De F  Mitterrand à E Macron et retour

JHM Cohen 14 9 2018
De nombreux français ont voté pour E Macron afin que des réformes de structure soient enfin entreprises à marche rapide. Si certains croyaient à la fable de réformes avec l’assentiment général, sans peine pour quiconque et sans contrainte, nombreux étaient ceux qui pensaient qu’elles seraient plus rugueuses mais seraient néanmoins mises en oeuvre. Notamment la plus importante et la plus urgente, la réduction de la dépense publique. Malheureusement, malgré des annonces spectaculaires, la politique suivie n’a pas eu d’effets structuraux significatifs. Tandis que le déséquilibre des gagnants et perdants a fait perdre à EM dans l’opinion l’aile gauche indispensable à tout bonapartisme s’il veut durer.

Comme J Peyrelevade l’a démontré sur son blog des Échos du 12 9 18, les jeux sont faits: E Macron étant pris dans la tenaille à trois branches ( une pince à sucre ? ) des dépenses publiques, de la compétitivité, du déficit budgétaire et de la dette. Dépenser plus en même temps que réduire le déficit budgétaire et les impôts tient du miracle, de la magie noire, ou de la prestidigitation selon l’école philosophique à laquelle on se rattache. Une politique de communication en l’absence de choix réels, de la recherche du consensus bienveillant sans contraintes ni efforts pour tous, a fini par montrer assez vite ses limites.

S’y ajoute le contre-temps qui lui a fait gaspiller sa marge de manœuvre de façon discutable dans sa première année alors que la conjoncture économique ne sera plus aussi favorable durant la suite de son mandat.

Cette situation d’échec et mat fait penser à celle de F Mitterrand en 1983 après deux ans de mandat. V Giscard d’Estaing en avait déduit dès le début de la mise en oeuvre du programme de F Mitterrand qu’il ne faudrait que ce délai pour constater l’échec. Et qu’à la fin de cet intermède, le pays ferait à nouveau appel à lui. Il avait complètement méconnu la psychologie de son adversaire et sa capacité à changer de ligne politique sans hésitation ni remords.
Ressemblances et différences psychologiques entre F Mitterrand et E Macron
E Macron le peut il ? Il donne certes l’impression à première vue d’un stratège constructeur de solutions résolvant la quadrature du cercle, qui ne devrait pas les abandonner facilement. Mais en fait, sa seule conviction est celle de sa mission inspirée par Dieu ou du moins par lui même. Les moyens en sont indifférents ad majorem gloriam et il pourra facilement raconter une chose et son contraire comme il a commencé par exemple à le faire  sur Notre Dame des Landes ou le pouvoir d’achat des retraités.
F Mitterrand avait abandonné ses convictions de catholique intégriste et de factieux anti-républicain pro fasciste à Vichy lorsque les premières défaites allemandes sérieuses ont indiqué quel serait le sort de la guerre. Ayant perdu ses illusions, il avait aussi perdu ses préjugés selon la formule de D Diderot, ce qui lui a permis une longue carrière politique avec des virements de bords serrés, sans délais et sans états d’âme.
Sa personnalité au point de vue psychiatrique était celle d’un sybarite doublé d’un pervers jouissant de la possession de l’autre par son remarquable pouvoir de séduction.
Au contraire, la pathologie psychiatrique bien plus lourde mais bien différente d’EM [[ Que j’ai décrite par ailleurs. Mais que je ne rendrai pas pour l’instant publique, suivant pour le président en exercice, la règle éthique « Goldwalter » de mes confrères US en 1964 ]], le conduit au masochisme de se lancer des défis de plus en plus téméraires, à s’exonérer de toute faute ou erreur sur le dos de son entourage. Et à tenter donc surenchères, fuite en avant et virages en épingle à cheveux de façon bien plus fébrile, brouillonne et bien plus imprécise que le machiavélique et très expérimenté F Mitterrand.
D’autant que l’anosmie émotionnelle  dont souffre E Macron l’empêche, bien au contraire de F Mitterrand, de percevoir la valeur émotionnelle de ses propos sur son interlocuteur. Ce qui le conduit aux gaffes à répétition que la presse lui pardonnait en début de mandat mais relève maintenant systématiquement.
Échec et mat ?
joueur d'échec

L’ « automate » joueur d’échec de Van Kermelen contre Catherine de Russie au cinéma

E Macron ne peut en effet se rabattre sur le créneau du « président qui fait ce qu’il peut de façon raisonnable », ce fond de commerce étant solidement tenu par F Hollande..
E Macron peut aussi couler en peu de temps, n’ayant pas senti la bourrasque d’un événement imprévu. Ou durer sans action réelle jusqu’au bout du mandat, entre Caligula et F Mitterrand en fin de vie, dans un effroi sans fin
Cependant même échec et mat, E Macron peut s’en sortir en renversant les pièces. Par une politique de coups spectaculaires balayant tout l’éventail politique d’une initiative à l’autre.
Mais aura t il en matière de zig-zag politique le talent d’un F Mitterrand ?

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