JHM Cohen 25 07 21
Si l’avenir de la pandémie reste largement incertain, on peut désormais prédire raisonnablement sans boule de cristal le devenir de la quatrième vague faite du variant delta en France. Pour cela, outre ses prémices, l’exemple britannique est le principal outil. A compléter de l’évolution de l’épidémie aux Pays-Bas.
La caractéristique principale du variant Delta est sa contagiosité accrue, qui conditionne un pic étroit au Royaume Uni, dont le sommet en terme de nouvelles infections a été atteint cette semaine. Le premier ministre B Johnson a levé l’essentiel des restrictions sociales en pariant sur une gravité moindre de cette vague dont les passages en réanimation et la mortalité sont dix fois moindres pour un nombre donné de contaminations qu’à l’automne dernier. Son pari semble en passe d’être gagné. Il reste incertain si cette victoire est à attribuer uniquement à une très forte vaccination de la population ( 88% de premières doses ), à un affaiblissement spontané de la virulence de la souche, ou à une combinaison des deux.

UK Le pic de contamination est atteint. Même si celui des hospitalisations est à venir

UK hospitalisations Le pic reste modeste
C’est là que l’exemple des Pays-Bas va nous être utile: la vague y est entamée avec une montée extrêmement raide des nouveaux cas, dans une population encore moins vaccinée que la notre. Malheureusement, il faudra encore 15J pour savoir quels dégâts va y faire le variant Delta.
Une différence notable entre le Royaume Uni et la France à l’automne pour la vague précédente, fut un beaucoup plus lent passage chez nous du virus des populations jeunes vers les populations plus âgées et plus vulnérables. La contagiosité accrue du variant devrait cette fois atténuer cette différence. Et nous fournir un pic en plein mois d’Août. Mais nous ne pouvons encore dire s’il conduira 3000 ou 10 000 personnes en soins intensifs. Quoique le premier chiffre soit le plus probable.
Il faut noter que la nouvelle contagiosité rend illusoires les demi-mesures de restrictions sociales prises par exemple dans les transports. Et les délais accordés de mise en place font irrésistiblement penser à la planification de l’effort de guerre en 39-40 pour être prêts en 41 et prendre l’offensive en 42. Cette fois, le pic d’août aura eu lieu avant l’échéance des multiples délais de grâce des pass et conditions d’accès. Corollaire important, notre niveau de vaccination rend illusoire également toute tentative de supprimer la circulation virale par ce moyen. Et inutiles les risques de myocardites pris en vaccinant les jeunes garçons pour la protection de plus âgés, public cible à protéger directement en tentant de les vacciner par tous les moyens.
L’avenir de l’épidémie.
Il faut là reprendre une boule de cristal. Si certains pensent que derrière cette quatrième vague, le virus enfin assagi va nous laisser tranquille et veiller lui-même contre les résurgences de variants plus virulents. J’en doute, penchant plutôt pour une évolution plus chaotique à court et moyen terme, dont l’hypothèse d’un bouquet final de variants graves avant la disparition ou l’atténuation du virus. Un paramètre très important pour en juger est la solidité de l’immunité acquise, naturelle ou vaccinale. Non pas jugée dans des cultures virales, mais dans la vraie vie par les recontaminations sérieuses avec signes cliniques. Il semble que le variant Gamma ( Brésil ) en ait été capable à Manaus. Au Luxembourg tout récemment on a constaté que le variant delta ne supprimait pas Gamma, capable non pas d’une « remontada » mais d’un « retorno » puisqu’il parle Portugais !!! D’autres variants jusqu’à Omega et au delà se profilent comme un californien par exemple, certains avec des mutations inattendues hors des positions classiques sur le spike.

Huit jours après sa remontée, le retour de gamma n’a pas effacé delta qui remonte un peu proportionnellement. Réciproquement delta malgré sa forte contagiosité, ne semble pas capable d’éradiquer les autres souches.
On peut dire que ce variant delta et sa 4éme vague sont les resquilleurs de l’été. Grâce à sa contagiosité, il s’est glissé en jouant des coudes devant les variants courant en demi-fond pour la vague automnale. Ce qui ne veut pas dire qu’il va éviter celle-ci.
Nous avons eu avec le vaccin, une bonne surprise initiale de vaccins efficaces, de tolérance acceptable, créés en moins d’un an. Nous nous sommes enhardis à penser qu’en 2 campagnes vaccinales, nous pourrions nous débarrasser du virus fin 21 début 22. C’est assez peu probable s’il faut compter avec une immunité peu durable et accessoirement, un accroissement des effets secondaires avec des injections itératives. Il faut donc non seulement poursuivre la recherche et les progrès en matière de vaccins, mais continuer à chercher de nouveaux médicaments, après la chasse infructueuse aux repositionnements de médicaments existants. Et reprendre les options de tests massifs ou localisés avec isolement strict des porteurs pour réduire la circulation virale résiduelle après un pic.
Encore une fois, des tests génomiques sensibles réguliers ouvrant pass de 4 jours à condition d’être également vacciné ou en catégorie avec dispense, seront la seule solution pour éviter toute restriction sociale et économique durant les prochains pics.