Covid-19: vérités du jour et vérités d’un jour

Jacques HM Cohen 11 2 22

Sur les ondes de RCF: Lien 

Avec nous par téléphone, on retrouve le professeur Jacques COHEN. Bonjour !

Bonjour !

Jacques COHEN, vous voulez nous parler des vérités d’un jour, ça veut dire quoi, Jacques COHEN ?

Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle d’hier ni celle de demain. Et si on appelle vérité ce qui est consensus que tout le monde raconte, en fait, on s’aperçoit que ce virus et cette épidémie comportent non seulement un changement constant du virus, c’est classique dans toutes les épidémies, mais aussi un changement constant des opinions.

la-bouche-de-la-verite

La bouche de la Vérité, réputée mordre la main des menteurs…

On peut aujourd’hui sourire un peu de voir combien il est devenu inutile de porter des masques, ce qui était tout à fait utile la veille ou bien combien le virus est devenu bénin. Quand on regarde cela, on s’aperçoit que le consensus d’un jour montre la relativité des opinions humaines. Le virus est-il devenu bénin ? Pourtant quand on regarde les paramètres, il y a autant d’hospitalisés, voire légèrement plus que dans toutes les vagues, première vague comprise. Il y a une mortalité qui affleure celle d’avril de l’an dernier, pas tout à fait celle du pic de novembre, mais enfin, déjà celle d’avril. Donc tout cela n’a rien de minime et malgré tout, le raisonnement général est que l’on en a marre, donc c’est fini. C’est une pensée magique qui est d’autant plus propagée en France que nous entrons en période électorale, comme vous le savez. Les gens ont l’aspect des petits enfants qui veulent entendre pour Noël ce qu’ils ont envie d’entendre et du point de vue des politiciens, ils seraient bien bête de ne pas raconter ce que les gens ont envie d’entendre puisque les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, n’est-ce pas ?

Ceux qui les écoutent et ceux qui les croient !

Ceux qui y croient, oui, parce que ce sont ceux qui écoutent. Les autres n’écoutent même pas, bien sûr. Alors, les masques, là aussi, il y a un autre dogme maintenant qui est « on ne divise pas la population, c’est très vilain ». Pourtant, il parait absolument évident qu’il est difficile de demander à des gamins de porter des masques quand ils ne risquent rien, alors que comparativement, des gens de mon âge ont intérêt à en porter tant que le virus circule. Mais c’est parait il très vilain de dire qu’il ne faut pas faire tous pareil. Là aussi, c’est un consensus bizarre. Ce consensus bizarre conduit à du noir et blanc, à une période « tous masqué » et une période « plus personne n’est masqué on n’en a besoin ». Cela me parait complètement déraisonnable. On pourrait rajouter le temps mis à procurer des FFP2 au personnel soignant comme négligence grave.

Troisième idée commune, Omicron va finir l’épidémie parce que comme il touche tout le monde, tout le monde sera immunisé. Tout cela me parait être un énorme folklore puisque l’on sait non seulement que l’on peut rattraper le Covid plusieurs fois, mais que même pour Omicron entre ses variants, des gens l’attrapent déjà deux fois. Donc on est plutôt dans un scénario de type adénovirus où il y a des dizaines et des dizaines de sérotypes qui ne protègent pas des récidives avec une immunité faible et transitoire, contrairement au modèle grippe ou contre un sérotype donné, la mémoire est durable.

Autre idée reçue de la saison, on commence à avoir des médicaments, mais comme on n’en a pas assez, les médicaments sont surtout pour les immunodéprimés, alors que la logique serait de les donner à tout le monde dès que l’on en aura suffisamment. À mon avis, c’est même ça la solution à l’épidémie. Si on a des médicaments qui permettent qu’elle soit bénigne chez tout le monde, immunodéprimés compris, vieux, gros, compris, etc. on pourra relativiser les autres mesures si on est capable d’éviter que les gens aillent à l’hôpital. Donc pour ne pas souligner que l’on n’a pas encore assez de médicaments, on explique que c’est très bien pour les immunodéprimés, mais pas forcément pour tout le monde ce qui me parait être, là aussi, d’une certaine naïveté ou d’une certaine duplicité, c’est selon.

la vérité Dalou musée de Reims

La vérité méconnue de Dalou ( musée de Reims ).

Jacques COHEN, vous nous présentez plusieurs points. Vous l’avez fait avec ce virus bénin, les masques, l’immunité du variant Omicron, les médicaments, mais il y a aussi un autre sujet qui vous tient à cœur et que vous relayez semaine après semaine, c‘est le vaccin. Est-ce que du côté du vaccin il y a des opinions qui fluctuent là aussi ?

