Jacques HM Cohen 13 4 23
Sur les ondes de RCF: LIEN
La chronique d’actualité avec le Professeur Jacques COHEN. Jacques bonjour.
Bonjour
Et aujourd’hui à l’intérieur de votre chronique Professeur vous voulez nous parler de l’eau et du décroissionnisme Jacques COHEN. Il va falloir nous faire une petite photographie. Pourquoi nous parler de l’eau aujourd’hui ?
Parce qu’on a vu un changement radical et une étape cruciale franchie par le courant que j’appelle décroissionniste, c’est à dire pour la décroissance et qui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, considère qu’il faut qu’elle se réduise et non seulement qu’elle se serre la ceinture, mais probablement qu’elle se réduise en nombre sur la planète et ainsi de suite et en commençant par les pays développés, c’est à dire par chez nous,

une cascade de filtres pour osmose inverse. (Veolia )
Parce que c’est un comportement de secte millénariste qui pense que nous sommes dans les derniers jours de la fin du monde et qu’il faut donc l’accompagner pour monter au ciel, si je puis dire, de la façon la plus vertueuse possible par rapport au dogme de cette nouvelle religion.
Alors concrètement Jacques COHEN, que se passe-t-il au niveau de l’eau dans le monde et peut être chez nous aussi en France ?
C’est chez nous que c’est le plus spectaculaire. Il est vraisemblable que le réchauffement climatique conduise à des pénuries plus importantes qu’autrefois comme période, c’est à dire des sécheresses et on envisage de répartir la pénurie, et alors de façon variable.
Comment ça on répartit la pénurie Jacques COHEN ? Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Il y a deux façons de faire, les agriculteurs veulent de l’eau donc ils veulent des bassines et les écologistes décroissants, décroissionnistes, c’est un peu difficile à prononcer, eux, considèrent qu’il suffit de réduire la part d’eau de nos agriculteurs pour qu’il en reste assez pour prendre une limonade à la terrasse du bistrot et qu’il y ait de l’eau pour tout le monde, sauf les agriculteurs. Donc les mesures proposées sont, par exemple, d’augmenter les tarifs de l’eau en leur disant, on vous en donnera les premiers m pas trop chers, mais après cela va taper et puis on va dire aux gens que c’est très vilain de prendre des bains, etc. … Tout ce qui correspond en quelque sorte à une lutte contre le plaisir, qui est le raisonnement fondamentalement masochiste de toutes les sectes millénaristes. Tout cela est ahurissant, parce que les solutions existent. Il faut les chercher ailleurs, parce que, comme d’habitude, on ne regarde pas ce qu’il se passe ailleurs. Si vous prenez les pays du Golfe et si vous prenez Israël et la région du Moyen Orient ou par définition, si je puis dire, il y a une pénurie d’eau chronique. On a cru longtemps pour le Moyen Orient que la guerre qui allait venir était celle de l’eau et que manquant d’eau avec une grande langue sèche, les gens allaient se battre âprement là-dessus. Or, la solution technique, c’est tout simplement le dessalage de l’eau de mer. On sait fabriquer de l’eau douce à partir de l’eau salée par une technique qui s’appelle l’osmose inverse, qui consomme environ 3 kw par m3 d’eau et donc, il faut de l’énergie. Alors dans le Golf et dans le Moyen Orient le raisonnement c’est que cette énergie va être du pétrole ou du gaz . Mais il y a une autre source, bien sûr beaucoup plus économe pour la planète, qui est sans CO2, qui est le nucléaire et donc, au lieu d’annoncer que l’on va modifier le tarif et réduire les bains, il est quand même tout à fait raisonnable d’essayer de calculer ce qui nous manque et de calculer