CHRONIQUE DU 12 octobre 2016
Rediffusion sur RCF Samedi 15 à 9h20
AV : Bonjour à tous, chronique d’actualité avec Jacques COHEN.
Nous allons évoquer le débat sur les primaires de la droite. Ce jeudi, ils seront 7 dans les starting-blocks. Alors, on annonce quand même quelque chose de très millimétré, est-ce qu’il faut s’attendre à, j’allais dire des prises de paroles véhémentes, ou des choses comme ça, ou est-ce que ce sera quelque chose de lisse ?
Vous voulez dire concernant les résultats ?
Ou, concernant les débats, la teneur des débats, des propos… Est-ce que l’on va avoir les petites phrases que l’on peut attendre, que chacun mène…
Je pense que, de ce point de vue, les journalistes devraient avoir de quoi manger. Les candidats ont déjà commencé à s’envoyer quelques amabilités. Nous verrons plus tard si cela sera pareil à gauche, ce qui n’est pas du tout impossible, mais les primaires ne doivent pas être vues simplement au prisme des petites phrases. Les premières primaires, celles de la gauche, la fois dernière, ce sont très bien passées, ce qui fait que tout le monde s’est dit, que finalement, « voilà une nouveauté, on va la reprendre, et elle servira à tous ».
L’ennui c’est qu’elles se sont très bien passées, un petit peu pour des circonstances exceptionnelles. Il s’agissait de faire appel au peuple, si j’ose dire, au peuple de gauche en l’occurrence, pour démontrer qu’il suivait massivement une ligne qui était, en apparence, minoritaire dans le parti. Dans une configuration où personne ne discutait l’hégémonie du PS et donc, la nécessité que ce soit son candidat qui soit le candidat de gauche. Là, on est dans une situation à droite beaucoup plus incertaine, avec beaucoup plus de candidats. Et l’on aura peut-être une situation également plus complexe à gauche un peu plus tard.
La difficulté, c’est qu’il faut remonter à l’origine des primaires. C’est une mesure, un pré-choix sous forme de primaires ouvertes, qui est récent, même aux États-Unis, cela ne date que des années 60. Bon, des primaires, c’est-à-dire la désignation des candidats par les militants d’un parti, cela s’est toujours fait. Ce sont des primaires fermées. Là, l’originalité qui est tentée, c’est que, c’est le candidat d’un parti, désigné par ses sympathisants externes. Chacun prétendant en France qu’il sera le candidat de tout son camp, dans un système bipolarisé, et que tout le monde peut venir, parce qu’il sera de toute façon, le seul candidat possible. Visant ainsi à ce que les autres partis ne puissent pas présenter le leur.
Donc en fait, ce n’est pas un système aussi démocratique qu’il y paraît à première vue, puisqu’il est destiné à consacrer l’hégémonie d’un parti, dans un système qui est forcément bipolarisé. Et de ce point de vue, l’aspect démocratique est assez faible quand il commence à y avoir contestation pour savoir qui peut voter, puisque la charte de droite, ou la charte de gauche, se ressemblent au niveau des grands principes : qui n’est pas républicain en France ? Cela commence à faire quand même moins de 0,36 % de l’électorat les bonapartistes et les royalistes !
Les royalistes !
Ensuite, on voit chacun dans la primaire de droite, craindre que l’autre aille chercher ses alliés externes pour influencer le vote interne. Les uns susurreront que Sarkozy fera voter l’extrême droite pour lui, et les autres, que Juppé fera voter des gens de gauche pour lui.
Si bien qu’on peut se demander si à l’extrême, les meilleures primaires ce ne serait pas le premier tour, parce qu’à ce moment-là, tout le monde peut voter effectivement ! Et tout le monde vote, et puis, » au premier tour on choisit, au second tour on élimine », c’était la formule rituelle, du temps où il y avait beaucoup de candidats. Lorsqu’il y avait un système beaucoup moins bipolarisé. Est-ce que les primaires survivront aux difficultés prévisibles à droite, puis à gauche cette fois-ci ? Je n’en suis pas sûr. Pour l’instant, les primaires ont des chances de survivre, si les partis actuels arrivent à survivre. Si ces partis éclatent et que l’on a un système tétra polaire, à ce moment-là, les primaires disparaîtront tout naturellement.
Le prix ! Parce que l’on se souvient que la primaire de la gauche, c’était 1 € par tour, pour payer. Là, on a regardé, primaire de la droite ce sera 2 € par tour, et l’on peut même citer les écologistes où c’est 5 €. Mais bon, il faudrait rencontrer quelqu’un qui va voter à la primaire écologiste ! Mais qu’est-ce que le débat de jeudi peut faire ? On voit dans les sondages, Alain JUPPÉ, Nicolas SARKOZY, alors l’un creuse l’écart sur l’autre, ou cela se resserre… Mais on voit ces deux têtes se dégager. Est-ce que cela peut rééquilibrer un peu tout le monde ? François FILLON ou un Bruno LEMAIRE, peuvent-ils être le troisième homme, comme on dit ? Est-ce que cela peut changer un petit peu la tournure des évènements ?
Oh! Je ne pense pas, je ne pense pas ! Celui qui tient l’appareil a toujours intérêt à ce qu’il y ait peu de votants, et les autres, pensent tous qu’en ramenant du monde, ils vont mieux s’en sortir.
Quel fameux débat d’ailleurs !
Est-ce que les débats « pleiniers », ou les duels de candidats, influent ? Peut-être, cela peut influer, mais, comme d’habitude, ce genre de choses n’influe qu’en cas de gaffes. la seule influence possible est négative. Et donc, ici on risque de voir, comme au foot, des gens jouant le béton parce que c’est encore la meilleure tactique pour ne pas prendre de but.
D’ailleurs, on se souvient, moi, j’ai le souvenir en 2011, de voir dans les débats, à propos de la primaire de la gauche, une Martine AUBRY plutôt très agressive, notamment envers François HOLLANDE, et au final, elle était derrière.
L’agressivité ne paye pas toujours en politique, contrairement à ce que certains pensent !
On verra. On ne fait allusion à personne, bien évidemment, on regardera donc ce débat, ce jeudi soir donc, débat de la primaire de la droite en direct.
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