Chronique du 28 juin 2019
Sur les ondes de RCF:
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Bonjour JC.
Bonjour.
La chaleur vous assomme, c’est vrai qu’il fait chaud, est-ce que ce climat, ces températures sont exceptionnelles ou est-ce qu’il va falloir s’y habituer ?
Elles sont exceptionnelles, mais récurrentes. C’est déjà arrivé de nombreuses fois d’avoir des canicules en France. Il y en a eu une très longue en 1911 par exemple, de plus de 2 mois. Mais là où on a une nouveauté, ce sont les climatisations, vous vous rappelez quand vous ouvrez votre four pour regarder dans quel état est votre quiche…
C’est donc ça l’histoire de la quiche que vous nous avez promise lors du début de cette émission ?
Voilà. Et quand vous ouvrez le four pour regarder l’état de la quiche vous prenez une gifle de chaleur. Et là quand vous quittez le studio et que vous sortez, vous prenez également une gifle de chaleur, la différence c’est que cette fois-ci c’est vous la quiche.
JC, comment faut-il faire pour vivre avec cette canicule ?
Eh bien, les choses élémentaires c’est qu’il faut boire, il faut ne pas se couvrir trop et il faut ne pas se dépenser trop.
Quand vous dites qu’il faut boire, c’est bien évidemment de l’eau ? C’est ce qui hydrate le mieux.
Bien sûr. Alors toutes les boissons alcoolisées sont proscrites, parce qu’elles sont diurétiques et donc elles favorisent la déshydratation.
La canicule, on en parle bien évidemment à l’échelle locale, à l’échelle de chacun si on s’intéresse à ce que fait l’Etat, est-ce que les mesures prises sont efficaces ?
Il faut regarder les mesures immédiates. Les mesures immédiates sont totalement symboliques et ces temps-ci rejoignent une certaine foi, pas forcément celle qui est prodiguée sur cette antenne, mais une foi ou un rituel, parce que bien évidemment il n’y a strictement rien de possible en instantané et pourtant il faut se remuer.Par exemple, on a interdit la circulation automobile, très largement d’ailleurs, plus de 60% des véhicules. Tout le périmètre de l’A86, etc.
Or, quels sont, si on les regarde, les paramètres de pollution ? On s’aperçoit que les particules fines il n’y en a pas plus que d’habitude, les oxydes d’azotes non plus, mais il y a beaucoup d’ozone. Alors là, c’est fantastique il y a plein d’ozone, l’inconvénient c’est que l’ozone c’est la biomasse et si vous regardez la carte instantanée en début d’après-midi là où le vent a diminué sur la région parisienne, vous trouvez que c’est en forêt. La forêt de Rambouillet qui est le point le plus élevé en ozone. Et la ville de Paris est régulièrement beaucoup plus basse que les forêts.
Comme il n’est pas question de bâcher les forêts et les champs, tout cela est dans l’agitation. Après on retrouve avec la surchauffe des raisonnements complètement irrationnels. Quand on lit dans le journal aujourd’hui, que de supprimer la traversée urbaine ferait baisser la température à Reims, sachant qu’elle fait moins de 1% de la surface urbaine, qu’il y a des bandes gazonnées, que son revêtement est déjà en enrobés drainants, enfin ne chipotons pas. En gros, je ne vois pas comment quelque chose de moins de 1% puisse changer sérieusement le climat de la ville, mais ça passe maintenant comme une lettre à la poste dans l’esprit des gens. De la même façon qu’il y a avait un sondage tout à fait catastrophique qui est sorti hier, qui est que je crois que 70% des Français pensent que les centrales nucléaires contribuent au réchauffement climatique par le CO² qu’elles dégagent. Comme vous le savez c’est strictement l’inverse.

En l’absence de vent sur la forêt de Rambouillet c’est l’endroit du pic principal d’ozone

Forêts d’île de France….
