Jacques HM Cohen 2 2 2024
Sur les ondes de RCF: LIEN
La chronique d’actualité avec le Professeur Jacques Cohen en ligne avec nous par téléphone, Professeur bonjour.
Bonjour.
L’Unwra à Gaza, un rouage de l’État totalitaire du Hamas. C’est l’objet de votre chronique d’actualité aujourd’hui. Si l’on fait une photographie, qu’est-ce-que c’est exactement l’Unwra à Gaza ? C’est vrai que c’est un sujet qui ne parle pas forcément à tout le monde, Jacques Cohen, et moi le premier je dois bien le dire.
A Gaza et ailleurs, mais c’est surtout à Gaza que l’Unwra officie, c’est l’organisme des Nations Unies qui s’occupe de l’assistance aux réfugiés et donc qui finance de fait ces réfugiés et donc que ce soit à Gaza, que soit au Liban, etc.
Et ces financements ont du plomb dans l’aile actuellement ?
C’est payé par différents États et il y a quelques particularités. D’abord parce que la plupart des donateurs occidentaux viennent de suspendre leur aide au motif, j’allais dire au prétexte, que certains membres de l’Unwra ont été des participants identifiés par les services israéliens des massacres de civils du 7 octobre. Ce qui fait, bien évidemment, revoir le fonctionnement global de l’UNWRA qui posait problème depuis longtemps et que personne ne voulait le regarder.

Les immeubles qui ont été détruits montrent bien qu’un certain standing immobilier avait été atteint. Témoignant vaille que vaille du développement économique de Gaza.
Ces massacres ont conduit avec raison les états occidentaux à arrêter de financer une structure qui en fait est devenue un rouage de l’État du Hamas. L’Unwra paye abondamment pour des camps de réfugiés qui ne sont plus des camps depuis très longtemps mais des quartiers de telle ou telle ville. parce qu’elle paye les réfugiés bien sûr, elle aide les réfugiés à vivre, mais ce ne sont plus des réfugiés, ce ne sont même plus des enfants de réfugiés, ce sont des petits-enfants de réfugiés, voire la quatrième génération. Donc c’est aussi une façon de faire perdurer un problème que de considérer que pour X générations, les Nations Unies doivent financer la diaspora palestinienne. A ce régime là, on pourrait dire que les Israéliens auraient beaucoup gagné à être payés depuis la destruction du temple s’il y avait eu le même raisonnement sous Titus ou sous Hadrien.
Mais passons malheureusement à des choses plus sérieuses. L’Unwra n’est qu’un rouage du financement par la communauté internationale si l’on peut dire, de l’État Hamas. Alors cet État du Hamas, il est parfaitement totalitaire. De même qu’il n’y pas de journalistes indépendants, c’est exactement comme ceux de la Pravda dans les années 30. Chaque journaliste occidental qui arrive sur place est flanqué d’un journaliste, avec quatre guillemets, local, lequel est responsable de ses articles. C’est-à-dire que s’il publie quelque chose qui ne plaît pas, si ce journaliste réussit à interviewer des gens qui disent ce qu’ils pensent, ce qui est très peu probable, et bien c’est le fixeur qui va être puni et les punitions là-bas ne sont pas en travaux d’intérêt général. Donc un système totalement totalitaire, si l’on peut dire. Pour l’Unwra, il y a deuxième élément, c’est que l’Unwra est quasiment la seule agence des Nations Unies qui se débrouille pour ne pas avoir de réserve. Elle a une politique de financement au jour le jour et de pleurer sur le fait qu’à la moindre interruption elle ne peut plus rien faire, d’avoir un chantage permanent à son activité. Alors que toutes les autres agences ont un matelas financier de fonctionnement. L’Unwra délibérément n’a pas de trésorerie.
Alors comment fonctionne cette aide de l’Unwra ? On a l’impression relativement naïve ou par les photos que ce sont des camions puis des sacs de farine qui sont donnés aux gens. Mais c’est beaucoup plus compliqué. D’abord, les donateurs payent bien évidemment et l’Unwra transporte. Eventuellement l’Unwra achète, ce qui permet déjà une petite marge. Quand, pour le cas de Gaza, les camions rentrent, et bien le Hamas prélève des droits de douane. C’est-à-dire que ce sont des cadeaux mais qu’il fait payer des droits sur ces cadeaux. Et ensuite étape suivante, ils ne sont pas distribués gratuitement à la population, ils sont vendus par l’intermédiaire du Hamas, c’est-à-dire qu’il vend ce qu’il a touché gratuitement et qu’il a déjà taxé. Sauf que depuis quelque temps, depuis l’intervention israélienne, il y a des endroits où la population se rebiffe et attaque et pille les camions pour éviter ce double ou triple pillage.
Mais malheureusement, tant que la population Gazaoui est mélangée aux combattants et réciproquement parce que les Israéliens n’ont pas voulu accueillir les civils, ni les Egyptiens d’ailleurs, malheureusement le Hamas va reprendre peu à peu le contrôle de cette population, parce que c’est une force armée et totalitaire, et qui n’hésite pas à abattre quiconque n’est pas d’accord.
