Covid19: le Diable revient roder dans les labos de Wuhan.

JHM Cohen 17/04/2020

Les thèses complotistes des éléments de l’épidémie cachés par la Chine, à commencer par ses origines, reviennent sous le patronage d’E Macron, B Johnson et D Trump et la présidence d’honneur du Pr Luc Montagnier prix Nobel qui voit des analogies de séquences entre le VIH et le Sars-Cov 2 et pense à un virus bricolé dans un labo.

Un virus bricolé au labo ?

Dès la publication de la séquence du virus le 11 janvier tout le monde ( et par exemple Olivier Schwartz ou moi-même ) a regardé ses ressemblances avec d’autres virus. Et écarté les éléments retenus par le Pr Montagnier. Qui sont des erreurs d’interprétation grossières que Luc Montagnier n’auraient jamais commises quand il était en pleine possession de ses moyens. De courtes séquences peuvent se retrouver par hasard dans des organismes très différents. Si le mot de 4 lettres « chat » apparaît dans un livre de Lewis Caroll et dans une pièce de Molière, cela ne veut pas dire que l’un a plagié l’autre. L’examen du virus démontre l’absence d’assemblage de choses connues. Et celle de cicatrices et coutures. Le monstre de Frankenstein est fait de morceaux reconnaissables « empruntés » à différents individus. Nulle chose de ce genre dans Sars-Cov2. Pas de signes de coutures non plus. Qu’on ne pourrait méconnaître car il n’y pas plus de sutures moléculaires invisibles que de chirurgie sans cicatrices même minimes.

Bien plus, il y a des nouveautés nombreuses dans Sars-Cov 2. Quelqu’un aurait il pu les inventer ? Personne, aucune intelligence humaine et encore moins artificielle, n’a l’imagination et le talent de la nature. Pour prendre une analogie, fournir à un quidam ou à une intelligence artificielle, toute la documentation sur la peste, ne conduira ni à l’ouvrage d’A Camus, ni à celui de Fred Vargas.

En travaillant sur des rongeurs, rats souris loir, roussette etc, en mélangeant les morceaux vous ne pourrez sortir un castor ou une marmotte sauf à être Dieu le Père !!!

Exit donc le virus bricolé. Qui reste néanmoins un catéchisme rudimentaire pour complotiste primaire. Qui ne s’attarde pas non plus au détail du labo concerné, P4 franco-chinois, ou P3 du laboratoire de virologie de l’université selon les jours !

Un virus naturel échappé d’un labo ?

Mais au delà de cette « vulgate », une version plus sophistiquée qu’on n’oserait qualifier de jésuitique a surgi, pour complotiste « évolué ». Il s’agirait d’un virus naturel échappé du labo de virologie situé non loin du marché aux animaux de Wuhan . Un des chercheurs y serait aller faire ses courses, en contaminant le personnel.

La première remarque qui saute à l’esprit, c’est que si un virus est sorti du labo c’est qu’il y est entré !!! Et qu’il vient donc de quelque part. Ce qui ramène à la quête de l’origine du virus. Et là le complotiste même évolué n’a aucune idée d’où chercher. Dommage !! Cela résoudrait l’énigme de l’origine du virus. Et le labo en question aurait vite remonté la piste pour trouver l’espèce hôte.

Peut-on dans un labo méconnaître un nouveau virus ? Pas si justement on a ramené un échantillon pour l’étudier. Les possibilités d’analyse ont évolué à permettre des séquences complètes en 2 ou 3 jours au plus, quand il a fallu presque un an à l’époque à l’auteur de ces lignes en liaison avec l’équipe du Pr L Montagnier pour caractériser in variant du virus HIV.

Si l’on admet un virus méconnu dans un échantillon non encore étudié, comment atterrirait il au marché de Wuhan ? Il suffit de fautes de sécurité, me répond on bien sûr. A ceci près que dans cette éventualité les premiers contaminés seraient le chercheur en cause et ses collèges. Et qu’avec la forte mortalité du virus dans les premiers cas, avant qu’une mutation ne l’atténue et ne lui confère sa remarquable contagiosité, cela ne serait pas passé inaperçu.

Les plus acharnés à l’hypothèse d’une faute chinoise répondent : mais ce n’était pas forcément le virus final mais un protovirus à très faible potentiel épidémique, qui a dû passer par le marché aux animaux pour y acquérir ses propriétés actuelles. Soit mais dans ce marché équivalent de Rungis juste avant les fêtes, les animaux ne moisissent pas ! Lorsque le marché a été fermé fin Décembre et 500 tests effectués, aucun des 38 positifs pour le Sars-Cov2 n’a été trouvé chez un animal. Pour obtenir les mutations et recombinaisons d’un protovirus vers Sars-cov2 il faut bien plus de temps qu’un animal ne passe sur le marché, sans parler du temps pour obtenir une masse critique suffisante. La bouillabaisse virale ne se cuit pas en 3 minutes de four à micro-ondes ! Le plus simple est quand même que des animaux capturés ou d’élevage aient eu le temps de faire bouillir longuement à feu doux le mélange. Et que le protovirus ait donc été introduit dans l’une des espèces et la marmite bien avant les étals de vente.