Oui, là aussi, il y a des opinions qui fluctuent. Moi, je n’ai pas beaucoup changé sur les populations à vacciner et celles à ne pas vacciner, du moins, tant qu’on n’a pas de vaccin totalement inoffensif. Je continue à penser que de vacciner les hommes jeunes, de la puberté à 30 ans ne me parait pas raisonnable en rapport qualité-prix. Ensuite, je pense aussi que la tentative de supprimer la circulation virale par la vaccination de tout le monde, enfants compris n’a pas marché et qu’il faudrait en tirer les conséquences.

Mais surtout, la question qui se pose est celle des prochains vaccins. Il y a là aussi une idée commune qui est : nous allons faire un vaccin qui couvrira tous les variants présents ou futurs, éventuellement appuyés sur l’immunité croisée des coronavirus endémiques, ce qui là aussi, pour moi, est une mythologie. Et comme cela, on en finira avec un vaccin qui couvre tout.

En prime, nous allons faire cela avec un vaccin muqueux parce que des gens qui n’ont jamais fait de vaccinologie découvrent que cela se joue sur les muqueuses, sauf que cela fait 70 ans que l’on essaye et que ce n’est pas si évident. Les muqueuses, c’est par là que l’on mange de tout et donc on évite de s’immuniser la plupart du temps, contre ce que l’on mange. C’est remarquablement dégradé et remarquablement toléré, donc ce n’est pas si simple de faire des vaccins muqueux contrairement à ce que l’on voit fleurir chez les néophytes dont je pourrais dire sur cette antenne qu’ils ont l’enthousiasme des nouveaux convertis.

En revanche, il me parait raisonnable de se préparer à faire des campagnes de vaccination en très peu de temps. On a bien vu que contre une souche donnée, un vaccin qui la couvre pendant peu de temps la couvre bien et réduit sa gravité. Donc il faudrait se préparer à pouvoir le faire très vite, dès que l’on va voir émerger le variant suivant – parce que je ne vois pas très bien pourquoi il n’y en aurait pas d’autre, sauf si le virus a le sens de l’humour – et à ce moment-là, de pouvoir faire des rappels définis, c’est-à-dire des vaccins de crise pendant très peu de temps et très rapidement parce que leur protection ne dure pas ; vous avez vu que la protection sérieuse dure 3 ou 4 mois.

Il s’agit d’une autre stratégie vaccinale, se préparer à faire des vaccins temporaires, j’allais dire, et vérifier si c’est la solution ARN ou d’autres solutions – pourquoi pas muqueuses, je n’ai rien contre, au contraire – qui est la méthode pour ces vaccins temporaires. Des vaccins non pas d’éradication, mais d’endiguement, de refoulement de vagues épidémiques. Là, il y a tout un travail, mais je voudrais revenir sur mon idée de départ c’est-à-dire les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier, cela consiste aussi à en déduire que ce ne sont forcément pas celles de demain.

Jacques COHEN, est-ce que ces vérités, pour sortir un peu du domaine médical, elles bougent parce qu’il n’y a pas le recul nécessaire et que les gens font aussi facilement appel à leur sens critique quelque part ?

Le sens critique est fort peu répandu, du moins, il est dominé par notre surmoi de pensée magique très largement, surtout en groupe. Même l’analyse critique avec la science d’un jour ne conduit pas forcément à comprendre les choses autrement que dans le référentiel et avec les lunettes que l’on a ce jour-là. J’ai l’habitude de rappeler que Galilée a été condamné par une conférence de consensus irréprochable.

Est-ce que vous voulez dire aussi, Jacques COHEN, que la vérité que l’on a entendue aujourd’hui, pas de votre part, mais à travers différents médias qui relayent l’information sur la Covid-19, ce n’est pas celle que l’on entendra demain à l’antenne et encore après-demain et encore plus en contexte de campagne présidentielle ?

Pour la météo sur la campagne présidentielle, là, ce n’est pas très difficile de dire ce que l’on va entendre, sauf s’il y a un nouveau pic en avril. Ce sera « c’est fini grâce à nous, on a eu raison et nous avons tout fait très bien ». C’est le b.a.-ba en la matière. Au-delà, on ne prépare rien pour l’instant sur la question des tests. Vous savez que je suis un fanatique des tests systématiques sensibles et génomiques deux fois par semaine pour tout le monde avant les pics épidémiques pour éradiquer la montée, et ce, avec isolement des sujets détectés. On ne prépare rien, on ne prépare pas non plus de système d’échantillonnage dans la population permettant d’avoir une vue épidémiologique de l’émergence des souches. Donc là-dessus, je ne vois pas de propagande ou de vérité qui puisse être dite en période électorale puisque là, ce sera encore une fois « tout va très bien, ne vous inquiétez pas braves gens, nous veillons ! »

Merci Jacques COHEN, de nous avoir éclairés, Jacques COHEN dit le « testeur fanatique ». On retrouve toute votre actualité sur votre blog jhmcohen.com. À très bientôt !

À très bientôt !

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