Chronique du 20 septembre 2019
Sur les ondes de RCF: https://rcf.fr/embed/2177979
JC bonjour.
Bonjour.
L’actualité, professeur, aujourd’hui a été ce que l’on a appris à Poitiers, notamment des essais cliniques sauvages menés sur au moins 350 personnes, notamment des personnes malades d’Alzheimer et de Parkinson, c’est quoi cette histoire JC ? Décryptez-nous un peu tout cela.
C’est une histoire un peu lamentable, évidemment. C’est une histoire totalement non scientifique de potion magique. Un professeur a pensé qu’il a trouvé un médicament qui ne guérissait d’ailleurs pas seulement le Parkinson mais aussi d’autres maladies neurologiques dont l’Alzheimer. Cela marche aussi pour les troubles du sommeil et pour des tas de machins dans son imagination. En fait, il n’y a aucun essai contrôlé et il s’est lancé dans des essais cliniques, c’est-à-dire donner son médicament à des gens, avant d’avoir fait le moindre test de sécurité du produit et tout ce que l’on fait usuellement en matière d’essais thérapeutiques. On a là une potion magique donnée de façon sauvage,
c’est-à-dire hors de tous les cadres d’essais thérapeutiques à des sujets qui, en plus, sont priés de payer pour cela. On est dans l’exercice illégal de la médecine, dans le trafic de faux médicaments… enfin n’en jetez plus pour les chefs de mise en accusation, il va se retrouver habillé pour l’hiver. Et ce professeur n’est pas seul, il est avec son compère le professeur Joyeux, c’est-à-dire un abruti anti vaccination – pour dire les choses carrément – qui, cette fois-ci, est mouillé dans une médecine miraculeuse. Elle est d’autant plus miraculeuse qu’elle est distribuée dans un couvent, que le brevet du produit…

Un produit miracle parmi d’autres….
À l’abbaye Sainte-Croix.
Oui, le brevet du produit est tenu par le fonds Josefa et c’est donc la fondation soeur Josefa MENENDEZ qui est le déposant du brevet, lequel n’est pas accordé – j’ai regardé attentivement il y a quelques minutes, ce brevet est toujours en cours d’examen – et je crains pour eux ou plutôt j’espère qu’il ne sera jamais délivré.
JC, cela ressemble un peu à une arnaque, même à une grosse arnaque. Vous l’avez dit, les gens ont été obligés de payer pour subir des essais cliniques qui ne sont pas légaux.
Je ne pense pas que la motivation des promoteurs du projet soit une arnaque financière classique. Si j’ose dire, de façon cynique, qu’ils vendraient leurs produits beaucoup plus chers si c’était des aigrefins classiques voulant faire le maximum d’argent sur le malheur du monde et l’espoir des malades et de leurs familles de trouver des médicaments. Je pense qu’ils doivent croire à leur produit, mais d’une façon qui est totalement ascientifique et ils s’estiment Maîtres du Monde ayant inventé la potion magique. Ils sont envers et contre tous, en s’affranchissant des lois de la République. Parce que c’est une constante pour Joyeux : il donne le produit de son copain plus ou moins en douce. Cela va s’effondrer parce que l’agence du médicament est tombée là-dessus et qu’elle considère que c’est quand même extrêmement dangereux, ce genre de chose, non pas tellement sur le plan financier, mais dangereux en termes de produit. Le produit on ne sait pas comment il est fabriqué, on ne sait pas qu’elles sont ses propriétés, il n’y a pas de tests animaux au préalable. Quand on fait des tests et des études sérieuses, on a quand même de temps en temps un problème et des pépins, on a eu un pépin en France il y a quelques années, ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps avec un décès dans un essai thérapeutique tout ce qu’il y a de plus sérieux, de première administration chez l’homme après avoir fait tous les tests animaux, des tas de dosage et des tas de vérification de sécurité. Malgré cela, il y a eu un pépin. Il n’y a pas d’essais sans risques, il n’y a d’ailleurs pas de progrès sans risques, mais là c’est du risque gratuit puisqu’on ne voit pas du tout comment ce produit, d’après sa description, pourrait avoir le moindre effet sur les maladies concernées – qui elles-mêmes n’ont rien en commun. Entre les troubles du sommeil et l’Alzheimer ou le Parkinson surtout, il n’y a pas grand-chose.
