CHRONIQUE du 25 octobre 2016
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AV : Vous voulez parler des policiers aujourd’hui, à la fois de ce qui s’est passé, c’est-à-dire le véhicule et les fonctionnaires de police qui ont été visés par des cocktails Molotov, et puis également la grogne actuelle, parce que, mine de rien, c’est forcément lié, les deux.
La grogne est le témoin d’un désarroi, ce désarroi est lié à un changement qualitatif de la violence à laquelle ils sont opposés. C’est une violence avec des armes de guerre, puisque les cocktails Molotov sont des armes de guerre, en bande organisée.Et devant ces opérations commando, la police que j’allais dire de proximité, la police habituelle, est en quelque sorte désarmée. Désarmée, non pas parce qu’elle n’a pas d’armes, non pas parce qu’elle n’a pas le droit de s’en servir dans ces cas-là, mais parce qu’elle n’a pas la doctrine correspondante.
Il n’y a pas eu d’explication, après ce drame, sur ce qui est parfaitement légal et permis, c’est-à-dire que les règles d’engagements ont même été modifiées en juin, et il ne s’agit pas en fait de règles d’engagement, j’allais dire individuelles. On peut regretter qu’il n’y ait pas d’explication à la mesure de la situation de la part du gouvernement et du Président, depuis une dizaine de jours, en dehors de prises de position conventionnelles, au lieu d’affirmer que devant une violence significative en bande organisée à l’aide d’armes de guerre, il y a la nécessité de riposte proportionnée. Donc que des manifestants, j’allais dire ordinaires, doivent savoir que si des cocktails Molotov éclatent il faut se disperser immédiatement, car il va être fait usage de la force, éventuellement de la force armée, ou de vraies grenades offensives qui sont tout à fait différentes de ce qui est employé en manifestation d’habitude. Toutes choses qui peuvent tuer, il faut le dire froidement, mais qui sont nécessaires face à une violence qui conduit des opérations dans un but bien précis.
Il s’agit de faire des zones libérées. Des zones où le droit de la République ne s’applique plus, pour les uns pour appliquer un autre droit, le droit de la charia, pour les autres et pour la plupart, pour qu’il n’y ait plus de droit du tout et que donc tout trafic soit possible. C’est cela, que nous devons clairement refuser. Nous devons nous donner les moyens, y compris armés, de l’éviter, car il faut absolument dissocier les manifestants, j’allais dire ordinaires, de ce genre d’opération de commando.
Oui parce que dans cette affaire c’était vraiment quelque chose… des armes de guerre, vous l’avez dit, ont été employées !
Il faut rappeler que le cocktail Molotov c’est une invention qui date de la guerre d’Espagne, sous forme de bouteilles incendiaires, pour s’attaquer à des chars de l’époque qui sont des voitures, avec des plaques de tôles et pas mal d’interstices, et puis ensuite c’est en Finlande, pendant la guerre avec l’Union soviétique que la production a été industrialisée, le modèle un peu amélioré, d’où le nom de cocktail Molotov : c’était le cocktail destiné au ministre des Affaires Etrangères d’en face, monsieur Molotov.
Et ensuite, il y a encore eu bien des progrès avec des engins qui ne s’allument qu’à l’impact, où l’on ne voit donc pas de trajectoire lumineuse qui prévient, puis avec des modifications à l’intérieur, du contenu, pour avoir soit un effet de napalm, donc un effet incendiaire, soit un effet de souffle, soit un effet j’allais dire de savon noir, rendant la rue impraticable, parce que glissante. Il faut quand même remarquer que les cocktails qui ont été employés à Sivens par des écologistes présumés respectueux de l’environnement, sont directement dérivés d’un modèle de l’IRA, de l’armée insurrectionnelle Irlandaise autrefois, qui comporte un effet de souffle qui est largement supérieur à celui d’une grenade soufflante justement. Donc ce sont des armes de guerre en différentes versions, et elles impliquent, encore plus si elles sont employées en bande, en action de commando, qu’une violence proportionnelle puisse être appliquée, avec succès, quand elles sont mises en œuvre.
Vous l’avez dit, on a revu récemment les règles d’engagements, les policiers avaient, j’allais dire la justice ou en tout cas l’arsenal, ou en tout cas la loi, avec eux.
Absolument, ils avaient parfaitement le moyen de tirer et ceux qui sont sortis de leur véhicule et qui n’ont pas tiré, auraient très bien pu le faire, que ce soit sur les lanceurs présumés ou sur quiconque du groupe, puisqu’agissant en bande organisée.
Alors il fallait le faire, puisqu’ils pouvaient. Mais est-ce qu’il fallait ?
Je n’étais pas sur place, il faut voir le contexte, mais il est parfaitement possible d’ouvrir le feu en flagrance, sur des gens qui utilisent des armes de guerre, et si c’est une action en bande organisée, il n’est pas indispensable de savoir si celui qui lance maintenant un pavé ou une boule de pétanque a lancé 10 secondes avant, ou 3 minutes avant un cocktail Molotov. À partir du moment où c’est une action en bande, le niveau de violence s’adresse à toute la bande.
Et cela c’était peut-être important de le faire savoir…
Je pense que c’est le genre de choses qui auraient dû être explicitées par le gouvernement de façon aussi, à ce que cet évènement serve d’électrochoc, qu’il indique bien comme avertissement, comme clignotant, qu’on ne peut pas impunément faire monter la violence face à l’État, en considérant qu’il n’y aura pas de riposte. Et qu’il suffira de pleurnicher, que les « flashballs » font mal, quand on en prend un. Il faut bien que soit admis que l’emploi d’armes de guerre conduit à prendre un risque mortel.
Et cela aurait aidé à ne pas faire éclater au grand jour le malaise des policiers, que l’on ressent aujourd’hui ?
Oui parce qu’ils ont à la fois cette attitude d’être restés sur le raisonnement que, dès que l’on doit employer son arme on prend des risques considérables pour sa carrière, on va avoir des tas de rapports au minimum à faire, et puis que c’est de toute façon mal vu. Malheureusement si on leur donne des armes c’est parce qu’il faut parfois s’en servir, sinon on ne voit pas très bien pourquoi ils en auraient.