Les élections législatives allemandes

Sur les ondes Chronique  du 29 Septembre 2017

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Jacques Cohen, bonsoir !

Bonsoir !

JPB Nous souhaitons évoquer avec vous les élections législatives allemandes qui ont vu la victoire, on peut le dire quand même, d’Angela Merkel.

La victoire d’Angela Merkel, certes annoncée, n’est pas tout à fait la victoire telle qu’elle était annoncée, ce qui donne une configuration extrêmement différente. Elle a recueilli 32 % des voix quand on attendait 36-37 %. Vu de France ce n’est pas grand-chose comme différence, surtout si le second est à 21 %. Là-bas c’est une situation extrêmement différente parce que le système ne peut fonctionner qu’en coalition.

Il n’y a pas d’énorme prime majoritaire en sièges. Avec un SPD (parti socialiste) à 21, et derrière les verts et les libéraux qui sont entre 10 et 20, puis Die Linke, l’extrême gauche, qui fait aussi un petit peu moins de 10, et bien on ne peut avoir qu’un système de coalition. Là-bas, les coalitions impliquent un programme de coalition, cela veut dire un engagement de plusieurs centaines de pages qui doit être tenu scrupuleusement, ce qui pour les politiciens français est quelque chose de totalement incompréhensible. Mais en tout cas ne pas tenir les documents d’accords conduit à une dissolution et celui qui en est responsable perd nettement des points dans ce cas-là.

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Alors précisément, du fait des résultats, la coalition va changer ?

La coalition précédente c’était le parti d’Angela, la CDU/CSU avec le SPD. Le SPD qui se sentait quand même déjà en perte de vitesse a considéré qu’il fera une cure d’opposition en pensant que c’est comme cela qu’il se refera une santé. Ce n’est pas absolument certain. On peut se rappeler que le PCF chez nous a pensé cela quand il a quitté le gouvernement sous Mitterrand et que cela ne lui a pas très bien réussi. En tout cas, 21 % pour le SPD c’est une défaite majeure, il n’a jamais été aussi bas. Donc les coalitions maintenant ne peuvent être, à partir de 32 % pour Angela Merkel, qu’une coalition à 3 composantes. La plus probable est donc celle de la CDU/CSU d’un côté d’Angela Merkel avec les libéraux du FPD et les Verts. Même si les Verts là-bas ont beau être un peu différents des nôtres, une alliance du FDP qui est plutôt un parti d’une droite austère et un petit peu nationaliste, très peu partageuse, avec les Verts cela risque de faire des séances de négociation pour le programme qui seront assez hautes en couleur, mais on ne les verra pas parce que cela se passe en privé.

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Sans compter l’entrée de l’extrême droite ?

L’autre élément important du scrutin est que l’extrême droite passe à un cap qui lui permet d’avoir des sièges. Jusqu’à présent, ils n’avaient des sièges qu’une fois ou deux, mais presque rien et donc cette fois-ci ils sont significativement implantés à partir de leur 13 % de moyenne des voix. D’autant qu’ils sont, dans tous les 5 länder de l’ancienne RDA, le second parti nettement au-dessus de 20.

Alors qu’est-ce qu’il va se passer ? Comment vont se faire les négociations ? Quelle sera la nouvelle coalition ? Et puis, quels sont les enjeux en fait ?

La nouvelle coalition a toute chance d’être celle de la CDU avec les libéraux et les verts. Même si cela va être difficile à lier ensemble je pense que c’est ce qu’il va se passer. Mais chacun va poser ses conditions et en particulier les libéraux veulent les Finances parce qu’ils sont les plus sourcilleux à ne pas payer pour les autres en Europe. L’argument du SPD est que les excédents commerciaux allemands sont liés au déficit des autres, et que si on épuise les autres, ils ne pourront plus acheter à Allemagne et qu’il ne faut donc pas avoir une politique à courte vue, cet argument n’est pas du tout perçu par les libéraux. Les libéraux veulent les Finances certainement et peut être, les Affaires Etrangères.

Alors, une question aussi, on a vu qu’Emmanuel Macron rencontrait Angela Merkel. Est-ce que c’est bon pour la France ? Est-ce qu’Angela Merkel et Emmanuel Macron ont un terrain d’entente et une marge de manœuvre, peut-être un peu plus restreinte sachant que la politique ne sera pas tout à fait la même ?

C’est certainement très mauvais pour la politique que propose Emmanuel Macron parce que les propositions d’Emmanuel Macron impliquent l’accord des Allemands donc d’Angela Merkel et de ses partenaires, et là elle va se retrouver avec une marge de manœuvre plus restreinte. Elle a une longue habitude de négociations et d’abandonner des choses. On l’a vu par exemple sur le nucléaire quand elle a eu besoin des Verts. Ce ne sont donc pas les demandes d’Emmanuel Macron qui risquent de l’émouvoir excessivement.

Ce qui veut dire que les demandes qu’il vient de formuler il y a deux jours pourraient ne pas aboutir finalement ? C’est des accords ou des discussions qui avaient eu lieu avec Angela Merkel et puis finalement qui sont remises en cause avec le résultat de ces élections.

Pour les mesures les plus importantes comme, par exemple, le ministère des Finances et une politique de péréquation européenne c’est certain. En revanche, l’attitude « dure » préconisée par E Macron vis-à-vis de la Pologne va plaire au FPD.

Merci en tout cas, Jacques Cohen, d’avoir été avec nous, on aura l’occasion de nous retrouver la semaine prochaine pour une nouvelle page de votre chronique d’actualité.

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