Jacques HM Cohen 13/11/22
Les reportages russes ne montrent plus le service de santé des territoires occupés ou libérés selon le point de vue, qui doivent être envahis de vrais blessés ou morts qu’on ne saurait montrer. Reste l’action humanitaire. Mais hors de la détresse absolue des zone de combat, l’action humanitaire n’est pas non plus un long fleuve tranquille à montrer, qui coule radieux et porte les barges de l’amitié entre les peuples et de la solidarité de toutes les nationalités de la fédération de Russie.
Soyons honnêtes; l’aide humanitaire occidentale peine aussi à atteindre les populations vulnérables, sa définition est parfois tout autant à côté de la plaque à distribuer des crayon comme emblème ou substitut de l’alphabétisation. Mais ici, le personnage du responsable de l’action humanitaire, narrateur dans « les pingouins n’ont jamais froid », au service d’un député ukrainien qui hors image s’en moque éperdument, semble parfois l’organisateur. Ce qui montre que les peuples russes et ukrainiens, s’ils ne sont sans doute plus des peuples frères restent néanmoins des peuples miroirs.
livraison de pelles de tranchées humanitaires..
Distribuer des kits de survie élémentaire faits de pâtes et boites de singe, est salvateur dans une ville détruite. Quand la vie reprend ses droits, la distribution sur le parking d’un magasin plutôt chic dans le contexte, genre « Grand Frais », n’a pu filmer que les quelques mendiants et pauvres passant par là. Les fous rires probable des clients n’étant pas retenus au montage…
Dans l’autre vidéo, on se rabat d’abord sur les inusables colis portés à domicile aux handicapés et vieillards à mobilité réduite. On ne voit pas ce que contiennent les colis pour les vieux, mais leur décoration fait la pub de l’action de Vladimir Orlov et de son ONG russe. Au passage, on remarque sur son site de sévères règlements de compte avec …. les communistes ukrainiens. Selon la règle groupusculaire politique bien connue qu’il est plus urgent de se peigner voire se poignarder entre proches que de combattre l’adversaire, même présumé nazi.
Le récit dérape vers le burlesque ou le surréaliste et n’aurait pas déplu à Michael Boulgakov quand l’armée russe reprend la main pour ne pas laisser le mélange habituel des différents types d’humanitaires, des bonnes sœurs aux aventuriers et espions en tout genre, batifoler sur ses terres. On remarque à son écusson qu’un des soldats qui doit porter un colis pour les caméras, est en fait responsable des contacts avec la presse. Et surtout les livraisons vont aux soldats russes ou de la République Populaire du Donetsk qui depuis le sont devenus.
Et là on peut détailler ce qu’ils reçoivent: un lot de pelles de tranchées ! Si elles manquaient vraiment l’état major n’arait pas laissé passer le reportage. Qu’il a dû percevoir comme un geste touchant et naif comme le reste du matériel: des talkie-walkies analogiques bas de gamme, chinois pour les uns et siglés d’une firme anglaise pour les autres. Tellement des jouets qu’ils ne doivent pas même être sous embargo…
Les médicaments sont du même acabit. L' »anti-angine » associe en collutoire un anesthésique de contact et un désinfectant, le « korvalol » lui est un très vieux tranquillisant somnifère originaire d’Allemagne de l’Est repris en Russie dans les années 60. Il associe un peu de menthol, de la valériane et une bonne rasade de phénobarbital pour dormir malgré les bombes !
https://eng.mil.ru/en/special_operation/news/more.htm?id=12445021@egNews
https://eng.mil.ru/en/special_operation/news/more.htm?id=12445120@egNews
Et en face, chez les gens de Kiev ?
La propagande de Kiev est confrontée à deux problèmes: a) le retrait russe de la rive ouest du Dniepr a du mal à être dépeint comme une débâcle où des troupes décimées repassent le fleuve sous un déluge d’obus et de fusées et détruisent Kherson pour ne laisser que de la terre brulée. b) Présenter l’accueil enthousiaste de la population libérée bute sur deux obstacles: une bonne partie de la population est partie et même ceux qui restent sont devenus prudents. Après être devenus russes pour toujours, il n’accordent pas tout à fait foi aux mêmes garanties d’éternité de la part de Kiev. On peut d’ailleurs noter que les russes ont pratiqué en quelque sorte une évacuation démocratique et un second référendum en laissant les gens choisir de rester ou partir. Joseph Vissarionovitch aurait fortement désapprouvé et mis tout le monde dans le train !
La ville est à peu près intacte, même le commissariat central a été laissé en bon état rideau de fer baissé ! Et les russes sont partis sans combats. Ce sont même les russes qui ont fait sauter les fameux ponts qui n’étaient qu’endommagés par les missiles US. Et s’ils ont mis hors d’usage l’usine hydro-électrique de Nova Kakhova, ils n’ont pas ouvert ses vannes en grand et inondé Kherson. Il est vrai, mais Kiev ne s’était pas étendu sur le sujet, que la rupture du barrage aurait surtout inondé la rive Est restée russe et non la ville de Kherson qui se situe sur la rive Ouest. Tous les fleuves russes ont d’ailleurs cette configuration d’une rive Ouest plus haute que la rive Est. Il suffit de se rappeler de Stalingrad….
En matière de matériel abandonné, en dehors du remorquage d’un char en panne et de quelques obus de mortier, il n’y a pas d’arsenal fabuleux à filmer.
En fait, les ukrainiens après avoir subi des pertes importantes sans gains significatifs durant le début de leur offensive, se sont tenus à distance, lorsque les russes ont décidé d’évacuer. Soit devant la destruction de leur logistique par les missiles US, soit après avoir constaté l’insuffisance de leur corps expéditionnaire devant le désastre subi lors de l’offensive ukrainienne dans la région de Koupiansk où il n’y avait tout simplement pas de troupes russes en face.
L’évacuation de Kherson laisse d’ailleurs un succès politique majeur aux ukrainiens accompagné d’un gros bémol militaire: leurs troupes n’ont nulle part remporté une victoire au combat contre l’armée russe. Leur fait d’armes le plus significatif étant la défense de Bakmout. Ce qui laisse l’interrogation de savoir si nous sommes en 1918 comme l’annoncent de nombreux commentateurs attendant l’effondrement russe après encore 2 ou 3 coups d’offensives boutoirs, ou en 1915 à l’aube de longs affrontements coûteux de part et d’autre sans résultats significatifs comme le pensent, E Musk et le Général Miley, le chef d’état-major US qui ne peut pas croire que ses collègues russes vont continuer à faire autant de bêtises que jusqu’à présent. L’évacuation exemplaire de la rive Ouest du Dniepr semble lui donner raison.
Les autres visuels n’étant pas disponibles, c’est l’accueil des populations libérées que Kiev a voulu mettre en vitrine. Avec une bavure dans le New York Times
Une image en dit souvent plus qu’on ne voudrait. En particulier comme les USA sont dans une autre galaxie loin de l’Ukraine.
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