JHMC
A partir du constat de l’inadéquation de la plupart des 22 régions actuelles, il est proposé d’en réduire le nombre de moitié. Ce qui ne pourrait en fait qu’accentuer leurs défauts. Par combien diviser le nombre de régions? Par 22!!!
Les régions françaises actuelles dotées de compétences décentralisées sont récentes, datant des années 80. Elles figuraient parmi les réformes institutionnelles proposées par le référendum en 1969, qui conduisit au départ du Gal De Gaulle….
Les régions en France, ou le mythe de l’âge d’or.
La décentralisation était supposée faire participer plus étroitement le citoyen à la gestion publique, permettre une adéquation plus fine aux besoins par un œil plus proche que celui de l’état Moloch lointain. La pondération du pouvoir central par celui des régions et provinces sous l’ancien régime redevenant un mythe post républicain.
Jetons un œil sur l’organisation provinciale d’avant 1789: loin de 22 régions, il y en a plus du double, de tailles très variables. Le mythe des provinces de taille et poids significatif renvoie en fait à des situations de petits états indépendants, contestant un temps le pouvoir central: Bretagne Bourgogne Flandre Lorraine….. Des villes en revanche vont avoir un pouvoir local significatif, nous y reviendrons.
Les défauts des régions actuelles…. et futures!
Les régions actuelles souffrent de leur caractère inhomogène, car ce sont des créations artificielles. Pour rester en Champagne-Ardenne, Reims et Troyes, Sedan et Chaumont, vivent chacune leur vie sans avoir plus en commun qu’avec n’importe quelle autre ville de l’hexagone. Leur taille et potentiel économique insuffisants les rend vulnérables aux lobbys de leurs fournisseurs ( transport, BTP,… ), tout en restant bien plus paralysées par les intérêts locaux qu’elles fédèrent, lors de décisions d’importance collective. Le « pas dans mon jardin » y est déjà bien plus sensible qu’à l’échelle nationale.
Dans les régions sans véritable cohérence et gérées par des scrutins de liste, l’électeur est l’otage des partis, et leurs conseils un havre pour apparatchiks de second rang, générant une bureaucratie de ramasse-miettes d’échelons intermédiaires. Qui n’ont pas même eu à faire face à l’électeur comme un conseiller général.
Les circonscriptions des élections européennes, leurs listes et participations étiques, ne sont que l’avant goût du recul démocratique prévisible de régions deux fois plus grosses.
Les métropoles et « pays ».
L’émergence des métropoles est une réalité qu’il a bien fallu reconnaître à contrecœur. Elles sont de tailles variables ,et même si peu sont compétitives à l’échelle européenne, leur dynamisme doit être encouragé par des habits administratifs à leur taille et potentiel de croissance. Les « petites » métropoles sont aussi une réalité, que faute d’oser le politiquement incorrect « micropoles », l’insee et les agences de développement reconnaissent sous le vocable « Pays de… ».
L’exemple récent du grand Lyon et du remodelage de fait du département, tandis que la Région Rhone-Alpes regardait passer le train, donne à réfléchir.
Pour une autre organisation….
Les communes devraient persister sans compétence générale mais avec la gestion des tâches de proximité.
Les communautés d’agglos ou de communes s’effacer devant les métropoles et les « pays », dont l’exécutif devrait être élu au scrutin direct. Avec une dose de proportionnelle et de prime majoritaire sans doute. Le maintien de la clause de compétence générale sera indispensable à leur dynamisme et imagination. C’est le rôle de l’état que d’arbitrer et de faire coopérer des pays et métropoles proches, plutôt que d’espérer leur accord amiable « à la base », qui est plus le niveau des guerres civiles que des traités de paix.
Les départements et conseils généraux devraient gérer la ruralité en supprimant les cantons urbains. Là aussi la compétence générale devrait disparaître..
Les régions disparaissant, on s’apercevra que dans de rares cas, la métropole en reprend les contours et en maintient le souvenir. Mais le plus souvent, l’oubli recouvrira leurs dénominations bizarres comme Champagne-Ardenne ou Provence-Alpes-Côte d’Azur, aux allures de lignes de chemin de fer, qui n’y existent plus d’ailleurs.
En conclusion:
La réalité comme les fleuves finit toujours par se frayer un chemin. Lorsqu’on lui oppose des barrages, elle finit par en rompre les digues. Avec de gros dégâts…
Mais des réformes annoncées comme de plus de 7 ans de gestation, et non pas de mise en place en quelques mois, finissent généralement en France par une mort in utero. Ce qui pour un monstre mal formé et sans grande espérance de vie, n’est pas plus mal!