Covid19: météo virale, progrès et limites vaccinales

Chronique du 07 mai 2021

Sur les ondes de RCF: https://rcf.fr/embed/2640576

Jacques Cohen, bonjour.

Bonjour.

Avec vous on évoque la Covid-19, on continue de voir l’évolution de cette pandémie. Et notamment vous voulez nous parler de la météo, mais non pas celle qu’il y a dans le ciel, mais de la météo virale, JC.

Absolument, car la grande ressemblance c’est qu’on ne voit pas très loin la météo virale. Un peu comme la météo tout court. Ce qu’on voit par la fenêtre on en est sûr, pour le lendemain on a quelques idées, mais l’horizon n’est pas très loin. Alors, on constate que l’épidémie régresse en France, de façon variable, il faut être prudent. Puisque par exemple à Nice cela dégringole à toute vitesse, mais dans le Vaucluse cela ne bouge pas du tout, et en Île-de-France cela descend lentement. L’important c’est de voir si on va enfoncer le plateau.

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Le soleil après les vagues sanglantes ?

En effet depuis septembre, jamais les pics ne sont redescendus en dessous de 25 000 hospitalisés par exemple, parce qu’en fait nous sommes sur une situation de plateau avec de la houle et nous avons déjà eu au moins 4 pics. Donc là on descend, et toute la question est de savoir si on va enfoncer cette barrière de ce qu’il y a eu comme creux entre chacun des petits pics, entre chacune des vagues de houle précédemment ou si nous allons descendre correctement jusqu’à ce que le virus disparaisse ou du moins jusqu’à un certain niveau. Les planchers à observer sont le total de hospitalisés ( 25000 ), les nouveaux hospitalisés ( 1000/J ) et les décès (225 ). Ou bien si on contraire on va avoir à nouveau des bosses et de la houle, donc cela on le saura dans 3 semaines à peu près.. Auparavant, bien malin celui qui peut le dire ou le prédire, il n’y a aucun élément pour en être certain.

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Hospitalisés en France. La barre des 25000…

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Hospitalisés à Mulhouse. Ce n’est pas l’immunité collective qui fait descendre le stock d’hospitalisés: puisqu’ici une forte première vague devrait la faire atteindre en premier et qu’au contraire l’épidémie baisse lentement.

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Dans un autre site de forte première vague, l’épidémie baisse moins vite qu’ailleurs..

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Dans le Vaucluse un plateau depuis mi décembre

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Tandis qu’à Nice, un très long plateau au sommet de la courbe des hospitalisés, finit par une descente brutale. Sa pente va t elle s’infléchir ou le virus disparaître?

D’ici là, JC, avant ces prédictions on imagine qu’il y a tout de même d’autres moyens de pouvoir prévenir cette pandémie de Covid-19 ?

En effet, outre la vaccination dont on va bientôt parler et qui est quand même notre principale arme, nous n’utilisons pas les dépistages massifs, nous n’utilisons pas l’isolement des sujets positifs. Et dans une épidémie dont l’essentiel est souterraine, puisque la plupart des gens ne sont pas symptomatiques et qu’en plus même les symptomatiques sont contagieux avant d’être symptomatiques, dans une épidémie de ce genre, les mesures de confinement mou que nous utilisons ont un effet certain sur la vie des gens, cela pourrit sérieusement la vie des gens et cela dégrade l’économie. Mais l’effet sur l’épidémie me semble extrêmement douteux, on peut le constater quand on regarde l’évolution des pics à un endroit donné et les mesures prises. Et on peut se dire qu’en fait le virus fait ce qu’il veut et nous verrons bientôt si le virus a choisi de partir définitivement, de prendre de grandes vacances ou s’il va se contenter de 3 jours de RTT, mais pour l’instant personne ne peut le prédire même avec une boule de cristal.

JC, le virus fait ce qu’il veut, le virus continue de se balader. Comment savoir comment il peut évoluer de fait ? Parce qu’on commence à avoir des petites idées quand même.

Et bien, dans la mesure où nous ne pratiquons pas les politiques de dépistages massifs ni les politiques d’isolement, notre seule arme sérieuse c’est la vaccination. Alors il y a là de bonnes et de mauvaises nouvelles, les bonnes c’est que cette vaccination est, même individuellement, extrêmement efficace sur les souches qui circulent pour l’instant. Les moins bonnes nouvelles c’est que la politique choisie de vacciner beaucoup de gens avec une seule dose réduit la diffusion virale de moitié, mais cela veut dire dans l’autre sens que la moitié des gens restent tout à fait susceptibles.

