Chronique du 8 mars 2019
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On l’a attendu un peu plus longtemps que d’habitude, mais il est avec nous ce vendredi soir JC, JC bonsoir.
Bonsoir.
En ce jour des droits de la femme, ce vendredi 8 mars, vous allez nous parler justement de comment combattre l’oppression de la femme là où elle existe, mais aussi où elle n’existe pas peut-être JC.
Exactement, je pense qu’il faut tout d’abord rappeler qu’il existe malheureusement un très grand nombre de femmes opprimées pour des raisons religieuses et culturelles la plupart du temps, et que nous avons tous à ne pas accepter cette situation.
JC, peut-être avant aussi expliquer les articles de loi qui sont en faveur de la femme en France ?
On peut voir la question dans l’autre sens, il n’y a plus aucun article de loi qui soit en défaveur des femmes, il faut rappeler qu’il y a pas si longtemps…

Nicole Mangin. Première femme médecin exerçant au front durant la première guerre mondiale. Ici dans une séance de vaccination de ses infirmières
C’est récent, j’allais dire.
Le droit pour les femmes mariées de gérer leur argent elles-mêmes et d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation du mari ne date que de 1970 et 1972. Pour vous, cela peut paraître très loin, mais il y a encore des gens vivants qui ont connu cette période.
À l’échelle de l’histoire de France, c’est vrai que c’est assez récent, alors on expliquait il y a quelques instants justement que l’oppression de la femme existe, elle existe notamment dans des pays du Golfe Jacques, mais pas seulement.
La caricature ce sont les pays du Golfe, où on avait jusqu’à l’interdiction d’avoir un permis de conduire, mais surtout on y voit ces tenues de la femme, qu’Anouar el-Sadate appelait des « tentes à roulettes » pour les tenues entièrement masquées de niqab et autres, jusqu’à porter des gants par 40°. C’est une oppression épouvantable, où elles ne peuvent pas avoir de vie sociale et où très peu peuvent faire des études, avoir un commerce, etc.
Donc tout cela, c’est quand même une oppression considérable, les pratiques de type excision, qui par exemple sont largement pratiquées en Égypte, sont également une oppression inadmissible et je crois qu’on pourrait beaucoup plus se mobiliser là-dessus qu’à partir de constatations là où l’oppression n’existe pas, ou du moins où elle n’existe pas dans les textes de loi. En plus, c’est bien de regarder le Golfe, mais on peut regarder près de chez nous.
C’est-à-dire ?
Il y a des quartiers en France que les frères musulmans peuvent tenir pour des zones libérées où la loi de la République ne s’applique pas. C’est-à-dire que l’interdiction du niqab n’est pas respectée, et d’autres pressions sont exercées qui maintiennent les femmes dans une situation d’esclavage. Il faut dire les choses carrément, et vis-à-vis desquelles on devrait avoir aussi une action de rupture résolue pour ne pas tolérer cela. Je crois d’ailleurs que les complaisances vis-à-vis des signes ostentatoires de type foulards avec des malheureuses venant expliquer qu’elles sont fières d’être opprimées ou quasiment, ce sont des choses qu’on ne devrait pas tolérer.
On vient de parler de cette oppression de la femme, il faut aussi évoquer les inégalités, notamment en termes de salaire JC.
Alors là-dessus la question est beaucoup plus délicate parce que bien évidemment, dans la loi, il n’y a strictement aucune différence. La réalité c’est que concernant le marché du travail privé, c’est la loi de l’offre et de la demande. Et la décote, si je puis dire, tient compte principalement du problème des enfants. Alors on peut faire des lois et des aides pour permettre aux femmes de faire des enfants, sans en pâtir trop au point de vue professionnel. Mais inéluctablement les préoccupations, le temps passé, le temps de grossesse non seulement, mais celui de l’élevage en quelque sorte des enfants quand ils sont tout petits, c’est inéluctablement quelque chose où la mère est plus proche que le père, même si celui-ci doit s’efforcer de contribuer le plus possible.
L’institution est différente dans le public par contre.
A moins que d’aller chercher les enfants sur l’étagère, inéluctablement les femmes y passent plus de temps. Ensuite, dans le public les salaires sont les mêmes par indice, par ancienneté, par poste, etc. Il n’y a strictement aucune discrimination. Mais là, c’est une question de trajectoire de carrière, il y a des décalages quand les femmes ne font pas les mêmes carrières parce qu’elles préfèrent, éventuellement, ou se voient imposer, plus souvent, de passer moins de temps ou d’investissement dans leur activité professionnelle. À l’inverse, il y a des secteurs qui se sont féminisés, comme la justice, comme la médecine, sans avoir besoin que l’on fasse des quotas et que l’on rentre dans les discriminations positives, dont on va peut-être parler bientôt.
JC, justement on parle oppression on parle inégalité et les discriminations positives justement, il y quand même la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui est intervenue et qui a été aussi le droit de l’Homme avec un grand H qui comprend les hommes, mais aussi les femmes.
Bien sûr, c’est celle du genre humain, même si la convention parlait des droits de l’Homme, Olympe de Gouges par exemple, voulait qu’elle soit étendue aux femmes, qui ayant le droit de monter sur l’échafaud, devaient, pour elle, avoir aussi le droit de faire de la politique et d’être élues. Donc là tout à fait, mais le grand principe de la Déclaration des droits de l’Homme c’est l’égalité de chacun des êtres humains avec les autres et non pas de faire des discriminations qu’elles soient négatives bien sûr ou qu’elles soient positives. Je voudrais vous rappeler l’article 6 de la Déclaration des droits de l’Homme.
« La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »
Décryptage…
Décryptage : il est interdit de faire la moindre discrimination dans un sens ou dans l’autre envers quelque catégorie que ce soit. On a donc dû faire des exceptions à la loi pour promouvoir une discrimination positive envers les femmes, ce qui a beaucoup d’effets pervers. D’abord parce que celles qui réussissent peuvent toujours être suspectes de réussir grâce à ces discriminations et pas par leurs propres vertus et talents. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en Allemagne mezzo voce, parce que maintenant c’est mal vu de le dire, mais quand même elle l’a dit à de nombreuses occasions, Angela Merkel est absolument contre les discriminations positives dont elle n’a pas eu besoin pour réussir et devenir chancelière et durer remarquablement à ce poste.
JC, il me semble qu’on a fait le tour de pas mal de questions, vous parliez justement des effets pervers, peut-être une dernière interrogation, est-ce qu’il y a un moyen, un jour, d’avoir une égalité parfaite hommes/femmes sans discrimination, quelles qu’elles soient, négatives ou positives comme vous l’évoquiez ?
J’espère qu’un jour, dans une société qui aura fait des progrès, on pourra revenir à la Déclaration universelle des droits de l’Homme et ne pas avoir de quotas ou de mesures particulières, parce que les femmes et les hommes sont, pour moi, tous égaux.
Merci JC d’avoir été avec nous ce vendredi, à très bientôt.
À bientôt.