Le nouveau BAC commence par la suppression de son épreuve principale

Chronique du 5 juillet 2019

Sur les ondes de RCF: @lien en attente

Ce vendredi soir il est avec nous par téléphone, mais aussi pour la dernière chronique de l’année, la chronique d’actualité, JC bonsoir.

Bonsoir.

Vous êtes avec nous par téléphone, parce que c’est vrai que ces derniers jours il fait beau, il fait chaud et vous avez pris un peu de distance, vous êtes parti respirer l’air frais si j’ose dire.

L’air frais c’est un bien grand mot, parce qu’il fait plus chaud ici, comme partout ailleurs, que d’habitude. Et d’autre part j’ai joint l’utile à l’agréable avec un peu de récréation entre des rendez-vous de travail.

Mais JC, nous ne sommes pas là pour parler récréation ou vacances, même si nous sommes très heureux sur les antennes de RCF, bien évidemment que vous profitez, vous savez aujourd’hui il y a plusieurs élèves de terminale notamment et entre autres. Et d’autres candidats qui passaient leur baccalauréat cette année qui ont eu leurs résultats, des résultats du bac un peu tronqués pour certains en quelque sorte.

Alors il y a deux aspects. Il y a l’éternel retour du BAC et les incidents de cette année qui sont un peu inhabituels. Alors l’éternel retour, parce que le BAC est l’examen sacro-saint des études secondaires et que depuis très longtemps on a maintenu une mythologie, un mythe d’un BAC unique. En fait, le BAC est un examen national tout à fait pertinent, mais catégorie par catégorie.

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Bac 1810 à Cahors

Tout à fait pertinent, parce qu’il permet d’homogénéiser l’évaluation nationale. On peut toujours dire que peu d’établissements trichent et que les appréciations sont homogènes, mais c’est justement parce qu’il y a un outil qui rattraperait les dérives. Je suis persuadé que s’il n’y avait plus d’examen national la dérive de certains établissements commencerait à devenir préoccupante concernant l’embellissement des appréciations ou des notes. Donc un examen national, mais en fait un examen national qui en comporte plusieurs à la fois : il n’y a rien à voir entre un BAC math renforcé et un BAC de science sociale appliquée. Malheureusement il y a une mythologie qui est de dire que c’est toujours le baccalauréat, mais  les uns et des autres BAC n’ouvrent pas les mêmes portes. Alors on a voulu réformer en disant qu’on allait simplifier un certain nombre de choses, que le BAC c’était lourd et ainsi de suite. Mais pour avoir présidé des jurys de BAC comme enseignant du supérieur, je pense que c’est une très bonne structure même si elle est un peu luxueuse et il est exact qu’il serait un peu délicat de dire qu’on ne la garde que pour les bonnes sections et que les autres ont un bout de papier craché par l’imprimante. On est dans une situation ambiguë et la réforme l’est également, parce qu’elle n’ose pas trop dire qu’on a simplifié le BAC tout en disant qu’il faut quand même plus tenir compte du cursus durant l’année. Mais comme je vous ai dit tout à l’heure, il faut que le BAC reste un examen qui permet de recaler les pendules, si d’aventure elle se mettaient à avancer ou à retarder.

JC, vous l’avez dit en préambule de vos premiers mots, deux aspects, il y a également l’aspect également des incidents de cette année.

On a une chose originale, c’est-à-dire une grève de refus de rendre les copies, minoritaire certes, mais assez significative pour mettre une sérieuse pagaille, puisque par définition le BAC a besoin de toutes ses copies pour fonctionner. Et on a là-dessus des choses un peu étonnantes, d’abord parce que côté enseignant on est allé plus loin que d’habitude dans la fermeté de leurs revendications, alors les uns disent qu’on prend les élèves en otages, etc., les autres rappellent que le droit de grève est inscrit dans la constitution. Il est exact que là, Blanquer qui jusqu’à présent avait avancé à pas de loup avec une prudence de sioux se laisse un peu aller à une réforme vite fait en pensant que ça passe ou ça casse et que ça passera de toute façon, parce que les syndicats sont très faibles et que les enseignants sont extrêmement découragés par l’évolution de leurs conditions de travail dans un certain nombre de lieux.