Effet et limites de la vaccination

On a également plusieurs éléments d’après les études en vraie grandeur des deux pays qui ont vacciné massivement qui sont Israël et les Seychelles. Donc en Israël on a vu que la protection est excellente, mais on commence à voir quelques cas où les variants passent à travers, pour l’instant dans des échelles qui ne sont pas énormes, et d’autre part, avec une gravité qui est réduite, c’est déjà quelque chose de très important. Les Seychelles c’est un tout petit pays, c’est 100 000 personnes, mais c’est très informatif. Parce qu’ils ont autant vacciné qu’en Israël sur le raisonnement « nous voulons maintenir notre économie basée sur le tourisme et nous vaccinons tout le monde, moyennant quoi nous devrions bloquer le virus ». L’ennui c’est qu’ils sont confrontés, j’allais dire d’emblée, à beaucoup plus de variants Sud-Africain vis-à-vis desquels les vaccins sont moins efficaces, et d’autre part leurs vaccins sont l’AstraZeneca et le Sinopharm, donc des vaccins qui demandent un certain temps pour agir et dont l’efficacité individuelle est peut-être moindre en particulier sur ce variant. Et on constate qu’ils ont eu une épidémie importante, on était à 1 millier de cas pour 100 000 habitants, c’est quand même considérable. Et en revanche, on voit que les deux tiers de ces cas sont chez les non-vaccinés, parce que même les meilleurs élèves, Israël ou les Seychelles, n’ont pour l’instant pas dépassé les 60 % de vaccination à deux doses.

Donc on voit que la campagne qui est faite chez nous a peu de chance d’avoir la même efficacité, nous en sommes à 15 millions ou 16 millions de premières doses, c’est-à-dire pas grand-chose par rapport à une population de 66 millions. Et d’autre part, nous avons une politique un peu bizarre puisque nous devrions protéger d’abord les personnes fragiles vu le manque de doses, et on annonce largement qu’on ouvre à tous ceux qui se présenteront à temps pour piquer une dose aux vieux le jour où ils ne sont pas à leurs rendez-vous. Il faut quand même rappeler qu’un quart des plus de 75 ans en France ne sont pas vaccinés du tout et qu’un tiers des 60-75 ans ne sont pas vaccinés du tout, donc il y a là encore un trou béant et une politique plus directive sur les sujets à risques serait souhaitable parce que c’est ainsi qu’on évite la mortalité. Alors cela rejoint d’ailleurs la météo de tout à l’heure, il y a deux chiffres qu’il faut utiliser, la mortalité par jour, est-ce que nous allons enfoncer le plafond / le plancher de 225 morts par jour, et puis le deuxième chiffre c’est le nombre d’hospitalisés. Est-ce que nous allons enfoncer les 25 000 hospitalisés ? Là ce serait un signe très important d’être passé en dessous du plateau. Pour le premier, nous avons commencé à le percer, ce plateau, pour le second on ne sait pas. Cela montre quand même une efficacité de la vaccination, telle qu’elle a eue lieu.

Le futur des vaccins c’est bien sûr, d’étendre largement et puis de prévoir les vaccinations contre les variants. Et 3ème élément, de vacciner beaucoup plus soigneusement les populations à risque, les sujets qui répondent mal, etc. Donc on s’y met, mais on s’y met lentement, on s’y met en retard, on s’y met à moitié, ce n’est pas encore satisfaisant. Donc nous verrons si le virus nous laisse le temps de nous organiser comme il faut ou si sa contre-offensive nous prendra à nouveau un peu au dépourvu, en n’ayant pas préparé les choses suffisamment ou suffisamment vite.

J’allais dire JC, malgré ces inconvénients que cela peut représenter la campagne de vaccination reste la principale force, tout de même, pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 ?

Totalement, c’est notre principale force. Même s’il y a des effets secondaires, même s’il y a quelques complications graves, comparées à ceux de la maladie il n’y a pas photo. Cela sera plus délicat quand nous nous lancerons dans la vaccination des jeunes et en particulier sur la question épineuse de la vaccination des adolescents, à laquelle pour l’instant je ne suis pas favorable, mais on y reviendra une autre fois.

On aura l’occasion d’y revenir avec vous. Merci, Jacques Cohen, de nous avoir éclairés dans cette chronique santé. À très bientôt Jacques.

À très bientôt.

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