Chronique du 21/05/2021
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Jacques COHEN, bonjour !
Bonjour !
Jacques COHEN, nous avons vécu de beaux jours, même si le temps n’était pas au rendez-vous. Nous avons enfin pu nous retrouver en terrasse et vous étiez de ceux-là d’ailleurs, Jacques COHEN, cette semaine.
Je suis allé faire l’ouverture de la terrasse du Lyon à 7 heures avec vos confrères de France Bleu. Je dois reconnaître qu’avec le temps qu’il faisait, nous n’étions pas extraordinairement serrés les uns contre les autres.
Effectivement, il est vrai que l’on se retrouve en terrasse et nous avons l’impression, en tout cas sur la journée du mercredi, d’en avoir oublié tous les gestes barrière ou que nous nous sommes vites retrouvés les uns les autres tous accolés presque, j’ai envie de dire.
Il y a deux aspects. Soit nous considérons que les gestes barrière et surtout les mesures de confinement et les fermetures qui ont été faites ont une certaine efficacité, soit nous n’y croyons pas – ce qui est mon cas – en considérant que seuls les confinements durs ont une efficacité pour une maladie qui pour les 3/4 est souterraine, c’est-à-dire que les gens sont asymptomatiques.
Sur la diffusion du virus, seul le dépistage régulier pourrait fonctionner. Pour l’accès à un certain nombre d’activités, c’est un problème que nous allons retrouver parce qu’il n’y a pas que les terrasses, il y a l’intérieur, et il y a des tas d’activités où la seule solution, c’est que ne peuvent entrer que les gens qui d’une part sont vaccinés et d’autre part qui ont un test sensible négatif de moins de 4 jours.
Soit le virus s’en va, mais nous ne savons toujours pas si le virus a choisi de prendre quelques jours de RTT, de prendre des vacances ou de partir définitivement à la retraite. Nous ne le savons pas et bien malin celui qui peut le dire aujourd’hui avec une boule de cristal, mais si le virus n’a pas décidé de partir définitivement, il est sûr que recréer des lieux de rassemblement et de contact quelles que soient les précautions restantes, ne peut que lui donner des opportunités. Si nous voulons franchement pouvoir faire tout ce que nous voulons, la seule solution c’est d’être vacciné et d’avoir des tests permanents, c’est-à-dire une détection permanente 2 fois par semaine en test sensible, ou si nous voulons nous claquemurer la moitié du temps, nous pouvons choisir de ne le faire qu’une fois par semaine et nous avons 4 jours. Ainsi, nous avons tout le week-end par exemple pour aller où nous voulons : au cinéma, en boite pour ceux qui aiment ou qui sont en âge d’y aller, etc. Mais les mesures déclinées de demi-quart de 32e de mesure, j’ai un énorme scepticisme sur leur efficacité.
Justement, Jacques COHEN, en tant que professionnel de la santé, vous parliez vaccination. À la mi-mai, nous avons passé la barre des 20 millions de premières doses injectées. Jacques COHEN, comment regardez-vous ce chiffre ? Quelles sont vos impressions sur cette campagne de vaccination ?
La bouteille est toujours à moitié vide et à moitié pleine. Ce sont des premières doses. Donc au mieux, nous protégeons à 50 % et atténuons la gravité de la maladie. Vous allez me dire que c’est toujours ça, d’autant plus que nous sommes maintenant à peu près à 9 millions de doubles doses, ce qui est positif. L’autre aspect qui ne l’est pas c’est qu’il reste encore 20 % des plus de 75 ans et 25 % des 70-75 ans qui ne sont pas vaccinés du tout. Et là, il faut aller les chercher parce que ce sont les principales personnes à risques. Ensuite, en descendant dans l’âge, il reste tout de même une part du risque jusqu’à 40 ans voire trente selon le seuil de gravité retenu. Et il reste des personnes fragiles également pour certaines maladies qu’il faut aussi aller chercher. Or, j’ai l’impression que nous avons le raisonnement de vouloir vacciner tout le monde – ce qui serait bien si nous en avions les doses, mais nous ne les avons pas – et que nous oublions ou que nous avons du mal à prioriser, c’est-à-dire à vacciner principalement les populations fragiles ou victimes potentielles (les hypertendus, les gros, etc.). C’est le côté où la bouteille est à moitié vide.
