CHRONIQUE du Vendredi 14 septembre 2018
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Comme tous les vendredis, il est avec nous, mais aujourd’hui c’est par téléphone, Jacques Cohen. Bonjour Jacques.
Bonjour.
Vous êtes à distance et peut-être que vous avez pris la route pour vous rendre là où vous êtes. En tout cas aujourd’hui, ce soir, vous voulez nous parler de la circulation rémoise Jacques Cohen.
Et bien, j’ai effectivement dû prendre la voiture. Mais la circulation rémoise, il faut bien voir qu’elle a plusieurs caractéristiques qui semblent méconnues ou qui ne sont pas prises en compte par les gens qui font de nouveaux plans de circulation pour l’actuelle municipalité. La circulation rémoise a une caractéristique importante qui est d’avoir une grosse circulation pendulaire. C’est-à-dire des gens qui n’habitent pas le centre-ville, mais qui viennent y travailler tous les jours, ou qui viennent de beaucoup plus loin des villes autour, et qui là aussi, viennent travailler à Reims. Ça représente plus de 50 000 personnes par jour.
Les accès automobiles ne sont pas terribles, et surtout, leurs articulations avec les transports en commun ne sont pas du tout satisfaisantes. La ligne de tram existante est trop courte par ses deux bouts. Le tram pourrait, avec des parkings relais, intercepter les circulations pendulaires lointaines du côté de Laon, par exemple, à la gare de la sortie d’autoroute vers la base 112, et d’autre part, à l’autre extrémité de la ligne vers Champfleury pour la circulation d’Épernay.
La chose a été abondamment débattue dans la préparation du tram, mais il n’y avait pas assez d’argent. Alors, il fallait absolument faire une ligne, mais on ne pouvait pas la terminer. Vous constaterez d’ailleurs que dans les deux cas, les négociations de l’opposition, à l’époque avec Jean-Louis Schneiter qui avaient pu obtenir que les terminus ne soient pas fermés ou bouclés. Dans les deux cas, il est possible de prolonger la ligne. Et même les empiétements. par exemple, à partir de la gare de Bezannes, la voie de circulation potentielle a été gardée le long de la route pour le jour où on en aurait les moyens. Tant qu’on n’a pas cela, on a une circulation pendulaire qui essaye de rentrer dans Reims, plus ou moins facilement et la réponse qui lui est apportée, c’est d’avoir refait la place devant Pommery Vranken, de réduire les voies de circulation de la rue de Venise au motif qu’il y a déjà une pollution importante – mais plus il y aura d’embouteillages, plus il y aura de pollution – et tout ça, sans tenir compte du flux de circulation. De même on voit régulièrement parler de réduire ou de supprimer la voie Jean Taittinger, alors que Reims n’a pas de périphérique, au sens de périphérique diffuseur – il y a des contournements, mais ce ne sont pas des diffuseurs sur la ville – et à ce moment, là, tout ça ne peut pas être très efficace autrement qu’en accroissant les difficultés de circulation venant de l’extérieur, et en quelque sorte, pourrissant la vie des gens qui viennent bosser à Reims, pour faire court.

La solution selon certains…..
Jacques, ce que vous nous dites, c’est que les travaux qui ont été menés plus ou moins récemment, et notamment ceux de cet été ou ceux qui sont encore en cours, c’est que ça va finalement rendre la circulation encore plus difficile, le trafic beaucoup moins fluide.
Oui, absolument, alors certains s’en vantent en appelant cela « apaiser la circulation ». cela rejoint aussi la question de la zone 30 kmh généralisée au centre-ville – nous l’avions envisagé dans la municipalité précédente -, mais avec une ligne circulaire autour de cette zone de circulation à 30 kmh, de transports en commun cadencés toutes les 4 à 5 minutes.