JC, puisque que vous parlez de la circulation, par exemple, est-ce qu’ il n’y a quand même pas des mesures à prendre si chacun s’y met bien évidemment, généralement on sait que pour que les Français, les citoyens du monde s’y mettent il faut qu’on s’attaque surtout à leur portefeuille, est-ce que par exemple on ne peut pas obliger davantage le covoiturage sur certains trajets ? Est-ce qu’on ne peut pas obliger les gens qui font des petits déplacements à y aller à pied ou en transport en commun ?
Il faut bien distinguer de quoi on parle. Si on parle de CO² on peut trouver des tas de choses, la première des choses étant que la moitié de la pollution mondiale c’est le charbon et des centrales thermiques archaïques. Donc déjà simplement même sans changer la quantité de centrales thermiques à l’échelle du globe en les remplaçant par des centrales modernes, on diminuerait des ¾ leur production de CO2, soit de plus de 25% l’ensemble du CO2 produit. Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Et si on revient au problème de température, il faut se rappeler que l’on a des tas de mesures pour isoler les maisons pour chauffer le moins cher possible. L’ennui c’est qu’on le fait généralement, ce qui n’est pas obligatoire, selon des modalités qui font qu’on y cuit très bien l’été et qu’on y cuit très bien en cas de canicule. Il faut d’abord recommencer à faire de l’architecture qui soit d’amortissement thermique passive de façon à réduire la consommation qui va être nécessaire pour les climatisations. Parce que nous sommes dans une pièce climatisée, c’est le plus agréable, mais parce que le bâtiment n’est absolument pas adapté. L
L’école française d’architecture en Extrême Orient avait fait de très belles choses dans les années 30 en utilisant le béton, parce que c’est un des matériaux qui permet les volants thermiques les plus efficaces, en utilisant des plafonds relativement hauts, des toits à double niveau, en utilisant des évacuations d’air chaud à ras des plafonds et on avait une climatisation naturelle qu’il faut retrouver. De même qu’il s’agit d’avoir des bâtiments qui au sol ont une cave ou un rez-de-chaussée en semi-enterré avec des espèces de douves, ce qui permet de faire à grande échelle la même chose que les puits dit Canadiens. Il y a d’abord des tas de solutions pour diminuer les besoins en clim et non pas les annuler, parce qu’il y a aussi des situations où malheureusement dans des immeubles, il n’y a pas d’autres solutions que la climatisation.
Et cela c’est d’abord la principale économie, ce n’est pas de faire une procession rituelle autour des bagnoles pour dire que la bagnole c’est pas bien. On va là plaquer des préjugés ou des présupposés idéologiques non justifiés qui n’ont rien à voir avec le problème concret tel qu’il est posé.
JC, est-ce que nous sommes malgré tout bien protégés si on veut se mettre à l’abri de la canicule ? C’est là le probléme des gens, là aujourd’hui, c’est comment on fait si on veut se mettre à l’abri dans ces quelques jours qui arrivent ?
Donc on demande l’asile climatique en Bretagne et en Normandie.
Quoi que ça chauffe, hier Jean Marie HENRY notre chroniqueur économiste qui est d’ailleurs en vacances en Bretagne, nous le disait cela commence aussi à chauffer à la pointe.
Oui, mais cela va diminuer. Cela va diminuer assez rapidement d’après les prévisions. Soit il y a cette solution de bouger, soit il faut utiliser des petits moyens ou utiliser de vieilles maisons. Si vous avez une maison en pierre dont les murs dépassent 1 mètre d’épaisseur, vous avez un amortissement thermique qui reste très efficace. Les canicules vraies c’est quand la température nocturne monte au-dessus de 23-25°, parce que cela ne permet pas de rattraper la nuit l’évacuation et l’amortissement nécessaire. Mais cela ne dure généralement que 2-3 jours. Si vous avez une maison avec des murs très épais en pierre cela marchera très bien. La seule chose qu’on puisse recommander aux gens, c’est rechercher là où il reste des châteaux forts, c’est là où il y a les plus beaux murs.
Eh bien, il faudra aller à Sedan il y a un très beau château fort du côté de Sedan, merci JC d’avoir été avec nous et de nous avoir éclairés sur la canicule, merci beaucoup JC.
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