La quête de l’origine du virus Sars-Cov 2

Si les hôtes réservoirs et hôtes occasionnels des premiers sars et  mesr coronavirus ont été trouvés avec certitude, l’origine du sars-cov2 reste obscure. Le fond génétique du virus de chauve-souris ne représente qu’a peine plus de 90 % du virus. Le pangolin possède 96 % d’homologie dont une identité totale pour un morceau du spike, et non tout le spike, capable de se lier aux cellules humaines. Mais c’est encore très loin des 99.9 % d’identité entre Sars-cov1 et le virus isolé chez la Roussette.

La première hypothèse d’une chaîne classique chauve-souris, pangolin, homme est donc récusée. Pour deux autres éventualités. Soit de nombreuses marches d’escalier et d’autres hôtes en direction de l’homme. Soit plutôt un système bidirectionnel avec peut-être même des va-et-vient ou différentes espèces contribuent à la bouillabaisse ( on dira melting pot pour les anglophones ) , dont l’espèce humaine par ses coronavirus ou des retouches humaines d’un cousin du Sars-cov1. On retrouve ici un ou des protovirus à circulation limitée non épidémiques. Qui n’ont aucunement besoin de relayer par le labo d’à côté du marché. Et qui peuvent venir ou s’être promenés n’importe où sur la planète. Méconnus parmi les pneumopathies atypiques hivernales plus ou moins sévères que tout médecin rencontre de temps en temps. Et dont l’IHU de virologie de Marseille reconnaît ne trouver la cause que dans 50 % des cas environ. Cette « terra incognita » se réduira peu à peu avec les progrès technologiques. Mais la proportion donne l’échelle du monde infectieux aujourd’hui inconnu.

Complotisme, pensée magique et racisme

Le complotisme n’est qu’une tentative d’habiller de raison une pensée magique infantile. Cet habit est ici la volonté maléfique d’un stéréotype raciste : le chinois fourbe et dissimulateur, qui accessoirement veut devenir le maître du monde.

fu man chu

Christopher Lee dans le rôle du chinois diabolique

La Chine se voit accuser de dissimulation de sa mortalité par des dirigeants de pays comme le notre incapable d’obtenir des relevés de mortalité des ehpad. Ou par d’autres ayant dû rectifier d’un tiers la mortalité new-yorkaise.

Que des dirigeants rustiques voire infantiles comme B Johnson et D Trump se fassent les porte-voix de ces idées n’est pas étonnant. Il est plus surprenant de voir le président français entonner l’air du « ne soyons pas naïfs, ils nous ont caché des choses et ne se sont pas si bien débrouillé que cela, et en tout cas pas mieux que nous. » Calcul politique pur ?

La pensée complexe d’E Macron

Sa conduite dans deux circonstances antérieures, laissent penser au contraire qu’une large part de sa pensée est de type magique et loin d’un raisonnement scientifique. Ce qui a sans doute contribué au recrutement œcuménique de son électorat présidentiel, si on pense à l’audience des thèses complotistes dans un bon tiers de l’électorat.

Son éloge du Pr Raoult ne paraît pas basé sur les travaux et les positions scientifiques de D Raoult ni sur un partage de la position de D Raoult dans des controverses médicales dont E Macron ne maîtrise pas les bases. Mais dans la reconnaissance du « mage marseillais » devenu oracle écouté.

L’autre situation date de la campagne présidentielle. Lors d’un meeting questions/débats, E Macron se laisse aller à trouver très intéressantes les positions du Pr Joyeux, hérault anti-vaccins et archi-réactionnaire médical. Alors candidat peu connu et loin d’être assuré de la victoire, cette prise de position aurait pu lui coûter très cher. Un médecin de son staff lui sauva la mise en prenant position à sa place et sans le consulter pour faire d’E Macron un soutien résolu des vaccinations. Il s’agissait d’O Véran. Il ne restait plus à Sibeth Ndaye qu’à rétropédaler en bétonnant qu’EM s’était trompé de Pr Joyeux.

Si la première visite du Diable au laboratoire à Wuhan paraissait d’inspiration locale liée à l’angoisse induite par l’épidémie. Sa nouvelle tournée au P3 de l’institut de Virologie et au P4 de haute sécurité de Wuhan paraît liée à un ordre de mission de dirigeants occidentaux souhaitant se décharger de leurs erreurs dans la gestion de l’épidémie dans leur propre pays.

Mais le Malin devrait cette rencontrer un immense écho.

Une réflexion sur “Covid19: le Diable revient roder dans les labos de Wuhan.

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