Fonds Marianne et Marlène Schiappa : qui veut noyer sa chienne …

Jacques HM Cohen 16 juin 2023

Sur les ondes de RCF: LIEN

Avec nous par téléphone, on retrouve le Professeur Jacques COHEN pour sa chronique d’actualité. Professeur bonjour.

Bonjour.

Vous voulez aujourd’hui nous parler du fonds Marianne et de Marlène SCHIAPPA, évidemment puisque les deux sont liés. Déjà peut-être un rappel professeur Jacques COHEN ? Le fonds Marianne, de quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un fonds pour financer des campagnes contre la propagande islamiste et pour l’affirmation de la laïcité qui a été confié au Ministère qu’avait Marlène SCHIAPPA alors qu’auparavant ce n’était qu’une simple délégation interministérielle. Ceci visait à souligner l’importance du sujet et cette campagne était dotée d’un peu moins de 2 millions et demi d’euros. Alors concernant cet appel d’offres, si on peut dire, on est assez étonné de voir l’efficacité d’une campagne décrivant ce qui s’est passé dans l’utilisation de ce fonds comme d’une extrême gravité et objet de détournements immenses.

chien rage

De la mauvaise foi en matière amoureuse de Christine de Pisan, le proverbe a acquis une portée universelle….

Loin de moi le fait de dire que l’on peut gaspiller un tant soit peu de l’argent public, mais il faut quand même relativiser les choses et on verra ensuite pourquoi et comment Marlène SCHIAPPA se défend très mal. C’est un peu étonnant pour quelqu’un qui a la réputation au contraire de monter très facilement dans les tours pour parler vulgairement et d’aller au feu. Là, on a une campagne médiatique remarquablement coordonnée pour expliquer que cette affaire est une affaire gigantesque quand il s’agit d’une petite chose.

Justement, Jacques COHEN, j’allais y venir Jacques COHEN. C’est vrai qu’avec tout ce que l’on entend autour de cette affaire, on a quand même l’impression qu’il s’agit de quelque chose d’assez grave. En tout cas, c’est le ressenti que doivent avoir les auditeurs de RCF ?

Bien sûr, comme ceux de France Inter, de France Info et de toute la presse. Avec une campagne y compris dans Libération. Du Figaro à Libération, c’est vraiment très bien construit. De quoi s’agit-il ? Sur deux millions et demi d’argent à distribuer pour une campagne rapide, une association a récupéré 330.000 €, Et pour faire court, elle en a bouffé la moitié au profit de ses dirigeants tout en ayant une activité minimale et peu efficace. Donc en gros, le Ministère n’en a pas eu pour son argent. Les autres crédits ne sont pas concernés. L’attribution a été faite par une commission, mais évidemment s’agissant de crédits d’urgence et fléchés, on n’a pas tout à fait respecté les règles qui auraient été mises dans l’appel d’offres, de faire passer en premier des associations reconnues comme fondation, c’est à dire ayant plus de trois ans d’activité, etc. Bref, pour aller vite et être efficace, le cabinet de Marlène SCHIAPPA a choisi d’attribuer l’argent d’une part, dans l’exemple qui nous concerne, à Mohamed SIFAOUI, comme personnalité qualifiée ayant une action pro-laïque anti-islamique radicale depuis longtemps et d’autre part, le cabinet, pour ne pas dire Marlène SCHIAPPA, a mis son grain de sel pour éliminer une offre de SOS RACISME, les gens de SOS RACISME l’ayant insulté et ayant pris position publiquement contre elle récemment. Jusque-là, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Ensuite, on se rend compte que toute la presse et la commission d’enquête parlementaire défend les procédures d’appel d’offres classique dont on peut être sûr que c’est la meilleure façon de ne pas agir rapidement, au minimum comme inconvénient et qui, plus est, de permettre que l’argent aille à ceux qui en ont l’habitude, si je puis dire. Alors de l’autre côté, évidemment, entre le cabinet et Marlène SCHIAPPA, le Préfet dirigeant le fonds et l’association en question, connivence et confraternité étaient importantes et anciennes. Là où les choses dérapent, c’est que SIFAOUI et son association n’ont pas bossé et ils ont bouffé du fric. Au total, le détournement indu se situe dans les 150 000 euros. Vous voyez, il s’agit de petites sommes. Au niveau d’un salaire d’un individu c’est beaucoup, mais au niveau d’une campagne de communication, c’est nanoscopique. Cela n’a rien à voir avec ce que touchent les agences de pub ou les agences d’influence sur internet. C’est vraiment ridicule.

