Emission du 17 décembre 2014 sur RCF Reims
http://rcf.fr/radio/rcf51reims/emission/902350/942272
Lors du dernier conseil communautaire, on a appris à la fois une hausse des tarifs mais aussi une réduction de l’offre, pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez ?
Hélas, c’était prévisible. La communication de Citura est généralement de charger la barque pour vous dire ensuite à quoi vous avez échappé. Donc on annonce qu’on diminuera d’1,2 million de kilomètres puis c’est finalement 600.000 en moins et tout le monde a l’impression que ce n’est rien du tout. Sauf que 600 000 c’est 7,5% des kilomètres totaux, donc c’est déjà une réduction de service considérable.
De même pour le déficit, on ne sait pas très bien où il se situe. Sur une projection qui montre qu’on est à 40% en-dessous des espoirs de gains de parts de transport, on dit que cela fait dans les 12 ou 13 millions. Citura avait chargé la barque avec quelques « management fees » et d’autres choses comme cela, et on finit par dire que cela doit se situer quelque part vers 6 ou 6,5 mais le chiffre réel est très difficile à obtenir. De même les recettes doivent augmenter.
On ne les connait pas bien ?!
Non justement, le chiffre total de recettes, tous ces chiffres, on aimerait bien les trouver, expliqués simplement ou distribués, ou sur un site. On est obligé d’essayer de reconstituer, ce qui n’est pas toujours d’une grande transparence et la collectivité se retrouve à payer une part parce qu’il reste un déficit. Finalement le marchandage fait qu’on finit par le combler, que ce soit par l’intermédiaire de la collectivité ou par le consommateur, ce qui revient finalement à la même chose, sans remettre en cause la situation globale des transports, c’est-à-dire les erreurs d’appréciation commises et la nécessité de remettre les transports à plat. Car sinon ce n’est qu’un tour de spirale de réduction du service qui réduira la consommation, qui réduira donc les recettes et on va continuer dans ce sens entre le consommateur et la collectivité remettant au pot. D’autant plus que la collectivité sera dans une situation préoccupante d’ici 2020 parce qu’un certain nombre d’aides aux transports se terminant de la part de l’Etat, il va falloir aussi qu’elle reprenne des parts de dépenses, ce qui va conduire à rendre les transports un poste très considérable dans le budget de la ville ou de l’agglomération, si on consolide les deux. Puisque d’après le journal L’union d’il y a deux jours, on en est à 50 millions par an entre les remboursements du tram, les subventions transport etc etc.
Donc c’est un enjeu à l’échelle de bloquer les finances de l’agglomération. En sachant qu’on devra payer, il vaudrait mieux, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, payer pour remettre le système en équilibre, non pas financier mais fonctionnel, ce qui conduira à un équilibre financier. Plutôt que dans l’autre sens, de continuer à rajouter au pot à la petite semaine et laisser le système se dégrader, ce qui ne pourra que s’aggraver progressivement.
Mais est-ce que les collectivités et les élus n’ont pas peur de s’engager dans ce que vous préconisez parce que c’est quand même un changement assez radical et qu’on préfère avancer à petits pas ?
Les petits pas, c’est utile quand ce ne sont pas des petits pas en arrière. On est devant une situation difficile et il faut quelquefois prendre des décisions de changement d’orientation. Les nouveautés, il y en a une, c’est que la loi Macron qui, si tout se passe bien, va sérieusement libéraliser les transports de bus et de cars et qu’on peut envisager d’avoir un système beaucoup plus harmonieux de desserte de la zone fonctionnelle du pays rémois, et intégrer cela dans la remise à plat des transports par exemple. De même que la liaison entre les pôles fonctionnels de consommation que sont Thillois et Cormontreuil peut complètement être changée si on prend ce nouveau paramètre en vue. Encore une fois, les décisions importantes sont souvent des changements d’orientation, après il faut mettre l’application en oeuvre prudemment. Ce n’est pas le café du commerce et dire qu’on dispose de l’argent qui n’est même plus au fond des poches des contribuables locaux pour faire n’importe quoi. Mais sachant qu’on doit dépenser, je pense que ce serait plus efficace de dépenser pour le futur et une remise en équilibre que de dépenser par des petits pas en arrière qui au bout de quelques petits pas en arrière feront un grand saut en arrière.
Evidemment il n’est pas question d’une deuxième ligne de tramway, vu l’état des finances publiques ?
Bien évidemment il n’est pas question d’une deuxième ligne. Néanmoins achever la première ligne, en deux tranches à chaque bout, serait relativement logique, y compris pour son équilibre financier. La ligne est trop courte, elle devrait desservir les deux axes de circulation interurbains pendulaires, Epernay d’une part et l’axe Laon de l’autre. Pour celle d’Epernay, il faudrait prolonger la ligne de Bezannes pour arriver, comme c’était prévu, à Champfleury avec un grand parking de dissuasion/transfert. Et on aurait là un flux d’exploitation tout à fait significatif et un service rendu en évitant l’entrée des pendulaires en voiture de tout l’axe d’Epernay sur Reims. C’est un objectif financièrement raisonnable et techniquement réalisable en deux ans, deux ans et demi. Ensuite, on pourrait s’attaquer à l’autre extrémité pour l’axe de Laon et surtout la desserte de la zone commerciale et, je l’espère un jour ou l’autre, de la zone d’activité de la BA112, si son avenir n’est pas limité à l’herbe et aux lapins.