ce dont nous aurions besoin. Entre 10 et 15 usines de dessalage, appuyée chacune soit, sur une grosse centrale nucléaire, soit trois petites centrales dans les modèles que l’on envisage ultérieurement. Après cela peut être au bord de l’eau, mais aussi cela peut être beaucoup plus loin parce que l’on sait faire des aqueducs et il peut y avoir un aqueduc pour amener de l’eau salée, il peut y avoir un aqueduc pour emmener de l’eau douce, tout dépend, mais nous avons largement les moyens de développer cela et nous avons, non pas le temps, mais nous sommes dans les temps, c’est à dire qu’il faut prévoir cela pendant 10-15 ans et si on se décidait à faire cela, nous arriverions à le faire tout à fait raisonnablement. Mais la question n’est même pas envisagée, parce que les décroissionnistes, eux, ont une solution toute trouvée, c’est de liquider l’agriculture en Europe, après avoir pourri la vie des agriculteurs qui étaient pourtant autrefois une puissance politique formidable, rappelez-vous le pouvoir de la FNSEA, il y a encore une dizaine d’année. On a déjà obtenu que les organismes génétiquement modifiés soient diabolisés en masse et en bloc, alors qu’il s’agit d’une technique. On peut faire des choses intéressantes et des choses nuisibles avec une technique moléculaire, ce qui n’a strictement rien à voir. La sélection des espèces est pratiquée par l’espèce humaine depuis au moins 10 000 ans et peut être même un peu avant. Donc simplement, ce sont des moyens et donc on a décidé que ces moyens étaient interdits et on voit chez les puristes se développer l’interdiction de produits que tous les autres développent. C’est à dire que sur la planète nous allons bientôt être un îlot renonçant à la production agricole et comme c’était une des industries exportatrices de notre pays, c’est à dire que nous nous acheminons doucement vers la réserve d’indiens pour les touristes du reste du monde, réserve d’indiens qui fabriquera des sacs de luxe. C’est à peu près tout ce qui nous restera et encore tant que l’on n’a pas remarqué que ces sacs sont en cuir et puis on les fera en plastique, si on arrive à persuader les gens que c’est très bien d’acheter des sacs en plastique et ce sera, bien sûr, un plastique biologique, etc…
Après les OGM et les produits phytosanitaires, où là encore, il y a des produits tout à fait inoffensifs pour la santé humaine. D’ailleurs, les décroissionnistes s’appuient sur des produits dont certains sont interdits depuis 30 ans, comme le chlordécone, pour dire qu’il faut rejeter les produits phytosanitaires en bloc et qu’un modèle productiviste est devenu une insulte. Augmenter la production par rapport aux plantes sauvages, c’est par définition, ce que l’on fait depuis très longtemps et c’est la seule solution, si justement on veut donner à manger à tout le monde sur la planète et c’est indécent de parler de réduction quand il reste encore une large partie de la population du monde qui ne mange pas à sa faim, préserver l’environnement en y consacrant des surfaces modérées et non pas toute la planète et si à l’échelle de 50 ans à un siècle, la population de la planète va plafonner. Alors que les décroissionnistes croient à un modèle exponentiel, tous les signes indiquent que l’espèce humaine se régule et qu’on va bientôt plafonner, mais effectivement, il faut encadrer la période du pic puis du plateau qui sera moindre avec des moyens de progrès et non pas des moyens réductionnistes. Il y a eu une surprise politique ces derniers temps de l’ordre de celle de voir l’acquiescement français généralisé au modèle décroissionniste sur l’eau.
Où cela cette surprise ?
