Le Serpent de mer du Camping de Reims

« L’Union » a titré un article « les touristes réclament un camping à Reims » dans son édition rémoise du samedi 9 Août. On apprend dans l’article qu’il s’agit en fait de 40 demandes par mois auprès de l’Office de Tourisme à la belle saison … ce qui relativise la chose. « L’Union » indique aussi que depuis 1997 plusieurs études ont été menées mais dont on ne connait pas les conclusions. L’ancien adjoint au Tourisme rapporte ici les conclusions auxquelles il était arrivé. Elles compléteront les opinions publiées.

Hôtellerie de plein air = un camping ?

JM Beaupuy dans l’équipe Schneiter avant 2008 avait lancé le programme d’un camping qui devait couvrir les différents segments de l’hôtellerie de plein air. Cette volonté de solution unique et globale, jointe à un choix malheureux d’emplacement ont conduit à retoquer ce projet. La structure était prévue en contrebas d’une bretelle d’autoroute. Les services de l’État échaudés, si l’on peut dire, par l’incendie d’un camion citerne en Espagne l’ont catégoriquement refusé. Mais surtout, voulant satisfaire tous les segments de l’hotellerie de plein air un un seul lieu, il n’était en fait adapté à aucun : trop loin du centre ville pour les campings-cars, trop bruyant pour un camping de séjour, sans hébergements individuels suffisants pour les randonneurs. On peut néanmoins rappeler que sa réalisation était déjà budgétée à hauteur de 5M€.

Notons au passage qu’aucun investisseur n’est venu depuis 1997 demander un terrain  pour installer un camping à Reims sur ces propres deniers….

Les différents segments de l’hôtellerie de plein air.

Pourquoi parler de différents segments de l’hötellerie de plein air ? Parce que le camping a évolué depuis 1936 !! Et que ses segments actuels sont devenus incompatibles entre eux.

  Les caravanes sont surtout devenues des camping-cars. Ceux-ci n’ont plus grand chose à avoir avec les combi Volkswagen de l’époque de Woodstock.

Combi-volkswagen légendaire!!

Combi-volkswagen légendaire!!

Ils valent le prix d’une berline de luxe. Leur clientèle argentée veut être logée près des attractions touristiques.

Camping car géant... et de luxe!

Camping car géant… et de luxe! Les engins courants sont à peine plus petits!!

Les infrastructures nécessaires sont minimales, les campings-cars étant autonomes. Ils ont juste besoin, outre d’un emplacement, de réapprovisitionnement en eau et d’évacuation de leurs eaux usées. Parfois d’électricité. Cette clientèle très réelle pour Reims, de plusieurs dizaines de véhicules par jour en saison, nécessite une aire proche du centre ville à pied. Les 8 emplacements proches de la Comédie sont insuffisants. Une aire derrière le lycée Chagall n’a pu être aménagée, faute de l’accord du conseil régional pour une partie du terrain. Une aire proche de l’ancienne piscine patinoire sur une partie du parking n’attend que l’arbitrage municipal confirmant le projet.

   Le camping de passage de court séjour ( une  nuit, deux au plus ) est surtout le fait de randonneurs et pélerins. Leur total est légérement inférieur au millier par an. Saint-Sixte, la maison diocésaine, et le CIS, couvrent à peu prés les besoins. Ce public est cependant assez allergique à toute hôtellerie traditionnelle. J’ai proposé qu’on ajoute une offre de péniche hotellière à la Halte Nautique en bas de la rue Libergier ( ce genre de bateau http://www.france-passion-plaisance.fr/peniche-hotel ).  Elle ne viserait pas le public des péniches de luxe à 3 chambres. Mais à 12 chambres, elle pourrait offrir des prix attractifs pour les randonneurs de passage, tout en ne  représentant pas un hôtel « en dur »…..Une telle péniche aménagée représente un investissement de 250 à 300 000 €.   Avec un fonctionnement en DSP, on pourrait espérer amortir l’investissement en moins de 15 ans. Et cette péniche procurerait aussi une image originale à notre accueil pour un investissement relativement modeste.

Exemple de péniche-hôtel à 12 chambres.

Exemple de péniche-hôtel à 12 chambres.

 

 Le camping de séjour et vacances. Généralement d’une semaine, il exige un cadre attrayant, calme et verdoyant, de l’eau, des installations sportives. En milieu urbain, il faut donc recréer un parc paysager, une piscine, des tennis  etc… Les tentes elle-mêmes y deviennent rares. Les canadiennes et leur tranchées de drainage anti pluie ont rejoint les greniers et les musées.  La plupart des sites offrent de nos jours des chalets ( par ex au Lac du Der http://premium.secureholiday.net/fr/3753/rentals ). Les coûts de passage sont de l’ordre de 20€ /jour. Mais les chalets et autres prestations font monter la facture et il n’y a plus de grand hiatus entre ces campings et l’hôtellerie bon marché.  ( par ex à l’est de Paris:  http://www.campingchampigny.paris/hebergements/tarifs-generaux ).

Chalet d'un camping moderne dans un cadre verdoyant avec ruisseau

Chalet d’un camping moderne dans un cadre verdoyant avec ruisseau, près du lac du Der.

On peine à imaginer pour Reims cette clientèle qui recherche un contexte champêtre et ensoleillé. Il faut ajouter que les infrastructures nécessaires ne se résument plus à une simple pelouse. L’investissement se situerait entre 7 et 15 M€. Le coût du fonctionnement est lui aussi non négligeable vu le personnel nécessaire.

Un centre aquatique qui de toute façon n’a pas le même segment de prix et clientèle serait à discuter. Mais au delà d’un « Aqua Center » in-door, il serait bien plus coûteux, sans parler de la concurrence de l’Ailette à 40 km.

Qui réclame un camping de séjour pour Reims?

Outre les 40 personnes par mois d’été de l’Office de Tourisme, quelques naifs ou idéologues ( pour les autres ) du sac-à-dos-près-de-chez-soi-plutôt-que-de-voyager-ce-qui-produit-du-CO2 ( comme l’activité sportive d’ailleurs… ). Mais aussi de bonnes âmes souhaitant des investissements publics, voire candidats potentiels à une future délégation de service public, dont la collectivité, outre le financement intégral des infrastructures,  couvrirait bien évidemment le déficit d’exploitation comme dans de nombreux exemples loco-régionaux….

En conclusion:

L’ère du gaspillage est terminée. Les investissements publics doivent soit pouvoir être amortis, soit être d’une échelle compatible avec l’impact touristique et/ou d’image qu’on en espère.

L’aménagement d’une plus grande aire pour camping-car est certainement à réaliser dès que possible. Une péniche chambre d’hôtes, compléterait notre offre avec une image nouvelle à un coût raisonnable. Mais un camping de séjour serait un investissement déraisonnable. Subventionnant chaque passage au delà du prix d’une chambre dans un hôtel 4 étoiles, sans image ajoutée qui justifie une telle dépense à fonds perdus.

Une réflexion sur “Le Serpent de mer du Camping de Reims

  1. Pingback: Le serpent de mer du camping de Reims change de peau – Le blog de Jacques HM Cohen

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