Emission enregistrée sur RCF Reims mercredi 17 juin : https://rcf.fr/actualite/la-fausse-bonne-idee-de-la-suppression-des-bacs
AV: Bonjour Jacques Cohen, merci d’être avec nous pour ce nouveau numéro de chronique d’actualité. On va parler du bac. Mercredi c’est le grand début avec l’épreuve de philosophie. On ne va pas disserter même cela aurait été un sujet intéressant. On va plutôt se poser la question de l’utilité du bac. Un événement qui est sacralisé dans la société française, qui marque la fin du lycée, l’entrée après dans le grand univers des études supérieures. Alors Jacques Cohen, la question peut paraître brute, même s’il va y avoir une réflexion, mais le bac qu’est-ce qu’on doit en penser ? Est-ce que c’est utile ?
Je pense que cela reste tout à fait utile. Sous réserve de considérer qu’il n’y a pas un bac mais des bacs.
Il y a un examen national centralisé qui représente une évaluation de tous les étudiants et on n’a rien trouvé de mieux. Au moment où l’on parle de le supprimer, c’est un serpent de mer, on voit des missions venir des USA regarder comment on fait pour avoir une comparaison entre les écoles. Parce que le contrôle continu c’est pas mal mais le contrôle continu c’est entre soi, c’est pas anonyme etc. Donc l’examen centralisé reste une tradition française d’une part, mais aussi une garantie que d’autres nous envient parfois.
Il y a des bacs, parce que ce n’est pas la même chose de passer un bac général, un bac techno, un bac sciences sociales, un bac pro etc. Malgré l’illusion du nom, les différents bacs ne conduisent pas à la même chose.
De même il y a malheureusement une inflation des mentions. Autrefois il y avait très très peu de mentions « très bien », maintenant il y en a nettement plus. Les mentions « bien » deviennent aussi assez courantes. Donc on se retrouve avec des établissements qui ensuite font leur choix, leur tri, avec des mentions qui n’ont plus la même valeur qu’il y a une quinzaine d’années. Néanmoins les mentions font la différence, avoir un bac sciences sociales sans mention obtenu à l’oral de rattrapage et avoir un bac S renforcé maths avec mention « très bien » n’ouvrent pas les mêmes portes.
Certains disent que le carnet scolaire permet déjà de voir et de corriger les discordances entre établissements. Mais la meilleure façon de le faire c’est d’avoir une épreuve de recalage et cela reste utile.
L’autre aspect social en quelque sorte, c’est de rappeler que c’est une ouverture vers la vraie vie. celle où tout se paie cash, où l’on est responsable de ce qu’on fait. Et donc on passe ou on ne passe pas l’épreuve. On a une bonne ou une mauvaise note selon les efforts qu’on fait. L’effort n’est pas une valeur qu’on doive abandonner.
Le baccalauréat, vous l’avez dit, il y a plusieurs études qui sont menées, aussi bien pour faire un écrémage du niveau du bachelier mais également il y a un aspect sociétale important, c’est un marqueur psychologique, un tournant.
En effet il n’y a plus le conseil de révision!! Le bac est resté le seul marqueur institutionnel événementiel du passage à l’âge adulte. C’est quelque chose qui est aussi important de ce point de vue là, du point de vue sociologique.
Si on reprend un autre aspect important, c’est que, selon les pays, l’examen de fin d’études secondaires donne ou ne donne pas l’accès à telle ou telle filière d’enseignement supérieur. Il y a des pays où c’est la sanction des études passées et toutes les études suivantes se passent sur des concours qui sont, soit sur dossier, soit sur entretien, soit sur épreuves. Et dans l’autre cas il y a des pays où avec le bac on peut entrer partout. On se range plutôt dans la seconde catégorie même si on triche allègrement et qu’on ne peut pas rentrer partout avec n’importe quel bac.
Donc on a un système ambigu de libre accès un peu restreint dans les études supérieures et donc un bac à double fonction. Sanction des études précédentes et porte d’entrée. Ce n’est pas totalement vrai, ce n’est pas le seul critère puisque les pré-inscriptions se font avant, parce que le dossier scolaire compte etc…. Mais si le bac donne un résultat catastrophique alors que le dossier était encourageant, dans les filières sélectives cela va poser des problèmes pour s’inscrire à telle ou telle prépa. Donc cela reste un élément tout à fait important.
Il y a les prépa, c’est la première porte vers les grandes écoles, il y a tout ce qui est IUT même, si là, c’est moins sélectif que les prépas ?
Je vous ai dit il y a DES bacs donc on a pris un exemple avec les prépa mais il y a des filières de BTS, d’université, des filières spécialisées comme médecine par exemple. On rentre directement dans d’autres structure que des prépas donc il est important de comprendre qu’il y a des bacs, que chacun d’entre eux termine quand même un cycle, c’est-à-dire donne ce qui était la situation antérieure et ouvre plus ou moins les portes suivantes. Alors il y a toujours des gens célèbres qui ont réussi sans le bac mais c’est quand même plus facile avec.
On peut regarder à l’étranger. Beaucoup de pays en Europe ont la même structure, c’est-à-dire quelque chose à la fin des études secondaires. Les Etats-Unis ont un système complètement différent, on en parlera peut-être une autre fois puisque les bachelor degrees BA et BS sont à cheval c’est-à-dire qu’ils commencent un peu après le brevet et ils se terminent un peu après le bac. C’est un système qui est différent du nôtre ce qui pose d’ailleurs des problèmes aux les étudiants pour passer d’une filière à l’autre.
On avait encore d’autres questions, notamment les flières technologiques et pro à qui on veut réserver quelques places, notamment à certains niveaux d’études après le bac, c’est un autre débat, on n’a plus le temps.
Et aussi la flexibilité de ce que certains élèves se révèlent plus efficaces à un âge plus avancé que d’autres et qu’on a un système qui est plutôt couperet. Il faudrait avoir quelques modalités de rattrapage de ces décalages.