En Hollande, les hollandais ont une agriculture tout à fait significative et elle est respectueuse de l’environnement parce que c’est un tout petit pays. Si leurs porcheries sentaient comme chez nous cela se serait mal passé depuis longtemps. Ils ont donc des normes strictes, mais les décroissionnistes, là-bas, ont continué à appuyer sur les fonctionnaires de Bruxelles pour dire qu’il fallait réduire de 30%, je crois, l’agriculture du coin et, non seulement les paysans ont râlé, mais ils se sont rebiffés en obtenant un soutien colossal de la population. C’est un peu comme si en France les gilets jaunes avaient eu un débouché politique et non pas une jacquerie. Les partis traditionnels se sont retrouvées totalement ringardisées, les parties au pouvoir ont terminé les élections à 36%, l’extrême droite n’a pas pu coiffer ce mouvement qui a réussi à monter une issue politique dont on doit regarder avec attention ce qu’elle va devenir. Alors elle peut dériver, elle peut s’étioler, elle peut se fragmenter, elle peut n’être qu’un feu de paille, mais on a l’impression que le soutien massif de la population hostile à ce courant décroissionniste est un phénomène nouveau et une opposition que l’on peut dire assez ferme. Alors que si on laisse faire les décroissionnistes, on aura malheureusement des choses tout à fait désagréables parce qu’effectivement certains courants voudront jeter le bébé avec l’eau du bain, parce qu’ils veulent que l’on ait plus le droit de les baigner et refuser toute solution européenne avec comme raisonnement le plan européen du champ à la fourchette qui veut réduire l’agriculture en Europe est un non-sens. Alors ce n’est pas la solution, il faut indiquer fermement qu’un certain nombre de pays annoncent qu’ils n’appliqueront pas ce plan et la Commission Européenne sera bien obligée de s’incliner et donc sans remettre en cause l’Europe elle-même et l’Union Européenne elle-même. Mais pour l’instant, on voit se profiler un affrontement ou du moins on a un courant en quelque sorte décroissionniste qui pense avoir passé des étapes décisives pour imposer ses desseins à l’ensemble de la population et on voit s’esquisser, selon les pays, une opposition plus ou moins structurée, plus au moins, j’allais dire, dynamique au sens active et non pas seulement déplorant la situation, ce qui peut conduire à des changements politiques radicaux en Europe et également à des changements sur la politique menée. Nous pouvons en Europe rester exportateur, nous pouvons produire de la bonne nourriture sainement, sans effets secondaires, à condition de ne pas s’aligner sur un courant décroissionniste, dont je voudrais donner encore un dernier exemple. Il a pendant longtemps, ce courant, essayé de ménager le lobby agricole pour ce qui est de la pollution de l’air. En ciblant un ennemi à la fois et d’abord l’industrie automobile. Or, vous savez peut-être qu’à Reims les particules fines sont pour la moitié produites par l’agriculture des alentours et donc pendant très longtemps des associations militantes, comme ATMO, à qui on a imprudemment délégué le contrôle de la pollution ont expliqué en long, en large et en travers, tout le mal qu’elles pensaient des voitures en évitant de parler de l’agriculture. Maintenant, elles commencent à revenir sur le sujet en expliquant qu’effectivement c’est l’agriculture qui produit un certain nombre de particules fines. Reste à savoir si c’est réellement nuisible. Mais cela est une autre question sur laquelle on reviendra un de ces jours.
Merci Professeur Jacques COHEN de nous avoir éclairé. On vous dit à très bientôt. Sans plus tarder plus de précisions sur votre blog jhmcohen.com. A bientôt.
Dans une semaine ou deux, comme d’habitude, car j’ai toujours du retard.

usine de dessalage israélienne
Un peu de technique :
https://www.encyclopedie-energie.org/le-dessalement-deau-de-mer-et-des-eaux-saumatres/
Que disent les écologistes décroissionnistes du dessalage de l’eau de mer ? Qu’il consomme de l’énergie, chaleur ou électricité. Mais on peut en produire et même renouvelable. Qu’il produit de la saumure perturbant le milieu marin. Les saumures de l’osmose inverse sont au départ à 40g/L de Nacl. Ce qui paraît élevé à qui a oublié que l’eau de mer est à 27g/L. Si on dilue en eau de mer au 1/4 il ne reste déjà que 10 % d’excès de salinité. Des dispositifs de dilution mécanique en eau profonde réduisent l’hypersalinité à un niveau négligeable. Le bilan global du dessalage est parfaitement neutre car l’eau dessalée par définition finit par retourner à la pluie ou à la mer.
Dernier détail : le leader mondial des procédés industriels de dessalage est la société française Veolia. Nul n’est prophète en son pays….

principales technologies de dessalage de l’eau de mer.
Un seul étage, de petits volumes, le plus mauvais rendement pour cette installation pour bateau de plaisance. Un installation industrielle consomme environ le tiers.

8kWh/m3 soit trois fois plus qu’une installation multi étage ou combinée industrielle.
L’exemple israélien: