Reims au coeur de la Marne, c’est le slogan que vous avez choisi pour la campagne des élections départementales puisque vous êtes candidat dans le premier canton de Reims. Alors, vous êtes candidat parce que d’abord la vie politique, l’action politique ça vous intéresse ?
Absolument, j’ai été adjoint au maire pendant tout un mandat. J’ai fait mon possible pour, dans mes attributions, défendre notre ville, défendre son patrimoine, le faire rayonner y compris à l’international, et le montrer, aussi bien urbi et orbi.
Vous êtes divers gauche soutenu par le parti socialiste, ça veut dire que vous allez dans des eaux qui sont peut-être bien au-delà d’une clientèle partisane particulière ?
Moi je suis personnellement membre du parti socialiste, de sensibilité réformiste social-démocrate. Mais il y a un binôme qui est paritaire. Et pour chacun, un suppléant et une suppléante. Moi j’ai un suppléant qui est au PRG. C’est donc en cela que de façon très symbolique et visible, il s’agit d’une candidature qui n’est pas celle du parti socialiste. C’est une candidature soutenue par le parti socialiste, soutenue par le PRG, qui a une ambition nettement plus large que partisane au sens des partis politiques.
Votre binôme parlons-en! Puisqu’un binôme, c’est un homme et une femme, vous avez comme binôme une jeune-femme ?
Oui absolument ! Et qui est beaucoup plus jeune que moi ! Qui a 31 ans. Qui est chirurgien dentiste, qui est encore en cours de spécialisation parce qu’ellle veut faire une carrière. Donc c’est quelqu’un qui a bien travaillé à l’école, qui est insérée dans la vie, qui a un métier. Comme vous savez moi aussi. Il ne s’agit pas de candidatures d’apparatchiks. Je voudrais faire une remarque là-dessus concernant cette élection. Les élections départementales sont une élection de personnes. C’est un scrutin de personnes, ce n’est pas un scrutin de liste même s’il y a des binômes. Donc les gens se présentent sur ce qu’ils ont fait, et sur ce qu’ils ont envie de faire. Chaque électeur pourra en juger. C’est François Mitterrand qui a dit qu’avec les scrutins de liste, on a rapidement un monde politique d’apparatchiks, et que quand on n’a que des scrutins de personnes, on finit par avoir des assistantes sociales. Et bien ma sensibilité personnelle est que je me sens plus proche des assistantes sociales.
C’est le médecin qui parle aussi, d’une certaine façon ?
Les deux, les deux, le médecin et l’homme politique.
On connait bien les cantons dans les campagnes, parce que c’est facile à repérer, encore qu’il y a eu un redécoupage, mais en ville ce n’est pas évident. Le premier canton de Reims c’est le centre-ville mais avec des quartiers nouveaux. Il va bien falloir quand même s’y retrouver ?
La logique de la réforme, c’est déjà qu’après deux siècles d’existence, les cantons avaient des écarts de population de 1 à 10. Là il n’y aura plus d’écart que de 20%. Et tant qu’à faire on a réduit le nombre de cantons de moitié, de 4000 à 2000 en gros. Alors les formes des cantons urbains sont un peu tarabiscotées. C’est un peu compliqué à suivre, mais chacun recevra les informations avec les professions de foi. Et je ne peux que recommander de regarder sur mon blog où il y a un article qui détaille ma candidature avec la carte, avec la liste des bureaux et tous les détails qui peuvent être utiles.
Vous êtes professeur d’université, vous n’êtes pas chirurgien, mais enfin il y a quand même eu un charcutage. On pourrait dire qu’il y a eu des coups de bistouri dans ces cantons!
Il faut effectivement toujours découper pour recoudre! Mais le résultat je vous dis ne donne aucun écart de plus de 20%. Même si les découpes paraissent pour cela un petit peu bizarres, je crois que la volonté d’avoir des cantons équilibrés en population devait être une priorité.
Compétences nouvelles des conseils départementaux… on aimerait bien savoir, et les électeurs aussi, à quoi va servir le conseil départemental demain, après cette élection ?
