JHM COHEN 15/04/2020
Dans le volumineux dictionnaire des idées reçues sur le Covid, figure l’affirmation que les enfants seraient de puissants disséminateurs du virus. Qu’il fallait fermer les écoles et les confiner à la maison.
Quand il est devenu évident qu’ils n’étaient que rarement malades, ne présentaient que très peu de formes graves, et que la mortalité infantile hors facteurs associés était infinitésimale, il fut affirmé qu’ils n’en étaient que plus dangereux comme porteurs asymptomatiques.
Aucune étude française n’a tenté de répondre à la question. Sans doute parce qu’il est malséant de vouloir vérifier les idées reçues.
La réponse publiée dans le NEJM est venue d’Islande. Une étude sur un échantillonnage de plusieurs % de la population a conduit à deux résultats.
L’atteinte préférentielle des garçons ne concerne pas que les vieux messieurs. Elle débute dès l’adolescence. Il y a donc bien un facteur lié au sexe et non pas seulement des habitudes et des histoires individuelles différentes.

Proportion de porteurs du virus en Islande selon le sexe
Le second résultat frappant, c’est qu’il n’y avait en Islande aucun enfant de moins de 10 ans porteur asymptomatique du virus.

répartition des porteurs du virus selon l’âge en Islande
Les enfants contaminants sont donc un mythe dans le Covid-19. Si l’on s’intéresse à la construction du mythe, on peut en retrouver la génèse.
Dans les épidémies de grippe, les enfants sont souvent les premiers atteints, leur taux de signes cliniques, c’est à dire les patients symptomatiques, sont d’ailleurs comparables à ceux des adultes. Mais les formes graves y sont très rares. D’où une différence de stratégie vaccinale majeure entre le Canada et la France. Nous vaccinons les vieux qui risquent de mourir de la grippe. Malheureusement, ils répondent assez mal au vaccin, au mieux dans la moitié des cas environ. Les enfants en revanche répondent très bien à ce vaccin. D’où le choix canadien exactement inverse: leurs campagnes de vaccination anti grippales sont centrées sur les enfants considérés comme disséminateurs et contaminants.
D’où l’idée que ce serait pareil pour le Covid-19. Revanche psychanalytique inconsciente des hygiénistes de santé publique sur les pédiatres ayant refusé en France la stratégie canadienne. Le mythe a résisté au tout petit nombre d’enfants malades du covid-19. Nous verrons combien de temps il résistera à l’étude islandaise.
Et la fermeture des écoles maternelles et primaires?!!
Décidée sur des prémisses fausses, elle a eu néanmoins un modeste effet positif. Les mères de famille ( et parfois les pères ) n’ont plus papoté à la porte des établissements après avoir déposé leur progéniture ou en venant la récupérer. Ce qui était une occasion nette de dissémination virale. Et dans de nombreux pays les mères coincées à la maison pour garder leurs enfants hors d’un confinement généralisé ont sans doute contribué à la réduction des contacts et de la diffusion virale.
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2006100?query=RP