Là, rien de nouveau en transport en commun, on a même réduit assez sérieusement l’offre de bus depuis plusieurs années et l’idée, semble-t-il, est qu’il suffit de gêner les bagnoles pour que la circulation soit meilleure. C’est d’une part naïf, d’autre part, ça ne résout pas la question « pourquoi les gens viennent en bagnole ? ». Les transports par exemple pendulaires, sont à 90 % ou plus en voiture, les transports en commun sont très très mal pratiques, et il n’y a pas de système ferroviaire satisfaisant non plus. Et bien, si on ne regarde que le fait de faire des trottoirs plus larges et de permettre aux vélos de circuler dans tous les sens sans respecter les feux, on aboutit à une paralysie qui est peut-être le rêve de gens qui habitent l’hypercentre, mais qui n’est pas la situation normale d’une ville dont le centre est un pôle d’attraction.
Jacques Cohen, vous parlez des problèmes de circulation, mais peut-être que l’on vous répondra également qu’il y a certains travaux qui sont menés à bien, parce que ça peut permettre tout simplement d’embellir le centre-ville de Reims et la ville de Reims, d’une façon plus générale également.
Embellir c’est toujours très bien, à condition que les choses restent fonctionnelles. D’autre part, pour ce qui est des embellissements des places, je l’ai déjà expliqué, une place n’est pas définie par ce qu’il y a au milieu, elle est définie par ce qu’il y a autour. Et la grande difficulté, par exemple, la place de l’hôtel de ville ou l’esplanade devant Saint Remi, c’est que la ville en fait, autour est morte. Il y a je ne sais plus combien de pompes funèbres ou d’agences immobilières, cela revient à peu près au même, sur la place de l’hôtel de ville, et il n’y a quasiment plus rien, à part une brasserie, qui est décalée d’ailleurs, du côté de Saint Remi. Il ne suffit pas de refaire des trottoirs, de mettre quelques bacs à fleurs, d’ailleurs bien insuffisants puisque la mode est à faire des choses champêtres style mauvaises herbes, mais ça ne suffit pas à recréer une vie autour. Et donc, c’est un peu une illusion de penser qu’il suffit de refaire le macadam en le remplaçant par des pavés lisses, de mettre quelques bacs de verdure pour avoir une place à nouveau vivante. Les choses sont dans l’autre sens. Il faut trouver des moyens d’attirer une vie dans la place, et la refaire en conséquence, sinon, on obtient un désert minéral.
Jacques Cohen, je reviens sur un point de la circulation, et ce sera certainement le dernier point que l’on pourra aborder ensemble aujourd’hui ; vous dites qu’il y a cette circulation pendulaire avec la ville de Reims qui n’a pas prévu d’accueillir des usagers de la route qui arrivent de l’extérieur de la ville, et pourtant à plusieurs endroits à l’entrée de la ville, il y a des grands parkings qui sont faits pour que les gens laissent leur voiture ici, et ensuite, empruntent les transports en commun. Comment expliquer justement le taux de fréquentation assez faible de ces parkings, qui sont parfois méconnus, par les Rémois et surtout, par les gens qui viennent de l’extérieur qui ne les connaissent pas non plus ?
D’abord parce qu’il ne faut pas mythifier sur les grands parkings. Si vous regardez les parkings aux extrémités du tram actuel, le principal problème c’est que cette ligne est trop courte. Une fois que vous êtes arrivé à Orgeval ou que vous êtes arrivé à Croix Rouge, vous n’avez plus envie d’y laisser votre voiture. Si vous la laissiez un peu plus loin, les choses seraient vues très différemment.
Merci, Jacques Cohen, d’avoir été avec nous en ce vendredi, comme tous les vendredis, pour évoquer une chronique d’actualité. On se retrouve vendredi prochain. Attention sur la route, parce qu’il faudra revenir à Reims, on compte sur vous pour être dans nos studios vendredi prochain Jacques.
Absolument, je rentrerai d’ici là.
À très bientôt, merci beaucoup, Jacques Cohen, au revoir.