Le conseil scientifique est victime de sa docilité. En refusant de faire de la politique de santé publique, il s’est exposé à endosser les décisions ou plutôt les indécisions gouvernementales et à voir ceux qui veulent des mesures contre la diffusion de l’épidémie comme ceux qui en veulent encore moins tomber d’accord pour réclamer sa peau…
Le conseil scientifique a eu peur de son ombre et de faire de l’ombre. Il n’a jamais non plus voulu s’engager sur le terrain de la logistique, du choix des tests, des modes de prélèvements, des stratégies de testing. Ou du moins il a préféré susurrer des avis à l’oreille du pouvoir en se privant du droit de les défendre en public. Et trop souvent choisi de dire aux politiques ce qu’il pensait qu’ils souhaitaient entendre et de taire le reste. Qu’il s’agisse de docilité, servilité, timidité, symbiose avec une administration de la santé défaillante, ou d’un peu de chaque a peu d’intérêt. Nommé en remplacement d’un premier conseil, ce conseil scientifique a été mis en place par le pouvoir politique pour lui servir de parapluie muet dont il puisse invoquer l’argument d’autorité pour toute décision, sans pour autant suivre ses avis.
Il n’y a que deux options viables de conseil scientifique. Soit qu’il soit totalement secret y compris sur les noms de ceux qui le composent, laissant ainsi aux politiques leur entière responsabilité. Soit les scientifiques assument leurs positions y compris divergentes et les exposent en public, laissant le pouvoir politique faire ses choix mais les assumer devant l’opinion publique de tous les citoyens qui ont été informés autrement que par les ragots des réseaux sociaux.
Sur une autre planète où le consensus national est très fort, en Suède, les administrations techniques font leurs choix, prennent les décisions opérationnelles et le pouvoir politique les applique sans se permettre d’y mettre son grain de sel, les supposant compétentes.
C’est même une autre galaxie, quand on voit la dernière circulaire de la DGS du 12 septembre sur les tests, adressée à tous les médecins, ne pas traiter dans sa rédaction filandreuse du cas des sujets contacts asymptomatiques. Elle ne peut donc avoir de pouvoir qu’à la bien faible hauteur de la confiance qu’elle inspire.
Le débat est nécessaire. Il y a plusieurs options. La primauté du testing et son orientation en filtrage des lieux de travail et d’enseignement pour le maintien de l’activité économique et celui des ehpad pour protéger leur population vulnérable, la quarantaine de tous les sujets contacts avec test de sortie systématique que je défends n’est pas l’opinion de tous. Raison de plus pour en débattre publiquement.
Le choix gouvernemental
tout va très bien Madame la Marquise
Alors que la situation ne laisse que peu de doute sur l’avenir proche avec d’authentiques pics épidémiques par endroit et une lente marée montante ailleurs, le gouvernement a finalement choisi… de ne rien faire. Un exemple tout simple: aucune réduction des transports en commun n’a été mise en place, ni même envisagée à Marseille où les capacités ordinaires de réanimation sont remplies et où on pousse déjà les murs
Quand seule l’anticipation des décisions de distanciation sociale permet leur efficacité vis-à-vis d’un pic épidémique, le premier ministre botte en touche. En laissant les pouvoirs locaux décider au prétexte que l’épidémie est géographiquement différentiée. Si des mesures différentiées sont indiscutablement nécessaires, en laisser la décision à un morcellement régional ou municipal, accessoirement sans moyens ne constitue pas une politique nationale.
Le seul affichage clair est celui de la réduction des quarantaines des sujets contacts à une semaine. Au motif que plus longues elles sont mal respectées !! J’ai déjà dit tout le mal technique que j’en pense si la sortie de quarantaine à 8 jours n’est pas assortie d’un test systématique, laissant ainsi dans la nature environ la moitié de la période de contagiosité. En terme de signal politique, c’est de plus un encouragement à ne pas prendre au sérieux l’épidémie puisqu’on renonce ainsi à circonscrire les foyers avant même que la diffusion de l’épidémie ne rende le tracking aussi inutile qu’impraticable.
Et celui des pouvoirs locaux ?
Les présidents de régions voire les maires et président de métropoles sont ainsi mis devant une responsabilité inattendue: continuer à se faire les porte-paroles des lobbys dominants chez eux, tourisme et cafetiers par endroit, clubs de foot ici, enseignants ailleurs etc, ou tout simplement gouverner et faire face avec les moyens qu’ils pourront rassembler. Ce que bien peu sont préparés à faire. Et ne peut réussir que si les structures de l’Etat déconcentré, au premier chef les préfets agissent de concert avec eux, sans se réfugier dans l’attente de consignes nationales…