CHRONIQUE du 31 août 2016 sur RCF
A.V. : Chronique d’actualité avec Jacques Cohen, on démarre une nouvelle saison. Bonjour Jacques. On va vous accompagner toute cette année 2016/2017 bien évidemment et il va se passer énormément de choses, rien que par l’élection présidentielle.
D’ailleurs, on va en parler un petit peu, puisque le sujet de l’émission d’aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui a annoncé sa démission du gouvernement. Il s’en va pour des idées présidentielles, en tout cas, il a envie de prendre la poudre d’escampette et de partir à la rencontre des « français » ?
Je crois qu’il part pour des idées tout court, pas forcément présidentielles. La solidarité gouvernementale étant quelque chose de très contraignant pour ceux qui la respectent. Il y a des tas de choses qu’il a envie de dire et qu’il ne pouvait pas dire.
On a vu jusqu’à présent les révolutionnaires, la gauche de la gauche du PS, s’exprimer abondamment, en se moquant éperdument des solidarités de majorité législative, par exemple. Tandis que l’aile réformiste a toujours été respectueuse des lignes choisies et des décisions prises, et donc ne s’exprime pas au-delà des arbitrages qui ont été faits, en sa faveur ou pas, par le président.
Donc là, maintenant, Emmanuel Macron va pouvoir détailler ou lancer des propositions, pas forcément immédiates, beaucoup plus vastes et beaucoup plus audacieuses.
Alors évidemment, après il faut faire attention, parce que cela se situe dans une période d’élections présidentielles et cela peut être confondu avec une candidature. Jusqu’à plus ample informé il n’est pas candidat. Le candidat de toute la gauche réformiste sera probablement François Hollande. Si par hasard, il se passait quelque chose d’autre, là effectivement tout resterait ouvert et c’est ce que doit avoir aussi comme raisonnement, sinon arrière-pensée, Emmanuel Macron.
Donc, c’est finalement sur l’échiquier politique, un pion qui fait un mouvement ?
C’est peut-être déjà un cavalier comme taille, mais ce n’est certainement pas une tour ni la reine.
De ce point de vue là, il a aussi des difficultés parce qu’il est jeune, non pas seulement en âge, mais il est jeune en politique. Il a, par exemple, assez largement gâché une opération bien conçue au départ, qui était de rendre visite à Philippe de Villiers. C’est passé comme une provocation, en disant « j’aime les gens de droite » ou quasiment , et « je ne suis pas socialiste ». Or, l’idée et l’image qu’il voulait donner, c’était « je rends visite à quelqu’un qui n’a pas du tout mes idées, qui d’ailleurs est un retraité de la politique, mais qui a un succès industriel indiscutable dans le domaine du tourisme et du spectacle, alors que 90 % des spectacles en France perdent de l’argent, c’est donc quelque chose à encourager », en montrant d’ailleurs, que l’on n’est pas sectaire là-dessus.
Jusque-là, l’idée était très bonne. Mais de parler d’être socialiste ou pas, en se trompant en plus entre un apparatchik socialiste ou socialiste comme conviction, et en oubliant de rappeler en même temps qu’il a toujours dit qu’il était de gauche, c’était une gaffe et donc une mauvaise réalisation d’une bonne idée. Donc il faut là-dessus qu’il soit prudent ou alors il risque, effectivement, une satellisation hors du monde politique.
Mais s’il se débrouille bien, il peut devenir une composante de la future campagne du président.
Composante, parce qu’aujourd’hui Emmanuel Macron n’a pas de parti, il n’a pas de structure, il a quelques conseillers, mais là, vous venez de souligner cette erreur de communication, puis, il est jeune, il n’a pas l’expérience non plus ?
Oui, il est souvent beaucoup plus facile de dire ce que l’on n’est pas que de dire ce que l’on est. Et de ce point de vue, quand on n’a pas l’appui d’un mouvement traditionnel et ancré, c’est encore plus facile de déraper ou de glisser sans adhérence.
Son mouvement est un mouvement non seulement jeune, mais qui n’a pas la structure d’un parti dans une situation française où la structure des partis compte énormément.
C’est différent en face à droite ?
Il va y avoir des batailles de chiffonniers chez Les Républicains sur la primaire. Parce que derrière, c’est le parti qui a l’appareil et c’est le parti qui a l’oseille, si je peux dire les choses carrément. Car c’est l’argent des contribuables, puisque la vie politique est financée maintenant au prorata des électeurs, et c’est donc un enjeu considérable.
D’ailleurs, un des points importants de la bataille des primaires à droite est de savoir si cela se termine avec un résultat admis par tous ou si cela se termine par une explosion, et à ce moment-là une bagarre extrêmement féroce pour savoir qui récupère l’appareil du parti et l’argent qui va avec.
Donc en gros, de toute façon, il y aura un bain de sang, mais soit il y a un traité de paix à la fin, soit on continue la guerre ?
C’est un aspect.
Donc, autre élément, alors là on va peut-être s’éloigner un peu d’Emmanuel Macron, mais c’est la semaine prochaine à Reims, notamment vendredi, il y a les assises du Produire en France, et là, on attend un défilé de candidats à la présidentielle et parfois, certains choix ou certaines personnes annoncées peuvent surprendre.
Ah oui, une brochette pour l’instant si elle se maintient, une brochette de Mélenchon, à Juppé en passant par Le Pen, Cécile Duflot, tout cela fait une tribu…
Et Jacques Cheminade !
Et Jacques Cheminade!! tout cela fait à la fois un très long défilé et une tribune un petit peu étonnante. Le tout à l’initiative d’une structure qui émane du monde des chambres de commerce. Mais cela montre également la bousculade. Les candidats ne renoncent à aucune tribune, quelle qu’elle soit, sauf pour l’instant le président de la République qui n’est pas candidat et Nicolas Sarkozy.
C’est étonnant d’avoir autant de diversité politique et aussi de statuts finalement, parce qu’il y a quand même des hommes et des femmes politiques qui n’ont pas la même expérience ou le même statut. Voir un Alain Juppé se…
J’aurais tendance à penser qu’Alain Juppé fait une erreur d’être à la même tribune que Jacques Cheminade.