COVID19: nous avons encore perdu une bataille, mais il faut poursuivre la guerre

Jacques HM Cohen 21/09/2020

Sur les ondes de RCF: https://rcf.fr/actualite/encore-une-bataille-perdue-mais-il-faut-continuer-combattre

La dynamique de pic épidémique est enclenchée dans plusieurs régions de France sans qu’on puisse savoir si les autres suivront de façon identique, avec une courbe  plus aplatie, ou si les régions les moins denses échapperont à tout phénomène épidémique. La politique gouvernementale semble une agitation frénétique obsédée par le nombre de tests effectués, et par le refus par phobie ou oukase de mesures de restrictions sociales sérieuses gênant l’activité économique. 

dashboard 22 9 2020

carte des hospitalisations le 22 septembre

Il est déjà trop tard pour éviter un pic à Paris Lyon et Marseille, même si un confinement du type précédent y était mis en place dès maintenant. Ce qui est farouchement refusé. A partir d’une certaine prévalence virale, le gel de la zone concernée peut éviter la diffusion du virus au delà mais le pic épidémique y poursuit son cours sans grande influence du confinement. Comme on a pu le voir dans certaines villes d’Italie du nord et à New York. 

A refuser confinements ou bouclages localisés, comme des mesures plus sélectives concernant les transports et activités sociales, le gouvernement s’enferme au contraire de son but. Il ne lui restera comme carte politique que le confinement généralisé en réaction au débordement des services de réanimation s’il a lieu.  Et il ne servira plus à rien s’il tarde trop. Sauf en zone peu dense retardataire sur l’épidémie.

La course à l’échalotte du nombre de tests réalisés.

Nous avons déjà vu dans des sujets récents de ce blog combien nous sommes en retard, de générations de tests, de méthodes de prélèvement, de logistique d’amont et d’aval des tests. 

Et aujourd’hui plus encore de doctrine d’usage.

Après une période d’euphorie bien mal placée où on a pensé avoir assez de tests pour permettre à quiconque en avait envie d’en bénéficier, un retour à des indications sélectives est annoncé. Il faut en effet se demander des tests pour quoi faire ? Au risque de surprendre voire choquer, en diagnostic d’un cas symptomatique ils sont peu utiles. Surtout avec leurs 20% de faux négatifs liés au prélèvement nasal profond. Ils peuvent être utiles au diagnostic différentiel couplé à la détection d’autres agents infectieux. En dépistage des positifs, tout particulièrement asymptomatiques  parmi les sujets contacts, ils sont essentiels pour encercler et étouffer les foyers épidémiques ( devenus clusters en français moderne ). A partir d’un certain développement de l’épidémie, cette traque devient illusoire: tout le monde ou presque devient suspect quand le nombre de positifs devient tel que chacun ou presque en côtoie sans cesse..

Il n’est que de voir la politique des quarantaines s’effilocher et se déliter pour comprendre comment nous tentons de faire croire que nous menons encore une bataille déjà perdue.  Le point critique en est la définition des sujets contacts et leur quarantaine.  Le protocole scolaire se rétrécit à ne plus fermer de classes où on a vu un sujet contact car il n’en resterait plus ouvertes..

La mise à l’écart des sujets contacts prend un allure quasi symbolique devant la réduction de leur quarantaine à une semaine. Ce qui revient, en l’absence de test à J7 comme pratiqué en Allemagne, à délibérément ne plus couvrir la moitié au moins de la période contagieuse. Le motif officiel étant le non respect des quarantaines de 2 semaines !!! L’incapacité à tester en temps utile en serait une cause plus réelle et même plus honorable que la capitulation pure et simple pour ne pas vexer ceux des mis à l’écart qui trouvent le temps long.

L’OMS a pris une position très ferme compte-tenu de son langage, opposée à l’attitude gouvernementale française:

« Notre recommandation de quarantaine de 14 jours a été basée sur notre compréhension de la période d’incubation et de la transmission de la maladie, nous ne la réviserions que sur la base d’un changement de notre compréhension de la science, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent », a insisté Catherine Smallwood, en charge des situations d’urgence à l’OMS Europe.

Les média hexagonaux ne semblent pas encore en avoir pris la mesure vu le peu d’écho qu’a reçu cette prise de position publique.

La catégorisation des priorités des tests est laissée aux labos d’analyse voire aux impétrants eux même. Sans même exiger une ordonnance, fût elle de télémédecine. De toute façon, les médecins qui pourraient prescrire ces tests ont été informés par un mail général de la DGS direction de l’offre de soin, qui envisage différentes catégories, mais oublie la plus cruciale: les contacts asymptomatiques, potentiels porteurs et contaminateurs subreptices !!  

Que faire maintenant?

Dans quelques jours pour Paris, Lyon ou Marseille, et quelques semaines pour la plupart grande partie urbaine du pays, la chasse aux contacts n’aura plus grand sens. Nous pourrions reconvertir notre potentiel de test en barrière de protection par filtrage des entrées dans les lieux de travail et d’enseignement qui ne peuvent être dématérialisés, et surtout autour des ehpad et des personnes fragiles. Il faut pour cela mettre à niveau nos méthodes de prélèvements et passer à des tests en une heure. Pour ensuite en Janvier se déplacer à nouveau pour des campagnes géographiques d’éradication de la circulation virale silencieuse post seconde vague comme nous n’avons pas su le faire après la première vague. Il faudra là faire reprendre du service aux très gros automates avec réponse en 24h à l’instar de ce que vient de développer la ville de New York en confiant à une firme de robotique la mise en place d’une structure à 200 000 tests jour.

Les conséquences du retard aux mesures de distanciation sociale, confinements et bouclages localisés.

Lors de la première vague, on a vu comme le virus a été tué par le confinement là où il n’avait pas atteint une masse critique épidémique de survie. Il a sans doute été également imparfaitement écrêté dans les zones de pic épidémique. L’épidémie a été tout à fait différentiée selon les zones géographiques, avec finalement des zones de pic limitées à 10-15% de la population. Notre mortalité globale de 450/Mh recouvre en fait de grosses disparités. Nulle part nous n’avons atteint le plafond de verre de 1800/Mh de la Lombardie ou de New York. Sans doute au moins en partie grâce au confinement même déjà tardif. Si l’on rapportait le « plafond de verre » des pire pics à la population française, on attendrait 120 000 morts en seconde vague. Fort heureusement, les zones suffisamment denses du territoire ne comportent qu’un tiers environ de notre population. L’amélioration des soins devrait également réduire la mortalité. Mais si nous refusons tout confinement jusqu’au bout, nous pourrions avoir en seconde vague une mortalité entre 1.5 et 2 fois celle du premier pic dans les nouvelles zones d’emballement épidémique . Il faut espérer que la raison prévaudra sur l’illusion du « vivre avec le virus » et que des mesures sociales finiront par être prises. Le plus tôt serait le mieux car le plus efficace.     

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