Vaccins covid19 : en dehors du RNA point de salut ?

Chronique du 17 septembre 2021

Sur les ondes de RCF: https://rcf.fr/actualite/chronique-dactualite?episode=6938/embed?episodeId=149813

Jacques bonjour.

Bonjour.

Jacques, on va s’intéresser au vaccin contre la Covid-19 avec d’abord un débat : faut-il recevoir la 3ème dose ou non ? C’est vrai qu’on en discute pas mal ces derniers jours.

Alors, on peut voir aussi quelle dose pour qui, parce que pour l’instant le débat est de faire une 3ème dose avec plusieurs options. L’une, c’est de faire immédiatement à tout le monde une 3ème dose de vaccin RNA, j’allais dire de première génération. C’est la position qui est défendue par le président des États-Unis avec des vagues parmi les deux administrations FDA et CDC parce qu’« à tout le monde » ce n’est peut-être pas totalement idéal, et en plus pas totalement nécessaire.

vaccin russie

Malgré un dessin menaçant, l’article de la revue « expert » est très favorable à la vaccination. Son titre est « qui sauvera? » https://www.courrierinternational.com/une/vu-de-russie-vaccination-qui-sauvera-lhumanite

L’OMS dit qu’on ne voit pas l’intérêt et donc qu’il faudrait plutôt fournir les pays qui ne sont pas vaccinés. D’autres pays ont choisi de faire à peu près comme la proposition du président des États-Unis, dont notre pays, enfin ce n’est pas tout à fait fixé, mais ce n’est pas proposé au-dessous de 65 ans pour l’instant. On a en fait pas mal d’incertitudes parce que l’étude scientifique Covboost anglaise pour tester l’efficacité de tel ou tel vaccin en rappel n’est pas finie. On est dans une situation en plus où l’on voit que l’une des firmes a demandé cette autorisation, c’est Pfizer, tandis que Moderna se prépare à un vaccin mixte Covid-Grippe – ce qui, là, me parait un peu étonnant, parce qu’autant on peut accepter les complications des RNA pour le Covid, pour la grippe ordinaire pas les grippes graves, c’est quand même tout à fait incertain – et donc on se retrouve avec des discussions selon les pays sur « tout le monde ou les plus de 65, etc… », et puis le problème qui est sous-tendu qui est : que fait-on chez les jeunes ? Parce qu’il y a une logique qui a été suivie dans certains pays comme le nôtre qui est « la vaccination totale est la seule solution d’immunisation et d’éradication du virus ». Ce n’est pas tout à fait la seule possibilité, surtout si on a un tonneau des Danaïdes et qu’on n’est pas capable de maintenir une immunité durable, cross réactives sur les différents variants, etc…

JC, vous posez des questions, mais quel est votre sentiment de médecin, finalement ? Alors, faut-il injecter une 3ème dose chez les jeunes, par exemple ? Faut-il vacciner tous les jeunes ? Comment faut-il procéder ?

Alors, là aussi on a un problème qui est qu’on raisonne ces temps-ci un peu comme autrefois à la caserne. À la caserne, tu arrives, tu discutes pas,  tu tends ton bras, tu es piqué. On pourrait quand même se demander si des gens déjà immunisés fortement ont vraiment besoin d’une 3ème dose et si cela ne risque pas de leur être néfaste. De même la revaccination systématique des anciens malades est assez dogmatique. Donc on pourrait très bien faire des tests pour voir, et au contraire se précipiter sur ceux dont l’immunité descend trop rapidement, parce qu’il y a des gens qui s’immunisent très mal, surtout parmi les personnes âgées, mais pas seulement. Je pense que j’aurais une attitude beaucoup plus pragmatique sur les revaccinations, il m’arrive de faire revacciner des gens dont j’ai vu qu’ils n’avaient pas d’anticorps ou très peu, voire d’essayer d’obtenir qu’ils aient des anticorps prophylactiques, puisque maintenant il y a des anticorps qu’on peut injecter une fois par mois.

Et puis dans l’autre sens pour les jeunes, je vous ai déjà dit que je suis très réservé sur la vaccination au moins des jeunes garçons. Je pense qu’il y a une coupure à 30 ans et que le risque de la maladie avant est infime hors facteurs de risque. Chez eux, le risque des vaccins RNA, et d’ailleurs aussi des vaccins adénovirus, mais on en emploie très peu, n’est pas négligeable et si l’on n’est pas capable de viser une éradication du virus, mais qu’il faut protéger les plus vulnérables, là le jeu n’en vaut pas la chandelle. Alors, nous allons voir dans peu de semaines maintenant les incidents de cette vaccination chez les jeunes, parce qu’elles surviennent à partir du J-4 de la seconde injection. Donc, si j’ose dire, à la première injection chez les jeunes tout s’est bien passé, maintenant nous allons voir ce qui se passe ensuite.