Alors curieusement, Marlène SCHIAPPA se défend pour dire à la fois, je n’étais pas au courant. On n’a pas bien regardé, etc. Au lieu d’attaquer sur le thème « nous devions agir vite . Nous avons choisi ceux qui paraissaient les plus offensifs contre l’islamisme. Dans un cas, celui de l’association de SIFAOUI on s’est fait avoir, ils en ont croqué sans agir sérieusement ». Cela représente moins de 150 000 euros sur 2,3 millions. On reconnaît que l’on s’est fait avoir, mais c’était le prix à payer pour un pilotage d’urgence,au pif et au doigt mouillé pour avoir une action rapide.

Au lieu de faire cela, elle raconte et laisse entendre, « mais on ne cherche pas l’argent des islamistes, c’est quand même un comble ». Ce qui n’est jamais une défense correcte. Elle explique qu’elle n’est pas au courant alors qu’évidemment, son cabinet pilotait la chose. Tout cela va la mener dans les pires ennuis et l’unanimité et l’efficacité de la campagne de presse la visant permettent d’en déduire que tout le monde veut sa peau. Elle a beaucoup d’ennemis dans différents camps et là, il y a eu une convergence des luttes, si j’ose dire, sur « tous contre SCHIAPPA ». C’est assez spectaculaire. Ce n’est pas une personne avec qui je partirais en vacances Marlène SCHIAPPA, mais je trouve que l’hallali est quand même assez étonnant et d’assez mauvaise foi de toutes parts.

Mais alors comment fait Marlène SCHIAPPA pour se défendre face à toutes ces attaques Jacques COHEN ?

Elle se défend très mal. A part de susurrer qu’on ne regarde plus l’argent des islamistes, elle ne relativise pas les sommes en jeu déjà, ce qui serait la moindre des choses, tout le monde ayant l’impression qu’il s’agit d’un immense détournement alors que même par rapport à l’appel d’offres en question de 2,3 millions, vous pouvez faire un rapide calcul pour voir que 150 000 euros foutus en l’air, ce n’est pas monstrueux. Ce n’est pas bien, mais ce n’est pas monstrueux. Elle n’attaque pas non plus sur le fait que les procédures d’appel d’offres permettent la reproduction des bénéficiaires de la rente et qu’elle a voulu être efficace en s’adressant à des associations pugnaces contre l’islamisme et puis, dans ce qui a été fait, il y en a eu un raté. Cela pourrait être présenté comme un accident industriel de relativement petite échelle et c’est tout à fait banal. Mais, elle n’attaque pas là-dessus et en matière de campagne de presse, telle que celle à laquelle elle est confrontée et d’enquête parlementaire, « qui n’avance pas recule ». C’est-à-dire que l’attaque est la meilleure défense. Elle n’a pas choisi cela. Cela me donne un pronostic assez pessimiste sur son sort.

Justement, Jacques COHEN, cela allait être ma question pour celle qui est secrétaire d’État, chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative, est-ce que par rapport à toute cette histoire, elle se retrouve finalement affaiblie dans le gouvernement d’Emmanuel MACRON ?

Ah là, c’est plus qu’affaiblie, elle se retrouve exsangue, on a l’impression qu’on a trouvé un prétexte pour régler des comptes sur d’autres sujets. Après l’affaire de Playboy, je pense que tout le monde lui voulait du mal et que là, tout le monde lui tombe dessus en ayant pris un prétexte avec convergence des hostilités vis-à-vis de Marlène SCHIAPPA, qui dans l’affaire n’a pas démontré une grande efficacité dans la lutte contre l’islamisme, mais au moins, elle avait à mon avis de bonnes intentions. De même, qu’on n’étudie pas les connivences entre le milieu dans lequel évoluent SIFAOUI et le Préfet qui a piloté ce fonds, tout cela permettant de focaliser les choses non pas sur ceux qui ont l’habitude de telle ou telle façon de croquer l’argent publique, mais Haro sur Marlène et tâchant d’en faire une victime expiatoire. Ce n’est pas tout à fait Iphigénie, mais cela commence à y ressembler.

En tout cas, merci Professeur Jacques COHEN de nous avoir éclairé sur cette affaire du fonds Marianne et notamment comment y est mêlée Marlène SCHIAPPA et puis on vous retrouve très bientôt avec aussi plus d’actualité sur votre blog jhmcohen.com. Toutes mes félicitations Professeur, j’ai vu que vous étiez à jour et plus tôt, dès le début de semaine pour une fois.

C’est exact, c’est exact et là donc le titre de cette chronique qui est « qui veut noyer sa chienne » renvoie bien sûr à « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » pour ceux qui ne s’en souviendraient pas. On peut d’ailleurs noter que c’est à une femme poète, Christine de Pisan, que

https://www.lelivrescolaire.fr/page/6460394#:~:text=Christine%20de%20Pizan%20est%20l,Dit%2Don.