Cela peut marcher, mais cela peut aussi coincer, d’autant plus qu’il a choisi une riposte qui elle pose vraiment problème. Parce que sa riposte ce n’est pas la réquisition, c’est de dire aux grévistes « bah ça on s’en fout, vous ne rendez pas les copies, on regarde le livret scolaire ». Autrement dit cela revient à donner comme réponse et comme riposte, la négation du BAC, ce qui est quand même fort de café pour quelqu’un qui est en train de le réformer tout en affirmant qu’il veut le maintenir.

JC, malgré tout ce sont des notes qui sont mises temporairement en attendant les corrections de ces copies ?

Oui, mais enfin comme il y a un tas d’inscriptions et de pré-inscriptions et de Parcours Sup rénové qui vont dépendre des notes, plus la difficulté qu’il y a à faire à une certaine échelle des corrections qui ne sont pas prévues dans les systèmes informatiques, il y a gros à parier que si les gens sont reçus et s’ils ne sont pas à ras du passage dans une mention supérieure, tout cela ne sera jamais revu. On considérera que c’est fait, c’est plié, c’est bon. Le problème va se poser pour certaines sections importantes où les mentions déterminent les types de classes prépa ou les types d’établissements possibles. Là, si quelqu’un se retrouve juste, juste à ras et qu’il peut dire qu’il aurait pu mieux faire avec un examen qu’avec son carnet, on risque d’avoir des soucis. Mais tout va se faire dans le sens de l’apaisement à mon avis, c’est-à-dire en donnant un à un ce qu’ils demanderont à ceux qui revendiqueront côté élèves. Côté prof ils vont être encore plus dépités de constater qu’au bout du compte on leur dit que leur correction on s’en fout.

Et JC, pour vous mettre un peu à la place du ministre de l’Éducation nationale, Jean Michel Blanquer, comment doit-il faire pour ménager la chèvre et le chou ?

Bah c’est toujours difficile, il a annoncé un passage en force et il semble effectivement le réaliser. Il se serait donné quelques jours pour rendre les résultats, il y aurait eu moyen de négocier. Là il a un peu choisi délibérément de ne pas ménager la chèvre et le chou.

Cela veut dire que là maintenant il est engagé, il n’y a plus de marche arrière possible ? Ce qui veut dire que finalement la grève entamée par certains professeurs ne sert plus à rien ?

Il y a un certain prix politique à considérer que finalement l’épreuve du BAC ne compte pas puisqu’on peut s’asseoir dessus. Et si finalement Blanquer ou au-dessus de lui décide d’une marche arrière, Blanquer en payera  le prix politique. Puisqu’il s’est mouillé à affirmer que les choses passeraient tout droit. Je pense qu’il ne reculera pas et que le prix côté élèves sera réglé, j’allais dire à la pièce, mais côté enseignants cela risque de continuer à charger la barque. Il ne faut pas oublier que l’un des problèmes principaux auxquels sont confrontés les enseignants c’est la dégradation des conditions de travail par la différenciation de l’enseignement selon les lieux. Il y a des tas d’endroits où l’enseignement est devenu quelque chose d’un peu fictif où les élèves viennent ou ne viennent pas, font ce qu’ils veulent, dans des quartiers qu’on dit pudiquement défavorisés, ce qui aboutit à une échelle de dégradation suffisante pour qu’on la voie dans les statistiques. Alors qu’il faut le rappeler, nos très bonnes classes restent dans le peloton de tête de tous les classements internationaux, c’est la moyenne et la distribution des notes qui nous a fait descendre. Nous continuons à avoir un enseignement d’excellence, mais nous avons une fraction de plus en plus significative d’enseignement boulet où les profs sont très démoralisés, parce qu’ils ont l’impression que l’État a renoncé et qu’ils ne voient pas comment s’en sortir.

JC, d’un mot le grand défi pour le gouvernement dans les prochaines années scolaires cela va être de redorer le blason du baccalauréat, de lui donner cette image de diplôme sacralisé quelque part.

De maintenir l’image évidemment, mais je crois que le gouvernement aura plus à faire avec le problème de maintenir l’état de l’enseignement ou de rétablir l’état de l’enseignement dans de nombreux endroits où il s’est dégradé, que de simplement s’attacher au tampon « baccalauréat » sur lequel il vient cette fois-ci de s’asseoir, en quelque sorte.

Merci JC d’avoir été avec nous par téléphone ce soir et puis de très bonne vacances à vous, parce que cette fois ça y est le 18/19 en Champagne vous le savez, ce soir c’est la dernière JC.

Je sais, mais je serai de retour au travail pour mardi soir.

Très bien, à bientôt JC, merci beaucoup.

À bientôt, au revoir.

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