Chronique du mercredi 7 juillet 2017
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Bonjour à tous ! Dernier numéro de chronique d’actualité pour cette saison radiophonique. Avec nous, Jacques Cohen, bonjour Jacques !
Bonjour
AV : Nous allons nous intéresser aux annonces santé du 1er ministre Édouard Philippe, il a annoncé une série de mesures qu’il appelle « une stratégie nationale de santé », alors on va y revenir avec vous Jacques.
J’ai envie de commencer par le paquet de cigarettes qui passera à 10 €, nouvelle augmentation, mais est-ce qu’au bout d’un moment il n’y a pas des limites à augmenter comme ça le prix du paquet ?
D‘abord, l’objectif est tout à fait louable de vouloir réduire le tabagisme. Les interdictions pourrissant la vie des fumeurs, dans les entreprises et autres, ont fait faire des progrès significatifs. On pourrait les compléter en décomptant du temps de travail les pauses cigarette, et d’autre part, arriver à peut-être des choses encore plus coercitives dans des professions qui doivent donner l’exemple, en particulier dans les professions de santé, dont on voit malheureusement les étudiants devant les portes des établissements sortant toutes les 10 minutes pour fumer. C’est quelque chose qui est tout à fait nuisible à la santé publique, pour eux-mêmes, et pour les autres. Le paquet cher, puis très cher, puis de plus en plus cher, ce n’est qu’une solution partielle parce que, comme toute prohibition, il y a un seuil du bénéfice/risque, à partir duquel le trafic se développera parce que le jeu en vaudra la chandelle et que les gens seront prêts à acheter des paquets au noir. Donc de ce point de vue là, on peut continuer à augmenter régulièrement, mais pas très très loin, on arrive déjà à un certain plafond.
la fraction fumeuse de la population décroit avec le prix jusqu’à l’indice 120 environ. Mais la courbe est plate au delà.
Transfrontalier aussi…
… il y a le transfrontalier, mais il y a aussi purement et simplement les importations illégales, et tout ce que cela représente aussi comme encouragement à la délinquance en tout genre par l’argent noir qui circule. C’est une mesure utile, mais on ne peut pas avoir simplement comme raisonnement que si on met le paquet à 50 balles personne ne fumera plus. C’est sûr que cela ne marchera pas tout à fait comme cela.
Est-ce qu’il y a des choses, je sais que, par exemple les cigarettes mentholées qui existent pour séduire un public d’adolescents, il y a aussi des stratégies marketing et commerciales de la part des fabricants de tabac.
Oui, il y a les additifs dans les cigarettes dites de goût américain, etc.
On a déjà fait beaucoup, mais je crois personnellement que c’est plus de pourrir la vie des fumeurs qui peut les faire renoncer, que les mesures d’interdictions générales, ou des mesures comme les augmentations de prix à répétition.
Il faut maintenir une politique de prix élevé, il faut maintenir le paquet anonyme et des choses comme cela, mais on ne peut pas se reposer entièrement là-dessus, je crois que s’il faut en venir à des choses coercitives elles seront plutôt dans le domaine professionnel. Je vous rappelle que par exemple l’usine d’enrichissement d’uranium de Pierrelatte a été la première usine en France à avoir vu son taux de cancers s’effondrer parce qu’il y était strictement interdit de fumer, dans les années 60.
Donc ça pour l’annonce d’une hausse progressive à 10 €. Il y a également les vaccins pour la petite enfance qui sont unanimement recommandés par les autorités de santé, ils deviendront obligatoires.
C’est le retour à des règles de santé publique du début du XXe siècle. Le débat actuel paraîtrait surréaliste aux gens du début du XXe siècle.
Comme d’autres débats d’ailleurs…
Parce que s’ils avaient eu 8 vaccins de plus, s’ils avaient eu des vaccins sous la main, ils auraient été ravis de les utiliser. Et de nos jours, la discussion le retour et le repli individuel et la suprématie de la liberté individuelle sur l’intérêt collectif. C’est quelque chose qui est inacceptable. Nous ne sommes pas le seul pays, l’Italie aussi a un problème du même genre. Alors, va se poser très rapidement le problème des sanctions vis-à-vis des non-vaccinations.
