JHM Cohen 7 juillet 2025
Sur les ondes de RCF: @ Lien en attente (A partir de 2mn 12 sec)
La chronique d’actualité avec le Professeur Jacques Cohen avec nous par téléphone, Professeur Bonjour.
Bonjour.
Merci d’être avec nous pour ce qui sera votre dernière chronique d’actualité de cette saison 2024-2025, et on va parler du conflit USA-Ukraine, vos articles ne sont plus disponibles en magasin, un titre un peu étrange, Professeur Jacques Cohen. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez derrière la tête en proposant cette chronique ?
Et bien, les États-Unis ont fait savoir à l’Ukraine qu’ils n’avaient pas de stock de missiles à leur disposition. Missiles anti-aériens donc qui sont cruellement un problème pour les Ukrainiens, d’autant que les Russes qui s’alignent sur ce qu’il y a en face se mettent à démolir méthodiquement les infrastructures militaires et parfois même civiles de leurs adversaires.
Alors en fait les Ukrainiens ont assez bien joué, au moins par rapport à la presse occidentale, car ils passent pour des victimes purement innocentes alors qu’ils ont aussi eu quelques arrières pensées en bombardant en Russie. Ils ont augmenté autant qu’ils ont pu les bombardements d’infrastructures russes avec comme attitude de savoir que cela conduit la Russie à des représailles et donc augmenter les taux de bombardement en quelque sorte. On a atteint il y a 2 jours le maxi c’est-à-dire plus de 500 missiles d’un coup.
Et en fait, la pression est que les États-Unis, qui se sont entendus avec les Russes et ont décidé qu’il fallait que les Ukrainiens finissent par passer un accord et donc cessent continuer la ligne qui est de dire vous « ne pouvez pas nous laisser perdre parce que toute défaite sera la vôtre ».
Sauf que ce n’est pas du tout l’attitude de Trump qui considère que l’Ukraine un conflit régional, que la Russie n’est pas en état de conquérir l’Europe, et que l’Ukraine n’est pas en état de conquérir la Russie, et que donc ils n’ont qu’à se débrouiller entre eux. Et et de ce point de vue-là Trump pourra rester sur ses objectifs principaux qui concernent l’IndoPacifique.
Une difficulté pour les Ukrainiens c’est que les Européens les gavent non seulement de bonnes paroles mais de paroles martiales, mais seraient totalement incapables de les traduire en actes.
Il y a maintenant une entente anti-russes sur toute la Baltique qui fait que la flotte de la Baltique de la Russie est incapable de sortir en mer en cas de conflit, et les Russes le savent très bien qu’à ce moment-là, ils se replieront sur les mers froides, c’est à dire sur la route du Nord, la route des glaces.
De même que d’annoncer des velléités de guerre préventive par rapport aux états baltes s’il leur arrivait quelque chose et même si simplement les Russes faisaient des manœuvres, c’est bien gentil mais le message est très clair du point de vue de VV Poutine : s’il y a une attaque par les pays de l’OTAN, et bien ils n’auront qu’à se débrouiller pour assumer puisque lui Trump il ne fera rien, ce qu’il a assez nettement fait comprendre.
Cela sera aussi un impact considérable pour le crédit ou plutôt le discrédit de l’OTAN, car son fameux article 5 s’avérera un truc en carton mâché. Donc on a du mal à comprendre pourquoi les Européens continuent à gesticuler dans ce sens alors qu’ils n’ont absolument pas les moyens d’une politique substitutive, c’est un peu bizarre. Du point de vue des Ukrainiens, rester dans la situation actuelle où les Russes avancent leurs pions et pas seulement leurs pions régulièrement, va conduire à rendre les arbitrages par des marchandages de paix de plus en plus défavorables aux Ukrainiens, les Ukrainiens décidant qu’ils iront jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à démontrer que les Russes veulent la disparition de l’Ukraine.
Le problème étant, comme je vous ai dit, Trump s’en moque éperdument parce que finalement l’Ukraine pour lui ou pour ses conseillers c’est un machin issu de la seconde guerre mondiale, voire même de la première guerre mondiale, et qui n’a sa physionomie géopolitique actuelle que depuis le rideau de fer, et que dont les frontières pourraient encore aller et venir comme ce fut le cas dans l’empire austro-hongrois puis surtout en Pologne jusqu’en 1939.
On a quand même l’impression dans ce conflit Ukraine-Russie, Professeur Jacques Cohen, que les positions internationales bougent sans cesse, et notamment du côté des États-Unis avec un Donald Trump imprévisible ?
Je commence à me demander s’il est vraiment imprévisible parce qu’il a très bien dit ce qu’il voulait faire ou ce qu’il ne voulait pas faire, et les gens qui pensent qu’il suffit de l’émouvoir pour le faire changer d’avis se trompent lourdement.
Vous avez également parlé il y a quelques instants de la voie du Nord, est-ce qu’on peut en savoir plus sur cette position justement des Baltes et des pays scandinaves ?
Comme vous savez, les pays scandinaves contrôlent la mer Baltique, donc la Russie aura très peu de chance en cas de conflit ouvert de sortir sa flotte de la Baltique, la flotte du Nord, à partir de Kronstadt. Donc en fait, elle se prépare à avoir simplement un porte-avions incoulable avec l’enclave de Kaliningrad, et puis à sortir de l’autre sens vers Mourmansk, qui là sera une mer libre dans les mers froides correspondant au transfert de pétrole à l’aide de brise- glace. Donc pour l’instant, on ne peut pas dire que le déclenchement du conflit ,s’il se produisait, serait ni une surprise, ni une catastrophe pour la Russie. Elle s’y est préparée et on ne voit pas très bien pourquoi les Européens s’imaginent qu’ils vont faire reculer la Russie en la faisant constater qu’elle était obligée de passer la flotte de la Baltique en perte et profit.
Reste pour les pays baltes une situation qui risque d’être beaucoup plus sérieuse. Ceci dit Trump qui est vraiment le meilleur interprète de Poutine, celui qui parle le mieux le Poutine dans le texte, a réussi à calmer suffisamment Poutine pour que les Européens puissent se calmer, ne perdant pas trop la face.
Et pour les pays baltes, pour l’instant, je pense que même s’il en avait les moyens, Poutine n’attaquera pas, mais il veut modifier le rapport de force de telle sorte qu’il obtienne un certain nombre de gages, non par exemple le corridor de Suwałki qui conduit à la poche de Kaliningrad Avec ce corridor, il veut pouvoir rendre impraticable la situation des pays baltes dont il faut rappeler que plusieurs d’entre eux ont une population russe pour le moins non négligeable.
Et bien en tout cas un grand merci, Professeur Jacques Cohen, de nous avoir éclairés sur ce conflit de nouveau Ukraine-Russie. Et puis évidemment la situation va évoluer tout au long de l’été, et on se retrouvera au mois de septembre, on verra bien comment s’est dessiné le futur schéma international. À très bientôt Professeur et on vous souhaite un bel été.
À très bientôt, bon été à tous et à toutes.
Et on vous retrouve d’ici là sur votre blog évidemment, jhmcohen.com. A bientôt.