Molière l’a empruntée et popularisée dans « les femmes savantes ».

On peut noter que la malheureuse Martine n’est guère coupable d’un grand délit et que surtout le mari peu courageux Chrysale ne la défend pas de l’ire de sa femme. Toute ressemblance des situations ne peut être que fortuite !

MARTINE Me voilà bien chanceuse ! Hélas ! l’an dit bien vrai, Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ; Et service d’autrui n’est pas un héritage. CHRYSALE Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous, Martine ? MARTINE Ce que j’ai ? CHRYSALE Oui. MARTINE J’ai que l’en me donne aujourd’hui mon congé, Monsieur. CHRYSALE Votre congé ? MARTINE Oui. Madame me chasse. CHRYSALE Je n’entends pas cela. Comment ? MARTINE On me menace, Si je ne sors d’ici, de me bailler cent coups. Oeuvre du Domaine public – Version retraitée par Libre Théâtre15CHRYSALE Non, vous demeurerez ; je suis content de vous. Ma femme bien souvent a la tête un peu chaude ; Et je ne veux pas, moi… Scène VI PHILAMINTE, BÉLISE, CHRYSALE, MARTINE. PHILAMINTE apercevant Martine. Quoi ! je vous vois, maraude ! Vite, sortez, friponne ; allons, quittez ces lieux ; Et ne vous présentez jamais devant mes yeux. CHRYSALE Tout doux. PHILAMINTE Non, c’en est fait. CHRYSALE Hé ! PHILAMINTE Je veux qu’elle sorte. CHRYSALE Mais qu’a-t-elle commis, pour vouloir de la sorte… ? PHILAMINTE Quoi ! vous la soutenez ? CHRYSALE En aucune façon. PHILAMINTE Prenez-vous son parti contre moi ? CHRYSALE Mon Dieu ! non, Je ne fais seulement que demander son crime. PHILAMINTE Suis-je pour la chasser sans cause légitime ? CHRYSALE Je ne dis pas cela, mais il faut de nos gens… PHILAMINTE Non ; elle sortira, vous dis-je, de céans. CHRYSALE Hé bien ! oui. Vous dit-on quelque chose là contre ? PHILAMINTE Je ne veux point d’obstacle aux désirs que je montre. CHRYSALE D’accord. Oeuvre du Domaine public – Version retraitée par Libre Théâtre16PHILAMINTE Et vous devez, en raisonnable époux, Être pour moi contre elle, et prendre mon courroux. CHRYSALE Aussi fais-je. (Se tournant vers Martine.) Oui, ma femme avec raison vous chasse Coquine, et votre crime est indigne de grâce. MARTINE Qu’est-ce donc que j’ai fait ? CHRYSALE bas. Ma foi, je ne sais pas. PHILAMINTE Elle est d’humeur encore à n’en faire aucun cas. CHRYSALE A-t-elle, pour donner matière à votre haine, Cassé quelque miroir ou quelque porcelaine ? PHILAMINTE Voudrais-je la chasser, et vous figurez-vous Que pour si peu de chose on se mette en courroux ? CHRYSALE (À Martine.) Qu’est-ce à dire ? (À Philaminte.) L’affaire est donc considérable ? PHILAMINTE Sans doute. Me voit-on femme déraisonnable ? CHRYSALE Est-ce qu’elle a laissé, d’un esprit négligent, Dérober quelque aiguière ou quelque plat d’argent ? PHILAMINTE Cela ne serait rien. CHRYSALE à Martine. Oh ! oh ! peste, la belle ! (À Philaminte.) Quoi ? l’avez-vous surprise à n’être pas fidèle ? PHILAMINTE C’est pis que tout cela. CHRYSALE Pis que tout cela ! PHILAMINTE Pis ! Oeuvre du Domaine public – Version retraitée par Libre Théâtre17CHRYSALE (À Martine.) Comment ! diantre, friponne ! (À Philaminte.) Euh ! a-t-elle commis… PHILAMINTE Elle a, d’une insolence à nulle autre pareille, Après trente leçons, insulté mon oreille Par l’impropriété d’un mot sauvage et bas Qu’en termes décisifs condamne Vaugelas. CHRYSALE Est-ce là… ? PHILAMINTE Quoi ! toujours, malgré nos remontrances, Heurter le fondement de toutes les sciences, La grammaire, qui sait régenter jusqu’aux rois, Et les fait, la main haute obéir à ses lois ! CHRYSALE Du plus grand des forfaits je la croyais coupable. PHILAMINTE Quoi ! vous ne trouvez pas ce crime impardonnable ? CHRYSALE Si fait. PHILAMINTE Je voudrais bien que vous l’excusassiez. CHRYSALE Je n’ai garde.

Petite référence littéraire. Merci Professeur et à très bientôt.

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