Donc on a un déversement très considérable et l’argent qui passe par les Emirats Arabes Unis ou surtout par Doha est également versé au Hamas en fait. Alors de façon directe ou indirecte via l’autorité palestinienne qui paye des fonctionnaires de Gaza, lesquels s’ajoutent éventuellement à ceux des écoles de l’Unwra mais c’est également le système de santé, et on obtient un système d’ailleurs extrêmement perverti.
Je ne sais pas si vous avez vu à partir des images, le matériel de ces hôpitaux est impeccable, il est occidental, il est moderne, etc. L’activité de soins, outre le problème de l’activité de guerre donc d’être débordé à ce moment-là, l’activité de soins semble avoir longtemps été confrontée à un plafond de verre qui aboutissait à ce que les organisations de gauche israéliennes fassent sortir par exemple les enfants pour qu’ils soient soignés en Israël quand ils avaient une pathologie relativement grave. Un plafond de verre parce qu’il ne suffit pas de mettre de l’argent dans un système de santé, il faut aussi sélectionner les compétences et les développer, et éliminer les incompétents. Chose que nous ne faisons pas forcément non plus très bien. Moyennant quoi, il y a un plafond de verre sur la qualité des soins, tel qu’on a pu le voir concernant plusieurs otages israéliens blessés.
Donc, on voit un pays qui reçoit énormément d’argent et l’attitude des occidentaux, et des israéliens d’ailleurs, a été de considérer que par ruissellement cela finira par le développer, même s’il y a beaucoup de détournements en cours de route. Alors c’est en partie vrai, ou du moins c’est ce que le Hamas a craint.
Je crois qu’une des raisons principales de l’attaque du Hamas, c’est que l’état mafieux qui vit par clientélisme et de la pauvreté, à force de ruissellements, à force par exemple de constructions immobilières d’assez belle qualité, risquait de ne plus fonctionner comme il faut. Parce que la pénurie est indispensable au fonctionnement mafieux. Si chacun peut gagner sa vie honnêtement, aucune mafia ne peut continuer à prospérer et contrôler la population qui s’en débarrasse. Et donc là, il y avait un risque, les Israéliens avaient d’ailleurs commencé à donner des permis de travail légaux en Israël pour une partie de la population, pour plus de 20 000 personnes. Les permis à la journée, et non pas de la nuit, plus les illégaux comme en Cisjordanie, devaient commencer à croître et embellir et le Hamas y a vu un grand danger pour lui. C’est-à-dire que la tactique de Netanyahu d’une insertion dans l’économie israélienne du Hamas contrôlant la bande de Gaza, représentait un danger réel de dissolution du système mafieux: même si une grande partie était encore largement détournée, une petite partie finissait par atteindre la population. Donc cela, le Hamas a considéré que ce n’était plus la peine, qu’il fallait surtout arrêter cela parce qu’ils allaient perdre le pouvoir à ce petit jeu. Et effectivement, la population de Gaza trouvait que c’était beaucoup plus simple d’aller travailler en Israël que de crever la faim au nom d’un retour hypothétique dans un état mythique, en chassant les Israéliens de la rivière, c’est-à-dire du Jourdain, jusqu’à la mer.
Autre aperçu de l’immobilier gazoui et du développement de la bande de Gaza:
Jacques Cohen, vous nous présentez pas mal d’éléments, vous en avez certainement peut-être encore un ou deux à présenter mais le temps passe toujours très vite. Toutes ces choses que vous nous présentez, ce n’est quand même pas une nouveauté, Professeur, ça veut dire que le système a été accepté par une bonne partie du monde.
Exactement, les pays occidentaux préféraient regarder ailleurs, continuer à payer pour des réfugiés de la 3ème génération voire bientôt plus. Mais le changement d’attitude du Hamas décidant de prendre la ligne dure d’une organisation terroriste d’une part et exterminatrice pogromiste d’autre part, plus l’attaque non pas seulement d’Israël mais des communications commerciales internationales, avec la paralysie de fait du canal de Suez, a fait considérer aux occidentaux qu’il fallait mettre un frein à cela avec des sanctions qui sont de fait surtout financières. Donc après, il y a beaucoup d’autres aspects de cette crise malheureusement, mais c’est déjà un élément intéressant, il ne semble pas que le système de l’Unwra puisse continuer indéfiniment à être un outil d’éducation par la propagande islamique radicale et de détournements financiers de ce que donne la communauté internationale.
Mais la base objective d’un système mafieux, c’est-à-dire la pauvreté, les destructions urbaines, est largement recréée par l’offensive israélienne. Et le Hamas, s’il perdure comme système militaro-politique, car n’ayant pas été séparé de la population civile, condition préalable indispensable à son anéantissement militaire, [cf ma chronique du 23 11 23 sur ce blog « la victoire du Hamas »], va être en situation de restaurer son système clientéliste et de siphonner l’aide internationale qui finira par être versée d’une façon ou d’une autre.
Merci, Professeur Jacques Cohen, on avait bien compris que vous aviez encore pas mal d’éléments à nous donner notamment sur la première partie de l’exposé. Pour tout cela, on invite nos auditeurs à rejoindre votre blog jhmcohen.com. A très bientôt.
A très bientôt.