Jacques HM Cohen 13 5 22
Sur les ondes de RCF: LIEN
Bonjour !
Le nom de votre chronique aujourd’hui : la GPA, première importation de la misère ukrainienne. JC, avec cette question pour bien recontextualiser les choses, la GPA, de quoi s’agit-il ? Parce que c’est vrai que l’on s’y perd. Un coup on parle de GPA, un coup de PMA, ce genre de chose. Décryptez-nous un peu tout cela.
Les deux termes homophones proches n’ont rien à voir entre eux. Dans un cas, il s’agit de procréation assistée et dans l’autre, celui qui nous intéresse aujourd’hui, il s’agit de mères porteuses pour dire les choses carrément. Les mères porteuses sont des dames que l’on insémine naturellement ou pas naturellement, qui portent un enfant et qui le donnent ensuite à ceux qui ont payé pour. Évidemment, c’est quelque chose que personnellement, je réprouve profondément.
Je voudrais dire tout de suite que ma chronique d’aujourd’hui est l’expression de mon opinion personnelle et pas du tout celle de l’antenne que mes propos n’engagent en rien. Parce que je suis par exemple extrêmement hostile aux mères porteuses tout en étant parfaitement favorable à l’avortement, pour lequel j’ai milité et agi quand j’étais jeune étudiant alors que c’était interdit sous Pompidou, cela nous ramène à très loin. Prenons les choses du jour, ce sont les enfants de mères porteuses en France. Théoriquement, c’est strictement interdit.
Il faut noter que la GPA en Ukraine notamment, c’est la principale source de mères porteuses.
Actuellement c’est le cas, effectivement, parce qu’il faut se souvenir que l’Ukraine est un pays qui est le seul du bloc de l’Est à avoir un niveau de vie inférieur à celui qu’il avait du temps de l’Union soviétique. C’est un pays qui a plus que raté son décollage, qui a creusé et c’est d’ailleurs une des causes de la guerre. ZELENSKY avait été élu pour mettre fin au conflit du Donbass et finalement, il y avait des intérêts de part et d’autre, et donc aussi en Ukraine, à ce que les choses durent perpétuellement, car la guerre est toujours un dérivatif d’une part et une source de profits d’autre part, tout cela bien sûr sur le dos du peuple.
Les partisans de la GPA expliquent que cela existe dans d’autres pays et que l’on peut tout à fait le faire. D’abord que chez nous on fera un truc tout à fait éthique, ce ne sera pas de l’exploitation et cela, je n’y crois absolument pas ! Les bonnes sœurs de la GPA, contentes d’être perpétuellement enceintes, mais débarrassées ensuite de leurs enfants, je pense que c’est un fantasme de bonne conscience qui n’est pas la réalité. La réalité, c’est la misère qui conduit des femmes à cette situation. Il y a des pays où c’est parfaitement admis comme aux États-Unis, récemment en Israël, en Belgique où tout est permis, au Portugal pour des raisons de misère et d’importation également, mais chez nous, c’est interdit.

Fantine qui fut contrainte à vendre ses cheveux puis ses dents dans les Misérables de V Hugo
Justement, JC, puisque vous parlez des pays où c’est autorisé, je me permets, je vous interromps, mais que disent les partisans de la GPA ?
Les partisans de la GPA sont des partisans du mercantilisme total, c’est-à-dire que c’est un salaire pour un travail. Il y a certains risques, c’est vrai, les grossesses peuvent mal finir, mais on prend une assurance et les familles seront indemnisées et puis de toute façon, il y a d’autres métiers comme boxeur, coureurs automobiles ou mineur, où l’on prend des risques en exerçant son métier. Pour eux, c’est un peu pareil, mais pour moi, c’est complètement faux. D’abord, c’est une exploitation éhontée du corps de la femme et cela s’inscrit beaucoup plus dans la lignée de V Hugo, c’est-à-dire de Fantine, la mère de Cosette qui vend ses cheveux, puis ses dents. Je suis totalement en désaccord avec l’argumentation du travail comme un autre. La situation c’est qu’en France, jusqu’à présent, c’est interdit, mais quelques tours de passe-passe permettaient déjà de faire revenir les gamins ensuite, de les faire légaliser par le père présumé et ensuite, de le faire adopter par le deuxième père.
