Il pleut cette semaine des médicaments anti covid ! Trois d’entre eux ont fait la preuve d’une efficacité, préventive dans 2 cas, curative des formes sous oxygène pour la troisième pilule. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on va pouvoir en donner à tout le monde dès demain. Nous allons voir les progrès réalisés et ce qui reste à déterminer. Tout en soulignant l’immense avancée qu’ils représentent. ( que j’avais annoncée en août )

Gélule…..vide !
Le progrès c’est que tous ces produits ont pu obtenir une preuve significative d’efficacité chez l’homme. Mais sur de petits effectifs et donc sans étude sérieuse de leurs effets secondaires et de leur rapport coût/ bénéfice pour n’importe quel sujet. En revanche, l’efficacité démontrée encourage à les administrer dès que possible chez les sujets à risque de formes graves.
Deux produits à prendre précocement
Molnupiravir LAGEVRIO ( Merck )
Il s’agit d’un inhibiteur ribonucleosidique interférant donc dans la synthèse du génome viral et comme tel gênant sa replication.
PF 07321332 + ritonavir PAXLOVID ( Pfizer )
C’est un inhibiteur de la protéase virale qui clive un précurseur polypeptidique en protéine active. Il est associé à un produit connu comme actif contre le virus HIV le ritonavir qui est un inhibiteur de protéase également mais qui ici semble utilisé pour allonger la durée de vie de l’antivirus spécifique du Sars-Cov2. Le ritonavir lui-même n’est pas dénué d’effets secondaires.
Dans les deux cas il s’agit de simples comprimés à prendre 2 fois par jour. L’efficacité revendiquée par le produit de Pfizer ( 89% d’évitement des formes graves ) est légèrement supérieure à celle du produit de Merck, mais il s’git d’un trompe l’œil car le produit Merck a été donné jusqu’à 5 jour après le début de l’infection dans son essai clinique tandis que le produit de Pfizer l’a été dans les trois premier jours seulement.
L’utilisation réellement préventive n’est pas testée et ne peut l’être avant d’avoir assez de recul sur leurs effets secondaires. Les inhibiteurs de protéase pour d’autres virus comme l’HIV ont des effets secondaires non négligeable, les rendant impropres à une prévention en population générale.
Le prix proposé est de 700$ environ par traitement en pays riche et de 20$ en pays pauvre. Les prix pour les pays intermédiaires restant en attente. Les deux firmes n’ont pas renouvelé le combat perdu des big pharmas contre les ONG pour les médicaments anti-hiv, en accordant des droits de production au consortium mis en place par l’oms pour l’accès aux médicaments dans les pays en développement.
Un produit curatif un peu inattendu
Festumatinib TAVALISSE ( Rigel Pharmaceuticals )
Il s’agit d’un produite développé pour bloquer la destruction des paquettes sanguines dans la rate en visant une enzyme ( SYK ) des cellules spléniques spécialisées, comme traitement du purpura chronique auto-immun en limitant la thrombopénie. La surprise est que cet enzyme semble employé par les cellules immunes contribuant à la gravité du covid19. Son inhibition chez les patients requérant de l’oxygène leur éviterait la ventilation artificielle et accélérerait leur guérison. Le laboratoire producteur a demandé à la FDA des USA une autorisation de diffusion en ATU dès la fin d’une phase 2 d’un petit nombre de patients, ce que l’agence US a refusé. Mais si les résultats initiaux spectaculaires sont confirmés sur un millier de patients en phase 3, le produit sera très vite largement utilisé.
La fin du cauchemar ?
D’autres produits d’autres firmes vont suivre. Et on peut espérer courant 2022 une situation de contrôle médicamenteux de l’épidémie. De la même façon que l’horrible morbi-mortalité des encéphalites herpétiques a disparu à l’apparition de l’aciclovir, qui est un poison spécifique d’une thymidine kinase spécifique de l’enzyme du virus, inoffensif pour celle de nos cellules. Ou que l’infection par le VIH a été contrôlée par des médicaments, tandis que les efforts de mise au point d’un vaccin ont été infructueux. Dans l’épidémie de COVID19, les vaccins ont permis des progrès initiaux significatifs. Et les médicaments qui vont arriver ont de bonnes chances de permettre de contrôler la pandémie.