JHM COHEN 16 6 2020
sur les ondes de RCF et en vidéo chronique du 16 Juin 2020
Les autorités locales et surtout le CHU ont mis en place un bus de dépistage du virus sars-cov2, mais la très mauvaise organisation de ce bus ne répond pas aux nécessités de l’épidémie.
Quand partout sur la planète on dépiste sous un barnum en plein air largement ventilé ou même en cabines avec boite à gants, avec plusieurs lignes simultanées de prélèvements permettant de tester de 500 à 1000 personnes par bus et par jour, l’organisation rémoise où les personnes montent dans le car, avec un seul poste de prélèvement ventilé ( par la portière! ) entre chaque, ne permet d’atteindre que 100 personnes par jour. Quand il en faudrait au minimum 10 fois plus, ce que la Meurthe et Moselle par exemple assure.

Bus de prélèvement à Reims. Ce qu’il ne faut pas faire: un lieu inapproprié mal ventilé et un débit ridicule.
Est-ce faute de capacités de tests en aval ? Le pôle de biologie du CHU ne s’est pas équipé d’automates à gros débit qui pourraient assurer un millier de test en 8 h. C’est la technique de pcr première génération obsolète qui est encore pratiquée ici et qui plafonne autour de 100 tests par jour par machine.
Des tests bien plus massifs seraient nécessaires, en recourant par ex aux capacités des labos régionaux de surveillance vétérinaire, ou en se résignant à faire suivre ailleurs.
On peut aussi envisager de ne plus être à la traîne et faire partie des premiers centres à s’équiper en machine NGS à 3000 échantillons par jour avec en plus la séquence de chaque virus détecté permettant de suivre les chaînes de contamination. ( la FDA vient d’approuver la machine de la firme Illumina dédiée à cela. D’autres suivent ).
Contrairement aux mesures prises dans d’autres pays, nous gaspillons en effet notre temps de répit post pic épidémique à ne pas organiser de dépistages massifs en population asymptomatique pour écraser la circulation virale.
Les alertes de Pékin et Rome ne sont pas entendues. Les premiers symptômes d’alarme en Grand Est dont la Marne ne conduisent pas plus à une prise de conscience de l’ampleur et de l’urgence de l’effort à faire.
Dans le Grand Est, il y a eu 23 hospitalisés pour covid19 dont 3 en réanimation le lundi 15 juin. Aucun en Champagne-Ardennes, la plupart dans le Haut-Rhin. Au total 400 nouveaux cas dépistés en France dont 114 hospitalisés. Ce qui veut dire qu’on détecte surtout des cas symptomatiques sérieux. Deux leçons claires: A) le virus circule toujours à un niveau notable, pré-épidémique. B) C’est là où il y a eu un pic épidémique important lors de la première vague qu’il recircule le plus: en Alsace, en Moselle et en région parisienne. Il n’y a donc pas d’immunité suffisante de la population même dans ces zones. Tout au plus y prendra t il peut être une forme rampante chronique plutôt que de pic aigu.
Si le virus ne s’efface pas de lui même, nous paierons inévitablement notre indolence sous forme de foyers nécessitant au minimum des mesures locales contraignantes et désagréables.