La chronique d’actualité avec le Professeur Jacques Cohen avec nous par téléphone. Professeur, Bonjour.
Bonjour.
Et en cette fin d’année, vous nous parlez d’un sujet qui fait écho bien évidemment sur les chaînes d’information, dont les auditeurs de RCF ont certainement entendu parler, d’ailleurs sur les programmes aussi de RCF. La dermatose nodulaire contagieuse bovine, qu’on appelle de manière plus courante la nodulose bovine, un imbroglio réglementaire international, c’est le titre de votre chronique d’actualité aujourd’hui, Professeur. Quel est le fond du problème ?
C’est du moins le fond ou l’arrière-fond du problème, c’est que l’aspect scientifique de la question est surdéterminé par un aspect réglementaire, lequel est géré de façon j’allais dire tranquille et en fait archaïque, et que donc les solutions prophylactiques et thérapeutiques ne correspondent pas du tout à ce qui pourrait être fait. Et du coup, les éleveurs ne comprennent pas très bien qu’un coup on abat, un coup on vaccine, et on va essayer d’expliquer l’arrière-plan de cette affaire.Lire la suite →
Le ministère de la santé s’intéresse à l’endémie à bas bruit de la souche frappant les homosexuels masculins à partenaires multiples, sans pour autant être capable de l’éradiquer et n’imagine aucun mesure différente pour le clade généraliste épidémique en Afrique quand il va arriver.
Le clade « homotrope » a mis deux ans à s’installer comme endémie sporadique. l’autre clade « généraliste » mettra moins de temps à diffuser, mais n’aura pas le caractère explosif d’un virus respiratoire comme la grippe par exemple. Au passage, je pense que les experts de l’HAS font une erreur d’analyse en parlant de « queue d’épidémie » pour le souche de 2022. A environ 150 cas par an dans une population cible en fait assez restreinte, cela montre qu’ils n’ont pas compris l’installation endémique de la souche avec résurgences à partir de squames secs ou traces desséchées sur les tissus ou les objets, situation habituelle des poxvirus.
Pour contrôler la diffusion du clone de l’épidémie de 2022 devenu endémique, un test d’immunité anti Pox à gros débit en laboratoire serait également à mettre au point en choisissant entre test Anticorps, simple à mettre en œuvre si on peut trouver le bon antigène, ou test de provocation cellulaire in vitro bien plus lourd. Des lésions mineures pourrait avoir été confondues avec des Herpes.
Les mesures clés pour le nouveau clade seraient des tests minutes de terrain de détection virale directe et l’isolement des malades pour 3 semaines avec désinfection des locaux où il y a eu des patients avec bulles. Ce que le ministère de la santé n’imagine pas. La lettre du DGS G Emery à tous les médecins n’envisage même pas l’éviction scolaire des enfants atteints ou d’un parent atteint.Les mesures clés pour le nouveau clade seraient des tests minutes de terrain de détection virale directe et l’isolement des malades pour 3 semaines avec désinfection des locaux où il y a eu des patients avec bulles. Ce que le ministère de la santé n’imagine pas. La lettre du DGS G Emery à tous les médecins n’envisage même pas l’éviction scolaire des enfants atteints ou d’un parent atteint.
En effet, la contagiosité accrue du nouveau clade épidémique actuellement en Afrique, rend illusoire un contrôle par la simple vaccination en cercle autour des cas avec un vaccin Bavarian Nordic qui n’a atteint que 2/3 d’efficacité sur la souche moins contagieuse de 2022 avec 2 injections à un mois d’intervalle et à peine 1/3 d’efficacité pour une seule injection. Chiffres sans doute surestimés par l’abstinence induite par la douleur majeure des lésions virales muqueuses. Durant sa phase contagieuse de 3 semaines, sans isolement strict, un sujet atteint aura largement le temps de diffuser du virus dans son entourage même si on le vaccine.
Jugement des âmes à Moissac. Ce sujet dont les chiens lèchent les lésions est représenté avec des lésions varioliques typiques dont il est décédé.
Cet article sera moins « grand public » que les précédents. Sans pour autant entrer dans trop de détails pour le non-spécialiste. Le lecteur pressé pourra se contenter du « message à rapporter à la maison ».
Deux grandes sections sont à considérer : l’évolution des épidémies de mPox et d’autres Pox dans notre espèce, la panoplie des traitements et vaccins disponibles, et ceux qui seraient souhaitables de mettre au point.
Tout d’abord un message à rapporter à la maison pour les gens pressés :
Take Home message
= si la souche de mPox actuelle donne une épidémie significative en pays développés avec une mortalité supérieure au 1 % chez l’enfant et que le vaccin Bavarian Nordic se révèle incapable de juguler les premiers foyers en vaccination en cercle, il faudra recourir au vaccin historique, qui lui est certainement efficace, mais non dépourvu d’effets secondaires. Sa disponibilité est dépendante des USA , probablement de la Chine et peut-être de la Russie.
= Si l’épidémie présente reste peu grave en pays développés, ce ne sera pas une raison pour attendre la suivante, inéluctablement plus contagieuse et plus mortelle, pour développer de nouveaux vaccins tués avec de nouveaux adjuvant et co-adjuvants, associables à des vaccins mRNA.
= Ce qui ne dispensera pas en attendant de reconstituer notre stock de vaccin historique « seconde génération » dont nous sommes dépourvus actuellement.
Mes précédents sujets sur la variole et les Pox virus :
Ce sujet tente d’expliquer les données du problème à un public non spécialisé, éventuellement même à des décideurs par définition incompétents. Seule au monde, la Suède prend ses décisions dans un conseil de spécialistes dont les avis sont aveuglement suivis par le pouvoir politique….
Après une épidémie d’un clade de Mpox à transmission par effraction muqueuse ayant contaminé essentiellement des homosexuels masculins en 2022, une épidémie d’un autre clade de plus forte contagiosité par contacts non sexuels de proximité touche en RDC plus de 15000 personnes ? Sa mortalité est bien élevée que celle de l’épidémie précédente, globalement de 3 %, en fait de 1 à 10 %% selon l’âge. L’arrivée en Europe de cette souche n’est qu’une question de temps. L’ampleur de ses foyers est imprévisible et les mesures envisagées par les pouvoirs publics d’une grande imprécision sont essentiellement calquées sur l’épidémie précédente alors que la seule chose certaine est que la dynamique épidémique de la souche actuelle ( clade 1 ) sera très différente.