JC, vous nous avez parlé de l’agence du médicament qui, forcément, n’est pas contente de cette découverte, un mot également de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn qui est obligée de monter au front.
Elle était obligée de dire qu’elle réprouve ce genre de choses et c’est tout à fait naturel, parce qu’elle a un passé scientifique qui fait que ce sont des choses qui lui donnent de l’urticaire.
JC, vous avez dit au début de cet interview aujourd’hui, vous nous avez parlé du professeur Joyeux et il semblerait que cet homme ait un passé.
Eh oui il a un passé, il a un passé à s’opposer aux vaccinations, donc à faire du mal à la santé publique de nos concitoyens, et qu’on le retrouve mouillé comme vice-président du fonds qui parraine, qui patronne – c’est le cas de le dire, toute l’opération. Cette opération montre très bien que ce personnage qui dans un cas avance le « Primum non nocere » pour récuser les vaccinations, est tout prêt à laisser prendre des risques aux patients pour un produit d’un de ses copains.
Est-ce que le plus dur JC, maintenant, ne va pas être de retrouver ces victimes, si j’ose dire, de cet essai clinique ?
Non, je pense que cela ne pas être bien difficile. D’autre part je pense que le plus probable c’est que cet essai ne leur a fait ni chaud ni froid, à part de les délester d’un peu d’argent chacun et d’avoir fait naître des espoirs qui ont été déçus chez les patients ou dans leurs familles.
Donc maintenant cette histoire comment cela va se terminer ? Vous l’avez dit certainement qu’il va y avoir un procès, d’abord des plaintes qui vont être déposées.
Les chefs de mises en accusation sont multiples, cela va de l’exercice illégal de la médecine pour l’un des deux, à la distribution de faux médicaments en dehors de tout cadre réglementaire. Je crois que cette fois-ci, ils vont être sérieusement esquintés, au point de vue peines, par le jugement qui va leur tomber dessus.
Maintenant on ne parlera plus d’un passé, mais bel est bien d’un présent qui ne leur permettra plus d’exercer la médecine ?
Si tant est que Joyeux exerçait quelque chose qui ressemble à la Médecine, je pense que non. Il était malheureusement plutôt devenu un anti Médecine pour s’en remettre à la divine providence, laquelle n’est quand même pas la plupart du temps très attentive au sort de chaque malade.
Vous regardiez justement en préparant cette émission une vidéo, cela vous rappelez des sketchs ? On a le temps de dire un petit mot JC.
Bien. Je voulais parler du délire des chercheurs. C’est quelque chose qui touche, vous allez peut-être être surpris par mon opinion, tous les chercheurs, mais à des doses modérées. La plupart se soignent. Tous les chercheurs espèrent de façon irrationnelle que leur produit fasse des miracles, mais la plupart se soignent et regardent en se confrontant à la réalité. Quelques-uns s’emballent, se détachent de la réalité et s’envolent et s’imaginent Maître du Monde et sauveur de l’humanité. Malheureusement, ce n’est pas du ressort de l’activité scientifique qui doit progresser pas à pas, par la confrontation à la réalité et pas en plaquant ses espoirs sur celle-ci.
Merci JC de nous avoir éclairés sur cette affaire des essais cliniques sauvages menés sur au moins sur 350 personnes, on le rappelle à Poitiers, notamment sur des personnes atteintes d’Alzheimer et de Parkinson, c’est à l’Abbaye Sainte-Croix, on va en entendre parler dans les prochains jours. Merci JC.