Mon coiffeur m’a même dit: « puisqu’on ne sait pas quelles seront les compétences du nouveau conseil départemental, vous vous présentez tous pour obtenir un chèque en blanc! ».
En fait on sait à quoi va servir le conseil départemental en général. Mais ses compétences en détail on ne sait pas . On ne sait pas parce que les anciennes compétences du conseil général vont être, non pas disputées, mais réparties entre le conseil départemental et le nouveau conseil régional, puisque les régions aussi changent. Donc la répartition entre deux structures qui changent chacune, n’est pas garantie. Mais ce qui est important, c’est que, en plus avec un scrutin de personnes, le conseiller départemental c’est une force d’initiatives et un médiateur. Que ce soit dans les attributions ou pas du conseil départemental, il doit défendre, du moins c’est ma conception, tout ce qui peut être utile au bien-être des gens de son canton, défendre leurs problèmes et les faire remonter. S’efforcer de traiter non seulement ce qui est des compétences strictes du conseil départemental, mais tout ce qui concerne le canton, faire remonter cela vers toutes les structures qui sont impliquées.
Prenez l’exemple des collèges. On ne sait toujours pas s’ils resteront ou pas dans les compétences départementales. Mais pour les collèges, même quand ils étaient attribués du conseil général, le rectorat a toujours eu son mot à dire. Et bien d’autres aussi, puisque les Villes, communautés d’agglomération ou de communes, peuvent de temps en temps subventionner telle ou telle action ou investissement.
Donc, quelle que soit la structure, l’illusion qu’une attribution dépend d’une seule structure, a toujours été une vue un peu artificielle. Là encore le conseiller départemental jouera, et c’est ce que j’essaierai de faire si les électeurs me font confiance, un rôle de médiateur, de défenseur, de promoteur d’idées et d’initiatives, de rassembleur pour entreprendre. Et je m’efforcerai de faire avancer les dossiers pour le bien du canton.
Vous avez évoqué, les collèges et les collèges d’excellence dans votre canton. Alors qu’en est-il exactement de leur avenir ? On pense au collège Université par exemple ?
Le premier canton a trois collèges, publics et privés, qui ont tous vocation à être des collèges d’excellence. Concernant le collège Université la dernière décision du conseil général, c’était d’enfin le rénover. Il a été un collège prestigieux de 800 élèves avec de nombreuses options et on l’a peu à peu dégonflé parce que certains pensaient que le plus simple serait de le fermer. Donc il est revenu à l’échelle d’un collège moyen territorial. Je pense que c’est une mauvaise chose parce que c’est un monument historique et qu’il est en centre-ville. Le rénover va coûter de l’argent, plus cher que de construire quelque chose de tout bête ex nihilo dans une zone nouvelle. Et comme on va y mettre de l’argent, il faut donc qu’on en ait pour notre argent, c’est-à-dire qu’il redevienne un collège de référence avec des sections variées (pourquoi pas du chinois en première langue qui n’existe nulle part ailleurs par exemple? ) et qu’on ait ainsi à nouveau trois collèges d’excellence et d’attractivité pour le centre-ville.
Parmi les sujets, les questions, les domaines, quels sont les sujets dont vous souhaitez être porteur dans cette campagne ?
Il y a un domaine où je pense qu’aucune structure ne viendra essayer de récupérer ce qu’avait le conseil général : le conseil départemental gardera l’action sociale. L’action sociale ça va de la petite enfance où il faut s’efforcer d’aider les parents à pouvoir travailler par exemple, à trouver des solutions de garde ou d’assistance, aux personnes âgées dont il faut assurer la mobilité par des transports sur demande mais c’est aussi la question des soins de suite, la question de l’hospitalisation à domicile. Plus la tendance dans les hôpitaux et les cliniques est à garder les gens peu de temps, plus il est important que les suites soient bien organisées et que donc il y ait toute une filière continue qui permette que les soins soient efficaces. Particulièrement chez les personnes âgées où dès qu’une petite chose dérape, la situation peut s’envenimer très rapidement. Donc ça c’est quelque chose que, de mon point de vue de médecin, je ressens depuis longtemps et je serai très attentif à défendre cela quelles que soient les structures auxquelles il faudra s’addresser.
