc. Donc dans l’esprit d’Eric PIOLLE, une fonderie à l’ancienne et une fabrique de puces électroniques, c’est la même chose. Cela passe en dernier, c’est la cinquième roue du carrosse et à la limite, cette roue de secours, il aimerait bien la supprimer.

Les écologistes grenoblois annoncent la couleur….
C’est délirant. Bien évidemment, en termes de situation de notre pays qui désespérément a besoin de richesse, parce qu’il n’est de richesse que d’hommes, il faut aussi des richesses pour les hommes et ce n’est pas en ayant du personnel pour les soins des personnes âgées que l’on crée de la richesse, là on la dépense. Cette richesse, il faut l’avoir créé et si on ne la crée pas dans les secteurs dynamiques qu’on a et qu’on est prêt à les sacrifier, on rejoint la longue cohorte des renoncements et restrictions de périmètre, d’avoir abandonné l’industrie des moteurs, d’avoir tout récemment, par exemple, pour ne pas faire une litanie sur cette antenne, un rapport de la Cour des comptes qui a fait avaler de travers son Président parce que constatant ce que coûtaient les aides à l’élevage, les auteurs du rapport avaient fait une règle de droit simple à la sortie pour dire qu’il n’y a qu’à liquider un bon tiers des vaches et les agriculteurs qui vont avec. Évidemment, ce n’est pas admissible. Mais surtout, c’est révélateur d’un état d’esprit. C’est un état d’esprit de secte réactionnaire. C’est déjà ce qui s’est passé autour de l’an 1000. On voit des sectes religieuses qui avaient un raisonnement pessimiste et d’autoliquidation parce que la productivité en fait n’avait pas beaucoup augmenté à la mesure de l’accroissement de la population. C’est un problème que l’on retrouve de nos jours, malgré les apparences. Dans une productivité stagnante et la population croissante, il n’y a pas assez de gâteau pour tout le monde. Donc, il y a une idéologie qui chez les cathares conduisait à ce qu’il fallait vivre les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, à être végétariens, etc. On retrouve tout cela. Ce sont des gens qui sont extrêmement dangereux parce que quand une secte de 100 ou 150 personnes va se suicider dans la forêt, à la limite on s’en fout. Je suis un peu vulgaire. Mais quand ils conduisent un courant qui veut être charismatique, donc qui veut que toute la population les suive, cela conduit au suicide économique, et donc à faire vœu de pauvreté et de régression. C’est quelque chose de catastrophique. L’écologie est une chose beaucoup plus sérieuse et une autre question que l’approche de ces sectes. Ils utilisent « productivisme » comme une insulte. Or, c’est la productivité qui permet de nourrir plus d’êtres humains puisque notre population va probablement plafonner entre 10 et 11 milliards puis redescendre. Mais cela va prendre 50 ans. Il faut donc que l’on puisse consacrer à l’agriculture le moins de surface de terres, mais avec de meilleurs rendements et ainsi de suite. Si on veut avoir du temps libre, il faut qu’on puisse travailler moins, mais en ayant travaillé plus pendant ce temps-là. On a une meilleure productivité. Donc ce raisonnement, considérant comme une honte d’être productiviste, est un raisonnement qu’il faut combattre. Vous savez que j’ai toujours été engagé à gauche. Une grande partie de la gauche, à mon avis, a déraillé vers une attitude réactionnaire de régression, alors que la gauche, c’est de croire à l’esprit humain capable d’établir des progrès, capable d’affronter les problèmes qui nous sont posés, de les résoudre et de contribuer au développement du bien-être de l’humanité. Monsieur PIOLLE, lui s’inscrit d’emblée contre. Il ne veut pas de puces à Grenoble.
Alors, effectivement, Jacques COHEN, puisque l’on parle de ces annonces d’Eric PIOLLE, dès 2022, Eric PIOLLE était déjà pour, par exemple, une tarification progressive de l’eau. Alors c’est toujours un sujet sur lequel il a eu une position claire en tout cas ?
Sa position, elle a le mérite de la clarté, mais c’est justement un avantage de pouvoir comprendre qu’elles sont les arrière-pensées du personnage et de ses congénères. Je vous ai déjà dit, il y a peu de temps sur la question d’eau, que le réchauffement climatique va inéluctablement modifier le sud de la France et les zones de cuvette continentale, comme Grenoble. On va manquer d’eau. Mais ce qui paraît de loin le plus probable, le plus intéressant, c’est de dessaler l’eau de mer et on peut faire des aqueducs et finalement, si les romains savaient en faire il y a 2000 ans, on devrait quand même en être capable. Alors que l’on a de nouveaux procédés, comme surtout l’osmose inverse, ce n’est pas seulement la distillation pour réaliser des centrales de dessalage de tailles variables d’ailleurs, les écologistes ne veulent pas en entendre parler sous prétexte que la saumure cela pollue la mer. Outre que la mer est déjà salée, ils ne s’en sont jamais rendu compte et qu’on peut la diluer. C’est la seule solution. Sinon cela veut dire que l’agriculture de tout le sud de la France, des Pyrénées jusqu’au Massif Central, de toute la Vallée du Rhône, jusqu’à Valence et de cuvettes comme Grenoble, elle va disparaître, parce qu’il n’y aura pas assez d’eau pour y cultiver. C’est toujours la même chose. C’est comme le projet bruxellois, c’est à dire européen, de la fourchette au champ et vice versa. Il s’agit de réduire l’agriculture. Et après l’agriculture, maintenant c’est de réduire l’industrie. Donc c’est une position aussi dangereuse que les sectes suicidaires aux Etats-Unis ou au Japon.