Alors, on annonce aussi l’ambition de vouloir vacciner tout le monde et d’en finir avec le virus et que l’on va s’attaquer aux jeunes et c’est un peu ennuyeux parce que ces vaccins n’ont pas la sécurité des vaccins classiques comme les antigrippaux. Pour les jeunes, ce sont des vaccins totalement altruistes, ils n’ont pas de bénéfice individuel direct. Si nous voulions tout éradiquer, nous pourrions envisager de vacciner aussi les jeunes, mais là, vacciner les jeunes sans avoir fini de vacciner les plus âgés est un peu incohérent en matière de prise de risque pour les jeunes sans bénéfice clair de l’autre côté. Pour l’instant, on a dit que nous ne ferions pas comme les Allemands ou les Américains, nous ne vaccinons pas les moins de 18 ans, mais il va y avoir une pression en la matière et je pense qu’il faut y résister au moins tant que nous n’avons pas couvert correctement les populations cibles, c’est-à-dire les personnes vulnérables.
D’ailleurs, Jacques COHEN, puisque l’on parle vaccination, quel est votre regard sur les vaccins employés ? Il y a eu pas mal de débats notamment autour du vaccin proposé par Astrazeneca©, certains pays l’ont enlevé de leur liste de vaccins acceptés dans leurs pays. Que faut-il faire avec le vaccin Astrazeneca© ? C’est ma question, Jacques COHEN.
Pour les personnes fragiles, j’allais dire que la question ne se pose pas ou du moins, nous pouvons y répondre très facilement. Les risques du vaccin sont très inférieurs à ceux de la maladie. Si nous avons de l’Astrazeneca© disponible et que nous n’avons pas d’autre vaccin, c’est celui qui est à prendre. Pour ce qui est des autres vaccins, il faut constater qu’il y a une confiance aussi excessive dans les vaccins RNA qu’il y a une défiance excessive dans les vaccins à adénovirus. Ceci est curieux, mais les vaccins, c’est une affaire de confiance. La complication des thromboses cérébrales ou abdominales de l’Astrazeneca© a frappé les gens. Il y a certainement autant d’ennuis en matière d’à-coups hypertensifs, de troubles du rythme, voire d’accidents hémorragiques ou thrombotiques banaux etc. avec les RNA, mais cela se voit moins parce que ce sont des maladies plus courantes. Pourtant, nous avons d’assez bonnes raisons de penser qu’il y a tout autant d’ennuis et en particulier si nous en faisions chez les jeunes. La statistique israélienne a quand même été une douche froide : avec le vaccin Pfizer©, il y a eu 60 myocardites de moins de 30 ans. Alors, la plupart n’ont fait que quelques extrasystoles, mais il y en a 2 qui en sont morts. Ce sont des vaccins qui à mon avis devraient être donnés essentiellement aux personnes à risques, c’est-à-dire ceux de plus de 30 ans ou ayant telle ou telle pathologie, et de ce point de vue, la vaccination de toute la population est un peu une illusion. Même en Israël ou aux Seychellles qui sont dans les valeurs les plus élevées, nous n’avons pas atteint 65 %, la vaccination se situe autour de 62 et 63 %. Donc la vaccination des jeunes comme éradication du virus me parait être une illusion.
Jacques COHEN, vous l’avez dit lors de cet entretien, il faut aller vers des publics qui ne sont pas encore vaccinés. Comment faire pour aller chercher ces publics ?
Ça, c’est le lien social ! Et le lien social, tout le monde en est responsable. Chacun doit penser à ses voisins, à ses proches ou à ses moins proches justement pour penser à bien vérifier s’ils sont vaccinés ou pas, si les vieilles personnes du 3e étage qui sont incapables de faire la course sur Chronodose ou sur Doctolib ont bien eu un contact avec leur médecin pour qu’il leur propose la vaccination, etc. Cela se fait mieux en milieu rural, nous avons encore eu une histoire lamentable hier à Reims avec cette mère handicapée mentale et sa gamine trisomique qui est morte parce qu’elles sont restées toutes les 2 chez elles malades. Personne ne s’est inquiété et la petite est morte. Cela montre bien que le lien social ou la solidarité tout simplement, c’est l’élément principal pour pouvoir assurer une couverture complète de toutes les personnes qui en ont besoin.
Un grand merci, Jacques COHEN, de nous avoir éclairés à l’intérieur de votre chronique. Nous vous retrouverons très prochainement pour une nouvelle actualité. À bientôt, Jacques COHEN !
À bientôt !