Covid19: L’échec du vaccin AstraZeneca en Afrique du Sud, ou le rêve brisé

JHMCOHEN 8 2 21

L’essai du vaccin à vecteur adenoviral rAd26 d’astraZeneca en 2 injections sur un peu moins de 800 personnes contre placebo à effectif égal, a montré 19 vaccinés et 20 sujets contrôles infectés au delà du délai d’efficacité du vaccin. Cet échec conduit à renoncer au lancement à grande échelle en Afrique du sud de ce vaccin inefficace contre le variant local.

Les tests in vitro des autres vaccins anti spike RNA ( Moderna Pfizer ), adeno ( J&J ) ou spike recombinant ( Novavax ) suggéraient une moins bonne protection de ces vaccins contre le variant sud-africain que conte la souche standard. Le premier vaccin testé dans la vraie vie sur le terrain, celui d’AstraZeneca s’est avéré totalement inefficace. L’espoir est mince que le vaccin J&J, un peu moins mauvais in vitro, et qui va être testé, puisse conserver une efficacité utile. 

Spike_SouthAfrica_tripleRBS

Variant 501.V2 dit « sud-africain » forme trimèrique à gauche vue du dessus. A droite interaction de certaines de ces mutations avec le récepteur cellulaire en vert

Les conséquences en cascade de cet échec sont désastreuses et mettent fin à la succession de bonnes nouvelles concernant les vaccins qui tenaient du conte de fée ou de la légende dorée. Des vaccins sur 4 principes différents avaient pu être mis au point en moins d’un an d’épidémie. Aucune facilitation ni aggravation de l’infection chez les vaccinés n’avaient été constatés. Tous conféraient une protection individuelle quasi parfaite, et donc un potentiel collectif d’éradication virale rapide. Au point d’avoir fait regarder avec dédain une protection individuelle à 50-60% pour un vaccin virus entier inactivé au Brésil, niveau d’activité encore satisfaisant pour une protection collective soit dit en passant,  dont on peut penser rétrospectivement qu’il avait déjà été confronté au variant local. 

Pourquoi l’échappement d’un variant aux vaccins est il désastreux ?

Au stade de l’épidémie d’émergence de variants multiples, tous les vaccins basés sur le seul spike de la souche classique, quel qu’en soit le type, rna vecteur viral ou protéine recombinante, vont être obsolètes avant même d’avoir été largement administrés. On pourrait penser qu’il s’agit d’un simple incident qu’on pourra parer en introduisant les variants découverts au fur et à mesure dans une ou des injections de rappel. Malheureusement, cela parait peu probable pour les deux catégories de vaccins qui courent en tête, RNA et vecteur adenoviral: ces derniers pour inefficacité par immunisation contre le vecteur et les premiers pour la montée probable de leurs effets secondaires devenant prohibitifs au fil des injections comme suggéré par leurs études de phase 2 ayant conduit à se limiter à 2 injections. Seuls les vaccins inertes adjuvantés, virus entiers ou protéines recombinantes permettent des injections répétées aussi souvent que nécessaire.

En fait l’inconnue majeure est de savoir si les vaccins virus entier inactivé procurent une protection suffisante par leurs autres composants quand leur spike est pris en défaut. Dans les cas de la grippe et de la polio la réponse serait négative. Mais pour d’autres virus, c’est tout à fait le cas. Pour le sars-cov2 rien ne peut remplacer l’étude de terrain ou le désormais prohibé volontaire sain pour en être certain. On devrait avoir des indications par les tests in vitro. Mais les chinois, les mieux à même d’en obtenir vu leur large population vaccinée avec ce type de vaccin, régulièrement calomniés par des medias occidentaux hostiles, y compris sur leurs vaccins, ne publient plus guère leurs données rapidement. Les réservant sans doute à une offensive géopolitique via l’OMS qu’ils n’entreprendront que lorsqu’ils auront ce résultat, mais aussi une logistique permettant des exportations après une couverture satisfaisante de leur population urbaine. 

La fin d’une illusion

L’espoir qu’une immunisation générale cette année allait enfin nous débarrasser du virus tombe à l’eau. Nous savions certes qu’une protection mondiale, qui n’était pas pour demain la veille, serait seule à même d’éradiquer la bête. Mais les taux de protection individuelle permettaient de penser que la population des pays développés, vaccinée la première, ne verrait plus circuler de virus et qu’une fois à l’abri nous pourrions ensuite offrir des vaccins  aux pays en développement via le programme COVAX de l’OMS. Il faut en rabattre et considérer que la bataille est dès maintenant planétaire et que des vaccins couvrant non seulement les variants actuellement connus mais d’autres changements du spike qu’on peut prédire in-silico sont à développer. Et si comme pour les autres coronavirus humains, l’immunité conférée par le vaccin est brève, l’éradication du virus ne pourra être réalisée que par une campagne mondiale coordonnée. 

Les conséquences françaises immédiates

Nous devons continuer à vacciner au plus vite avec des vaccins protégeant de l’épidémie en cours la population vulnérable. On peut envisager de ne pas tenter de vacciner toute la population jeune et sans risque avec des vaccins qui seront plus ou moins vite pris en défaut, pour ne pas gaspiller les 2 cartouches de l’usage d’un vecteur adenovirus, ou celles d’un vaccin RNA dont la formulation actuelle ne permettra pas des administrations itératives. Mais il sera difficile d’expliquer, que compte-tenu du faible risque de la maladie à moins de 50 ans sans facteur de risque par exemple, il vaut mieux attendre la génération de vaccins suivante, multivalents, capable d’éradiquer la circulation virale. Instruite par l’affaire des masques, la population française risque de penser très majoritairement que c’est faute de doses de vaccins à leur injecter qu’on leur sert cette tactique dilatoire.  

On ne peut s’empêcher de penser par anthropomorphisme, que non content d’en faire à sa tête, ce virus farceur se paie la notre.

JHM COHEN 8 2 21

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