Il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre…

Cet aphorisme d’Henri Queuille est généralement considéré comme lénifiant, avec le sous-entendu que les choses finissent toujours par s’arranger. Pourtant H. Queuille porte injustement la réputation d’une guimauve archétypique de la IVème République, costume que les gaullistes lui ont taillé. Pourtant le bon Dr de Neuvic fut un homme de caractère qui ne fit aucune concession à Vichy et finit par rejoindre Londres.

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Sa formule n’implique pas que les choses finissent par s’arranger mais que les problèmes finissent par se résoudre parce que l’équation se simplifie toute seule, en l’absence de solution. Et elle se simplifie alors dans la douleur, voire dans le sang. La crise de la fin de la royauté avant 1789 avait des raisons simples : trop d’impôts, payés par le tiers-état, pas d’impôts mais des rentes pour la noblesse et le clergé. Les réformes « à l’amiable » sans faire trop de mal aux uns et aux autres ont échoué. Et c’est l’extermination de la noblesse et la confiscation des biens de l’Eglise qui ont résolu l’équation insoluble.

Les cahiers de doléances étaient l’expression populaire de l’impasse réformiste.

La situation actuelle présente de nombreuses ressemblances : un patronat archaïque, drogué aux aides et commandes publiques, alors que la perte de compétitivité de notre pays nécessiterait d’aider, de façon bien plus ciblée, les seules entreprises, petites et grandes, capables d’être compétitives et d’innover.

Les prélèvements sociaux de plus en plus lourds écrasent la classe moyenne inférieure, des gens qui pourtant travaillent et luttent pour échapper à l’assistanat.

Les secteurs d’assistance coûtent de plus en plus cher, avec une productivité médiocre et une fonction publique qui pourrait mieux faire à coût constant et avec moins de monde.

La simplification de l’équation est hélas prévisible : l’effondrement de notre protection sociale, y compris les retraites, et la disparition de notre fonction publique. Car un jour nous serons incapables de continuer à nous les offrir, du fait de leur coût trop élevé, ou du fait de l’impossibilité d’en réunir les financements, sur les dos larges, mais de moins en moins nombreux, de ceux qui travaillent…

L’orchestre du Titanic

Il est spectaculaire de voir à la fois le Président rejouer sa campagne électorale dans une situation où sa méthode ne peut apporter de solution, réduisant sa prestation à la tournée des miracles de Jésus en Galilée, et toute la classe politique embarquer dans la nef sans moteur du grand débat, sous les applaudissements de toute la caste journalistique. Dans le microcosme, tout va bien et les machines de communication moulinent du message et des cotes en hausse dans les sondages.

Malheureusement, dans les mêmes sondages, la perception du Président et de ses chances de réformes égalitaires reste pourtant catastrophique.

Dans le même temps, la tentation est grande, devant l’absence de cohérence ou de débouché politique des gilets jaunes, de les écraser jusqu’au dernier carré, façon « mur des fédérés » à la fin de la Commune… Le ressentiment que créerait ainsi une tactique « versaillaise » ne pourrait que rejaillir ailleurs plus ou moins vite de façon redoutable.

Bientôt minuit ?

Il ne reste pourtant plus beaucoup de temps pour des réformes plus efficaces et plus égalitaires, mais forcément plus rugueuses… sinon le grand chambardement balayera tout sur son passage, en route vers le passé des guerres et massacres en Europe.

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