C’est-à-dire, pas d’inscriptions à l’école ou des choses comme ça ?
Il y a comme d’habitude, les allocs sur lesquelles on peut taper. Parce qu’il est évident que les vaccins qui sont recommandés doivent être de plus en plus fermement recommandés.
Là, il y en avait 3 : Diphtérie, Tétanos, DT polio, et là, s’ajoutent : Coqueluche, Hépatite B, Rougeole.
Il y en a 11 au total qui sont faits actuellement, qui sont tout à fait recommandés et recommandables et dont les effets secondaires sont minimes comparés à leurs bénéfices, voire même qui n’en ont pas ou que les opposants inventent…
Moi le seul effet c’était que j’avais pleuré…
Et bien cela éclaircit la voix !
Donc, les obligations de nos jours sont mal vécues, pourtant il va bien falloir revenir à une forme ou une autre de rappel à ce sujet.
Surtout que l’on a vu certaines maladies, comme la rougeole, où 10 enfants sont morts depuis 2008.
Oui. Il faut bien comprendre que les vaccins sont un sujet compliqué, d’une part parce que c’est comme l’assurance, c’est-à-dire que les complications, on les a avant quand il s’agit des vaccins qui préviennent des épidémies, d’autre part parce que le vaccin peut soit protéger l’individu soit protéger la collectivité, même avec une efficacité partielle sur l’individu. Sauf que quand il n’y a plus assez de vaccinés pour ces vaccins à efficacité partielle, l’agent infectieux recommence à circuler et on se retrouve avec un certain nombre de malades, et donc, de morts. On ne peut donc pas raisonner sur la liberté individuelle. Accessoirement, comme il s’agit de vacciner des enfants, il ne faut pas non plus exagérer sur la liberté individuelle, je veux bien admettre que des adultes puissent exiger leur libre arbitre, mais les enfants ce n’est pas le leur c’est celui des parents, et on n’est plus dans ce droit romain où le pater familias avait le droit de vie ou de mort. La République, comme je le dis souvent, protège ses enfants, non seulement dès la naissance, mais même avant et éventuellement contre leurs parents s’ils font défaut.
Autres annonces, il ne nous reste plus trop de temps, mais les soins optiques et dentaires mieux pris en charge, décloisonner le système de soins, un plan de lutte contre les déserts médicaux, c’est vrai qu’on en parle beaucoup, et puis également une sécurité sociale à l’équilibre à l’horizon 2020. Ce sont également des sujets importants.
Ce sont des sujets très importants et ils sont également de bonnes intentions avec, inévitablement, des difficultés. Parce que par exemple, obtenir la prise en charge totale des oreilles, des yeux et des dents, cela implique aussi d’en modifier les coûts, et donc de faire jouer une concurrence y compris, éventuellement, à l’échelle européenne pour les fabricants et fournisseurs. De le faire simplement en demandant gentiment aux professionnels de santé correspondants, ne suffira probablement pas. Donc là, on peut pour l’instant avoir de très bonnes intentions et une méthode douce, mais il faudra probablement…
Et le financement… comment ?
Il faudra probablement pour le financer arriver à en réduire les coûts. Donc là, évidemment, il y a des situations acquises qui seront mises en cause.
Pour les déserts médicaux la situation est un petit peu la même, les maisons de santé c’est très bien, mais vous savez qu’elles ne sont pas toujours occupées, qu’il faut mieux raisonner en termes de réseau, c’est-à-dire d’implanter des gens dans la campagne qui sont maillés les uns aux autres, et que là aussi, les bonnes intentions ne suffiront pas par rapport à un système où pour l’instant la collectivité paye et les gens qui sont issus des études ainsi payées font ce qu’ils veulent, tout en ayant à nouveau la collectivité qui paie leur patients. C’est quelque chose qui ne pourra pas durer éternellement non plus.
Merci Jacques, et on se retrouve l’année prochaine, et je crois que vous êtes en train de négocier avec le directeur Jean-Pierre Benoit ?
Oui ! Et c’est le mercato actuellement… je crois que c’est un domaine qui vous intéresse ?
Absolument ! Merci, Jacques.