Les premiers contacts que vous avez eu avec les habitants que vous connaissez bien à Reims, les préoccupations, les sujets de conversation aujourd’hui ?
Pour l’instant c’est surtout l’étonnement devant l’incertitude et devant les nouvelles structures. La campagne débute juste, elle n’est pas tellement sur des sujets concrets. Les interrogations des gens sont déjà sur « qu’est-ce que c’est que ce nouveau canton » ? Et « que vont faire les conseillers » ? Déjà, ils ne sont plus élus par moitié mais pour 6 ans. Ils sont élus par binômes, c’est une formule totalement nouvelle. Les attributions sont incertaines donc c’est plus l’étonnement, j’allais dire la poule devant la brosse à dents. Ce n’est pas tout à fait cela mais quand même qui est la première réaction des gens. Donc il faut leur montrer que cette structure aura de l’importance et qu’il faut absolument voter aux deux tours du 22 et 29 Mars.
Cette campagne comment allez vous l’organiser? Vous allez rencontrer des personnes sur le terrain, dans les marchés, peut-être dans des rencontres, comment ça se passe ?
Je pense qu’effectivement il faut avoir le plus de contacts possibles et participer au plus de débats dans les différentes structures existantes. Je pense que c’est surtout cela être disponible. Je suis, ainsi que mon binôme Imane Mariani, disponible pour aller répondre aux questions des gens dans toute association qu’elle soit géographique ou qu’elle soit thématique, pour répondre à leurs préoccupations. Il y a une chose que vous ne me verrez pas faire, c’est la campagne rituelle d’arrachage réciproque des affiches en tournant en rond autour des colonnes d’expression libre. Ce n’est pas mon état d’esprit et ce n’est pas ainsi qu’on intéresse la population, qui regarde cela de façon assez méprisante.
Aujourd’hui on ressent une forme parfois de désintérêt pour le politique, comment réhabiliter un petit peu tout cela ?
Je crois déjà que les scrutins de circonscriptions et de cantons sont importants parce que les électeurs veulent savoir à qui ils ont à faire. Ils veulent savoir ce que les gens ont fait, quel est leur réel parcours professionnel, et ce qu’ils s’engagent à faire. Je crois que c’est déjà à partir de cette notion de base que la population peut se réapproprier la politique vue l’énorme discrédit des appareils et donc des élections d’appareil que sont les scrutins de liste, sans rature possible. Et puis, ensuite, il faut faire le travail si on est élu. C’est-à-dire que c’est sur ce qu’on a fait que les gens vous réélise, ou c’est sur ce qu’on a fait dans un mandat que les gens peuvent penser que vous pouvez être utile dans un autre.
Justement vous avez évoqué le collège Université en disant que c’était important pour le patrimoine, et dans le premier canton il y a des endroits où le patrimoine est très important. Et là vous avez d’une certaine façon une petite avance parce qu’en tant qu’adjoint au tourisme vous avez pu évaluer l’importance et la richesse de ce patrimoine, en particulier au centre-ville ?
Absolument j’ai été adjoint au tourisme, au patrimoine, aux relations européennes et internationales. Ce qui a consisté à faire connaitre notre patrimoine et à l’utiliser pour la renommée de notre ville. Et il faut que les Rémois aient la fierté de leur patrimoine. Ce que nous avons fait en terme d’illuminations sur la cathédrale a été unanimement apprécié parce que justement c’est le patrimoine de tous les Rémois. Et tous les Rémois en sont fiers et sont fier de la montrer au monde entier avec un éclairage nouveau et moderne. Et bien cela j’espère continuer à y participer. Là encore ce n’est pas forcément l’attribution unique du conseil départemental, encore qu’il a effectivement le patrimoine. Mais il s’agit de réunir toutes les bonnes volontés pour agir dans le bon sens avec toutes les structures concernées, pour le meilleur impact et le plus grand profit pour les Rémois.