Pourtant, Jacques COHEN, lorsqu’en 2014, Grenoble devient la première grande ville à élire un maire écolo, on nous promet une révolution verte en marche. Finalement, est ce qu’il y a des contradictions ?
Il y a des contradictions. Pendant un certain temps ce Monsieur a fait un peu attention. C’est à dire qu’il a évité de mettre en avant les aspects les plus clivants de son programme. Ce qui est le cas, d’ailleurs, en général des écologistes. Vous pouvez remarquer que même dans le coin à Reims, l’association ATMO, que l’on prend pour une association scientifique, mais qui est une structure militante écologique, à laquelle on a inconsidérément confié la surveillance de la qualité de l’air. Cette association jusque cette année n’attaquait jamais l’agriculture. L’agriculture responsable ou produisant une bonne moitié des particules fines dans la région à cause des intrants que l’on déverse dans les champs. Ils ne le faisaient jamais parce que leur cible, c’était voiture et chauffage. Maintenant, si j’ose dire, l’agriculture est beaucoup plus ciblée car en mauvais état. Comme tous les charognards, ils attaquent les bêtes malades et donc ils s’attaquent aussi à l’agriculture. Mais c’est un changement récent. De la même façon, Monsieur PIOLLE ne s’est pas attaqué à l’industrie de pointe au début de ses mandats et maintenant, il pense qu’il peut y aller.
Pour rejoindre, ce que vous disiez, sur les sujets clivants qu’à mis en avant Eric PIOLLE depuis sa mandature, c’est vrai qu’il est souvent au-delà de ces affaires d’eau que l’on évoque aujourd’hui. Souvent, j’allais dire, sous le feu des projecteurs on pense à la hausse de la taxe foncière avec trois de ses adjoints qui ont été virés du Conseil municipal tout simplement. La hausse de la taxe foncière donc qui avait fait débat, la laïcité également. Régulièrement sur plusieurs sujets, il prend des positions assez clivantes effectivement ?
Oui, oui. J’espère que le cliveur sera clivé un de ces jours. Aux prochaines élections, par exemple, moi je le dis franchement.
Que peut-il désormais se passer Jacques COHEN, si on regarde dans l’avenir, au-delà des prochaines élections ? Est-ce que c’est un modèle, par exemple, qui peut donner des idées à d’autres maires écolo ?
Alors ce sont des maires qui, de toute façon, se préparent quelque part à pratiquer l’abus de pouvoir parce que malgré les apparences, nous sommes encore dans un état centralisé et pas dans une structure féodale décentralisée. Et les décisions peuvent être prises centralement ou par le représentant local de l’Etat, histoire de décider de qui aura de l’eau ou qui n’en aura pas. Monsieur PIOLLE peut toujours décider, si le Préfet signe un arrêté qui dit le contraire, il ne pourra que s’incliner. C’est d’ailleurs ce que je souhaite. Je considère depuis longtemps que la décentralisation dans notre pays est excessive et extrêmement dangereuse parce qu’on a mis deux siècles à construire un état centralisé avec ses avantages et qu’on est en train, pour gommer quelques excès jacobins, de repartir en arrière vers un état morcelé où les régions riches sont plus riches et les régions pauvres sont plus pauvres, et les régions dirigées par des imbéciles dégringolent contrairement aux autres. Alors l’État central, cela sert aussi à l’unité de la Nation.
Comme on le dit, bien régulièrement à la fin de vos chroniques, Jacques COHEN, affaire à suivre et plus d’informations certainement avec des petits schémas, des petites photos sur votre blog jhmcohen.com. Même si on le sait, il faudra patienter encore quelques jours voire quelques semaines.
Mais, comme vous avez peut-être vu, le sujet de vendredi dernier a été mis en ligne ce matin.
Ah, je ne l’avais pas encore vu. J’ai vu que vous étiez en train de combler le retard petit à petit, mais je n’avais pas encore vu que vous aviez comblé le retard de la semaine dernière Jacques COHEN.
Oui mais l’inéluctable retour des choses conduit à ce qu’il se présente à nouveau du retard.
A bientôt Professeur. Merci beaucoup.
A bientôt.