Le coronavirus COVID-19 est aussi une menace pour les décideurs politiques

«  » »….et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser » » A. Camus La Peste

JHM Cohen 1/3/2020

La circulation du virus du COVID-19 en France est maintenant établie. Dans un climat doux et humide persistant, elle ne peut que conduire à une bouffée épidémique. D’un point de vue scientifique et médical, son ampleur et sa mortalité probables seront de l’ordre de celle d’une épidémie de grippe assez banale. Mais ses impact politique et économique seront sans comparaison, du fait de sa nouveauté et de l’étroitesse du pic épidémique, si les choses se déroulent comme à WuHan.

La hauteur de la vague et celle des digues

Les mesures de confinement relatif ou de restriction de rassemblement modérées prises ces derniers jours, sont peu cohérentes comme l’annulation du marché en plein air de Creil, en face d’un centre commercial restant ouvert. Désormais inefficaces au stade actuel, elles ont pour principal inconvénient de ruiner dans l’opinion le crédit des mesures de retardement qui seront à prendre dans une semaine environ pour, non pas retarder l’épidémie, mais tenter d’étaler la vague épidémique. Pour que son pic moins haut et plus étalé puisse être mieux, ou moins mal, géré par notre système de santé. Pour mémoire rappelons qu’il s’agit de la limitation drastique des contacts potentiellement contaminants ( fermeture des écoles, des entreprises de plus de 12 personnes, des transports en commun, de tous les lieux publics.. ) pour 2 à 3 semaines afin d’étaler la diffusion généralisée du virus.

Échec et mat ?

Notre système hospitalier, déjà sous dimensionné en personnel comme en lits, et focalisé sur des services d’urgences bien trop centralisés n’a guère de chance de faire face. Si on décalque le déroulement de l’épidémie à WuHan et dans le Hubei sur la population française, 50 à 70 000 hospitalisés aux critères chinois seraient à attendre. Parmi eux, il y avait 80 % de cas bénins ne nécessitant ni ventilation artificielle ni oxygène.

Le réflexe immédiat est de dire que nous ne chercherons pas comme les chinois à éviter la diffusion du virus en les hospitalisant tous, mais qu’ils seront bien mieux soignés et surveillé à domicile. Ramenant ainsi le nombre d’hospitalisés à quelque chose de difficile mais pas insurmontable à gérer.

Mais notre système de santé de ville est tout aussi à bout de souffle que notre système hospitalier. Comment les généralistes dont une très large majorité ne peut même plus assurer de consultations sans rdv pourraient ils faire face ?

Nous ne sommes pas en Chine…

En cas d’impasse sanitaire, la population française réagira violemment, mettant en cause les politiques décisionnaires et sachant que le pouvoir ne pourra les faire taire.

L’ampleur des réactions suscitées par la situation actuelle de risque sanitaire pourtant modeste, augure très défavorablement du comportement de la population dans un contexte bien plus anxiogène.

Essayer autre chose ?

Il faudra bien sûr proposer aux gens malades d’aller voir leur médecin traitant. Mais il faut aussi monter une solution d’urgence lorsque ceux-ci seront débordés. Et dire dans ce cas d’aller …. dans son bureau de vote habituel !

bureau de vote

Il faudra faire un peu plus médical .. et ne pas laisser traîner de papiers par terre !

Oui vous avez bien lu. Quoi de mieux pour assurer un maillage territorial tout à fait à jour ?

Il faudra des tours de garde médicale pour 2 médecins par bureau en permanence. Équipés de leur stéthoscope, de quelques thermomètres et oxymètres portables, avec un bloc d’ordonnances et une pile d’arrêt de travail. Un peu de gants et masques, ainsi que des pulvérisateurs de jardin remplis d’hypochlorite de soude diluée pour les sols et surfaces compléteront l’équipement. Ces médecins pourront aussi diriger vers les hôpitaux, selon les places disponibles, directement dans les services.

Nous ne disposons pas du temps d’une longue négociation avec les syndicats médicaux et le Conseil de l’Ordre. Mais de 8 à 10 jours de préparation. Ni de se limiter au volontariat. Celui-ci sera bien sûr sollicité et on peut en espérer une vaste réponse. Surtout si le rappel de la loi et des pouvoirs des Préfets en matière de réquisition peut dissuader voire réprimer quelques planqués potentiels.

Les bureaux de vote étant ainsi occupés utilement, les élections municipales seront reportées au-delà du 14 juillet et plus probablement à l’automne sans susciter d’hostilité majeure.

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