JC, cette chronique c’est aussi l’occasion d’aborder le sujet des nouveaux vaccins qui arrivent sur le marché contre la Covid-19. Parce qu’on sait qu’il y a des laboratoires qui sortent maintenant leurs vaccins un peu plus tard que les premiers qui les avaient sorties, Pfizer, Moderna, etc…

Alors effectivement les vaccins qui sont sortis les premiers sont ceux qui ont été les plus rapides à faire, donc les RNA et les adénovirus avec un succès considérable, il faut bien le dire, des deux côtés, mais un succès temporaire, c’est-à-dire un succès sur la première vague. Quand on regarde au-delà, on est plus sur un schéma d’urgence où il faut absolument vacciner très vite les gens. Nous devrions maintenant être à faire des vaccinations qu’on espère être durables. Et pour cela, des vaccins qu’on peut administrer 36 fois sans effets secondaires majeurs qui sont les vaccins tués, virus entiers ou bien des protéines recombinantes, c’est quand même beaucoup mieux. Et malheureusement, on s’est laissé enfermer, et nous ne sommes pas les seuls, à n’avoir que des vaccins RNA en France, plus un vaccin adénovirus : le Johnson & Johnson qui d’ailleurs est le produit de Janssen un labo belge. Ce vaccin est loin d’être le meilleur, et il a, par exemple, beaucoup plus d’effets secondaires dont des syndromes de Guillain-Barré parce qu’il est beaucoup plus dosé pour n’être donné qu’en une seule injection, et en plus il n’immunise pas très longtemps non plus. Donc là, on est un peu embêté et aux États-Unis, je pense que la FDA se mord les doigts d’avoir envoyé promener Novavax qui est arrivé le premier avec un vaccin à protéine recombinante, donc un vaccin subunitaire et à qui on a dit « Vous savez, on est déjà servi, on a du RNA, on a de l’adéno, revenez dans quelques années, on verra bien ». En gros, on ne les a pas encouragés alors qu’ils auraient été les seuls à pouvoir produire très vite. Il y en a d’autres qui sont développés, mais qui ne sont pas disponibles. Par exemple, les Cubains ont fait quand même deux vaccins qui sont des protéines recombinantes donc des vaccins tués, qui sont donc inertes et qui sont faits d’ailleurs selon un schéma à trois injections. On peut remarquer pour les vaccins tués que le schéma traditionnel est à trois injections, c’est-à-dire un intervalle d’un mois puis la seconde injection, et le double de cet intervalle entre les premières piqures et la 3ème, c’est-à-dire J-90. Avec ce schéma on immunise tout le monde et on immunise durablement.

Mais les Chinois ne l’ont pas adopté au début. Il faut se rappeler que c’est eux qui ont lancé les premiers les vaccins et ils étaient coincés à vouloir faire une vaccination rapide et qui économise des doses pour pouvoir en donner au plus grand nombre possible. Et ils ont choisi ce schéma deux fois à 3 semaines d’intervalle qui est un schéma classique chez la souris, pour évaluer l’efficacité des injections, ce n’est pas un truc pour observer ce qui se passe au bout d’un an ou deux. Et il y a des tas d’exemples de vaccins pour lesquels on sait qu’il faut faire trois injections, et si on comparait les vaccins virus entiers à 3 injections aux autres vaccins, je pense que cela leur serait très favorable sur la durée. On va voir également puisque les Britanniques ont abandonné le vaccin Valneva à virus entier tué, alors que ses essais sont encore en cours, dont l’essai en 3ème injection. Et donc, nous verrons si cet essai est finalement très favorable.

JC, avant de conclure votre chronique dans ce magazine, quelles places vont pouvoir prendre les vaccins traditionnels de fait ?

A long terme je pense que par rapport à la première génération de RNA, ils devraient reprendre toute leur place. Si les RNA obtiennent une nouvelle formulation, je ne rentre pas dans les détails, mais conduisant à une meilleure tolérance, les RNA sont plus faciles à faire. Pour l’instant, il y a un peu un raccourci, tout le monde dit « les RNA ont bien marché, les RNA marcheront et on va refaire des RNA ». Je pense qu’il y a un certain nombre de limitations et que les développements de nouvelles technologies utilisant du RNA, ou de l’ADN d’ailleurs, vont prendre quelques années quand même pour être matures. Donc, je pense que les vaccins traditionnels et leurs adjuvants, vous savez que je travaille là-dessus, vont revenir au premier plan.

Et je pense qu’on aura l’occasion d’en reparler, JC, puisque cette affaire est partie pour durer avec les vaccins contre la Covid. Merci de nous avoir éclairés aujourd’hui et à très bientôt professeur.

À très bientôt.

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