Donc vous allez nous faire une photographie de ce qu’il se passe en France actuellement, JC ?
Oui, voilà, c’est cela. En revanche, il y a déjà une première chose. Cette histoire de père présumé néglige un aspect qui est que très souvent, c’est en fait de l’adoption méconnue parce qu’il arrive que ces dames continuent à avoir des rapports avec leur partenaire habituel, que l’insémination artificielle marche moins bien que la naturelle et finalement, la livraison, si j’ose dire, ne soit pas conforme. Mais pour l’instant, personne n’y fait trop attention. Le point suivant tout à fait calamiteux c’est que là, il s’agit d’importer chez nous les femmes enceintes, de les faire accoucher sous X, ce qui normalement comporte un abandon plein et entier immédiat. Mais miraculeusement, le présumé père se réveille, reconnaît l’enfant et le tour de passe-passe juridique est joué pour avoir réussi à faire des GPA qui n’importent plus l’enfant fini, mais qui importent la mère enceinte et qui dans ce cas, aboutissent à légaliser en France cette pratique esclavagiste. Du point de vue légal, la reconnaissance post-abandon sous X n’est habituellement pas licite. Mais c’est surtout, du point de vue de la lutte contre l’exploitation du corps de la femme, quelque chose à mon avis de tout à fait négatif et j’espère que la justice sera moins passive cette fois-ci que sur les opérations consistant à récupérer les gamins et dire qu’au nom du bien-être de l’enfant, il faut finalement qu’il soit adopté en France. Sans sanctionner en aucune façon, le délinquant français alors que la GPA reste interdite et un délit chez nous.
Tout cela est un prodrome de ce qui peut se passer comme retentissement de la crise ukrainienne en France.
Mais JC, la GPA pourrait bientôt être autorisée en France ?
Légalement, non, mais en pratique, oui si on laisse faire ce genre de choses. Puisque jusqu’à présent, les partisans de cette chose arrivaient à importer les gamins après la naissance. Si maintenant ils peuvent importer la mère en cours de route, la seule chose qu’il leur reste interdite c’est de prendre des Françaises comme porteuses, mais comme justement c’est moins cher à l’étranger, ces gens qui ont le raisonnement « puisque je paye, je peux tout me permettre », n’auront aucun scrupule à le faire et à importer des malheureuses pour accoucher près de chez eux, comme s’il s’agissait de faire vêler une bête de rente achetée ailleurs. Avec le bénéfice d’ailleurs de réduire leurs frais du fait de la prise en charge de toutes les femmes enceintes par la collectivité et la sécurité sociale en France.
Le point que je voudrais souligner de manière un peu plus générale, c’est que c’est une première importation de la misère ukrainienne. Si la crise dure des mois ou des années, si les sanctions sont prises, et augmentées éventuellement, qui les payera ? Les Européens uniquement. Et comme d’habitude, c’est sur les plus faibles, les plus pauvres, que cela va finir par tomber avec une augmentation considérable des prix et de l’inflation, et ce, avec en quelque sorte une exportation de la misère. De ce point de vue-là, les mères porteuses ukrainiennes sont malheureusement des éclaireuses si on ne trouve pas une solution pour la résolution du conflit, non pas dans les quelques jours, il ne faut pas y rêver, mais dans les quelques mois. Car au-delà si nous entrons en 2023 dans une économie de guerre, le prix à payer grimpera considérablement.
C’est ainsi que se termine votre chronique, aujourd’hui, JC. La GPA : première importation de la misère ukrainienne. Il y en aura malheureusement certainement d’autres à développer avec vous. À très bientôt Professeur !
À bientôt !